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Bonjour, bonjour les hirondelles…

« Y’a d’l’upside », bonjour, bonjour les hirondelles, y’a « d’lupside », jusque par dessus les toits.

 

Si vous voulez faire taire les sceptiques et les raisonneurs qui s’étonnent devant des PER supérieurs à 100 dans certains segments de la cote (d’après la dernière enquête du Wall Street Journal de début juillet), ne perdez pas du temps à débattre (qui se défend s’accuse) mais clouez leur le bec avec un « y’a de l’upside » … et précisez bien qu’il se situe entre +12,7% et +14,3% d’ici juin 2015, histoire de prouver qu’il s’agit d’un potentiel évalué de la manière la plus incontestablement scientifique .

« L’upside » est une espèce de composé alchimique prodigieux qui possède la propriété de se régénérer à chaque record indiciel historique et même de s’accroître sans limite alors que les cours progressent hors de toute proportion.

« L’upside » fait table rase des critères classiques tels que l’actualisation des dividendes, le ratio endettement/cash flow libre, la marge nette, etc.

Si les niveaux de capitalisation boursière vous donnent le vertige, c’est que vous regardez vers le bas : alors levez les yeux (non pas au ciel)  et intéressez-vous à la « notoriété », celle qui porte certaines entreprises vers le firmament médiatique et boursier.

Go-Pro vient de franchir le cap des 40$ et des 7 milliards de capitalisation (pour 250 millions de chiffre d’affaires)… mais Go-Pro va créer sa propres chaine (de type Youtube) qui va générer des milliards de pages vues.

Et la « page vue », ça vaut de l’or.

Pour ceux qui auraient oublié quel gisement de profit cela représente, reportez-vous aux études de Goldman Sachs de 1999/2000 lorsqu’ils introduisaient 3 à 4 coquilles numériques par semaine (créditées du terme technique de « daubes » par les experts de « GS ») avec la perspective de faire fortune grâce à l’inépuisable corne d’abondance de la… publicité « en ligne ».

Les investisseurs s’empressent à nouveau de souscrire massivement à n’importe quelle « IPO » ayant comme moteur la « notoriété ».

Lady Gaga devrait introduire son blog en Bourse (elle a 50 millions « followers » et 500 millions de fans sur l’ensemble de la planète) ; le maillot de Lionel Messi aurait dû être coté sur les marchés à terme dès 2009 : imaginez la culbute pour le milliard d’amateurs de foot qui auraient pu capitaliser sur 3 ballons d’or et un titre (complètement usurpé, mais peu importe) de meilleur jouer du « Mondial 2014 ».

Dans l’univers boursier de 2014, une quasi start-up employant une poignée de salariés rémunérés en stock-options et réalisant le chiffre d’affaires d’une grosse brasserie dans une station balnéaire peut se mettre à valoir une demi douzaine de milliards de dollars du jour au lendemain.

Lets Gowex avait récemment atteint la capitalisation d’Air-France/KLM avant de s’effondrer et Cynk (pseudo réseau social revendiquant 1 seul salarié et immatriculé au Belize, destiné à faire le lien entre les stars et leurs fans) l’équivalent de celle d’Eurotunnel ou St-Microélectronique (avant d’être suspendu de cotation pour enquête de la SEC).

Les spectaculaires phases d’accélération des cours s’expliquent par la généralisation des « trading programs » basés sur l’exploitation systématique de tout accroissement de la volatilité haussière : un savant mélange de panurgisme quantique (au nom de la rationalité mathématique, afin d’échapper à l’écueil de la subjectivité) et de déconnection assumée avec la sphère du réel.

Et pour reboucler sur le premier paragraphe de cette analyse, « l’upside » s’accroit mathématiquement à mesure que les cours s’envolent.

Les banques centrales écrivent depuis mars 2009 le dernier mouvement du requiem de la notion de « marché efficient » tel qu’elle fut enseignée aux anciennes élites (celles qui ont présidé aux destinées de la FED et dont Paul Volker fut le dernier représentant jusqu’à l’avènement de l’ère Greenspan en août 1987).

Les marchés n’ont plus pour but de fixer la « juste valeur » d’un actif   mais d’orchestrer une hausser perpétuelle des prix (de « l’upside, toujours plus d’upside ») totalement absurde qui permet à quelques manipulateurs de cours (et d’opinion) de maximiser des stratégies de trading sur les produits dérivés, lesquels représentent désormais un encours de 750.000 milliards de $, un montant dix fois supérieur au PIB planétaire.

Le résultat de ce processus est édifiant aux Etats-Unis : Wall Street est devenu une Bourse sans épargnants, où les 1% des plus riches détiennent 82% des actions (et les 0,1% d’ultra riches près de 50% de la totalité des actifs cotés) .

A contrario, 90% d’Américains les plus pauvres ne détiennent plus que 10% des actions contre 40% au milieu des années 80 et 25% en 2007: un écrémage d’une ampleur historique !

Conclusion, plus il y a « d’upside », moins on trouve de contrepartie pour matérialiser les gains.

Le moyen de contourner cet écueil est d’une simplicité biblique pour ceux qui prétendent « accomplir l’oeuvre de Dieu »: interdire que ne s’enclenche la moindre consolidation… et s’assurer que les actifs gonflés à l’hélium atterrissent dans les poches de ceux qui sont tellement riches qu’ils n’ont jamais besoin de les revendre.

Philippe Béchade

6 réponses
  1. Marco
    Marco dit :

    L’effondrement se passe quand les riches sont trop riche pour accaparer toutes les richesses sans laisser subsistance aux 90% restant qui se révoltent (1789)
    Le luxe ne n’est jamais aussi bien porté depuis la crise 2008, la folie augmente dans l’excès de richesse et de pauvreté, malheureusement il n’y a presque que des pauvres, ceux-là forcément un jour seront suffisamment en colère pour l’abolitions des privilèges banquiers faisant jouer le casino de la bourse.

  2. BigBrownBag
    BigBrownBag dit :

    Jusqu’à quand va durer cette comédie ? Et où placer son argent ? immobilier France sur évalué de 40%, placement pépère: rendement sous l’inflation réelle, bourse : tentant, tant que les musiciens continuent à jouer… L’or ? C’est fait mais culturellement j’ai du mal et puis pourquoi faire ? Maintenant j’ai l’impression que les ricains font tous pour que la géopolitique soit leur cache misère, et que ça peut découler sur une situation explosive.

  3. Ced
    Ced dit :

    Bonjour,

    Donc, considérant que le marché n’est plus aux mains des épargnants (moins de 30% mondial ?, « 1% des plus riches détiennent 82% des actions »), pourquoi ceux ci ont été considérés comme responsables ? Le concept  » privatiser les gains, mutualiser les dettes » prend tout son sens.
    En fait, c’est comme si un gars pince les fesses d’une femme et que c’est le voisin qui prend une claque. Pas responsable mais coupable. A la prochaine crise, les 1% assumeront ils à hauteur de 82% l’encourt des pertes occasionnées ? Quelle était cette proportion en 2007/2008 ? Merci

  4. sacepe
    sacepe dit :

    Votre site est passionnant et necessaire …mais…..Votre article  » upside » est inconprehensible pour la majorité , principalement a cause de l’utilisation de sigles et de jargons inconnus des non inities .De plus le ton , qui se veut allusif, et moqueur n’est compris que des inities .
    A moins que vous ne souhaitiez parliez qu’aux inities , merci de faire quelques efforts de nature pédagogiques ..
    cordialement

  5. alain
    alain dit :

    Bonjoursoir,

    Bien que n’étant pas initié en ces choses (« économicostrategico » pas si logique) ça me donne l’envie de comprendre…de m’initié en somme ;o))

    Ma vision « psychosocio » me donne le même constat : ça pête de partout…mais pas encore partout…:o(

    Merci pour votre partage, enrichissant :o)

  6. horticalien
    horticalien dit :

    Si les sites internet sans rien dans le réel ont autant de succès sur les marchés, c’est bien parce que c’est le nouvel étalon d’Or. Parce que quand il ne restera plus rien, internet sera toujours là, comme l’Or pouvait rester avant; avant qu’on puisse en extraire de façon illimitée à 38$/grammes.

    Sur le Web il n’y a pas besoin d’employés en réalité, il suffit de coder et de regarder. Ah oui les modérateurs? Non ça aussi c’est remplaçable par la délation automatisée. Quoi d’autre? Des rédacteurs, non pareil les bénévoles ne manquent pas pour obtenir la gratification d’un rang supérieur. Internet c’est le saintGraal du business.

    Les econos, vous êtes trop vieux pour comprendre, ou trop occupés pour comprendre les faisant-riens.

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