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Analyse du référendum écossais

Les résultats

Vous connaissez le résultat : 45 % Oui / 55 % Non :

ce qui reste un score très élevé, le Oui n’était donné qu’à 35 % en janvier 2014 et 28 % en janvier 2013…

 

Voici la carte des votes :

Il est intéressant de comparer avec le résultat des européennes 2014, sachant que Conservative = droite de droite (17 %), Labour = gauche de droite (26 %), Lib dem = centristes de droite (7 %), et SNP = indépendantistes écossais, plutôt de gauche pas trop de droite (29 %) :

L’analyse des votes

L’institut de sondage Lord Ashcroft a réalisé un gros sondage pour analyser les résultats. En voici la synthèse :

Le fait le plus marquant concerne le vote par âge :

(soit 51 % sur les 16-24 ans)

On observe donc clairement un vote positif en dessous de 55 ans, et (j’ai fait l’analyse à partir des pyramides des âges…), que le oui a gagné par 51 % sur la tranche 16-65 ans, la rupture se situant à 67 ans environ.

Bref, les plus âges ont emporté la décision contre tous les jeunes et les actifs – les privant de l’indépendance et de la rente (finissante) du pétrole !

On note aussi ce résultat sur les Catégories socio-professionnelles (SEG) :

Soit :

  • Classes supérieures (40 % de la population) : oui à 40 %
  • Classes moyennes (40 % de la population) : oui à 50 %
  • Classes inférieures (20 % de la population) : oui à 45 %

Il est aussi intéressant de noter que 880 000 non-Écossais (17 % de la population du pays, dont 500 000 Anglais) ont pu voter, et ont voté non à 63 % – il n’a manqué que 200 000 voix aux Écossais pour être indépendants… En revanche, les Écossais de la grande diaspora n’ont pu voter.

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N.B. le graphe (sondage réalisé 2 semaines avant le vote donnant le oui en tête) ne montre pas les indécis.

Voici les points qui ont influencé les électeurs :

Le système public de soin (NHS), le rejet de Londres et la livre ont joué un rôle majeur. Voici les questions de principe des 2 bords :

Pouvoir décider de son avenir pour les tenants du OUI et la peur des risques pour ceux du NON ont été les points majeurs.

Voici l’étude complète :

La réaction après le référendum du Premier Ministre écossais

Alex Salmond: les électeurs ont été «escroqués» par Londres

Le débat sur l’avenir de l’Écosse s’est transformé en amère guerre de mots, dimanche, le premier ministre écossais affirmant que ses compatriotes ont été «dupés» en rejetant l’indépendance, tandis que les trois principaux partis politiques britanniques se disputaient sur la façon de mettre en place les réformes politiques promises.

Le leader du mouvement indépendantiste écossais, le premier ministre démissionnaire Alex Salmond, a accusé les politiciens britanniques de revenir sur leurs promesses de donner plus de pouvoir aux Écossais dans le cadre d’un rare pacte multipartite qui, selon lui, a joué un rôle crucial dans le rejet de l’indépendance lors du référendum de jeudi.

M. Salmond a fait ces commentaires après que le premier ministre britannique, David Cameron, eut insisté pour que le projet de transfert de pouvoirs aux Écossais soit lié à des réformes constitutionnelles au Royaume-Uni, une position qui a mis en péril le fragile consensus politique et suscité des attaques de tous les côtés.

Quelques jours plus tôt, M. Cameron et ses rivaux politiques s’étaient unis pour adopter rapidement des lois visant à transférer certains pouvoirs à Édimbourg, la capitale écossaise. Les trois partis ont signé l’engagement, qui promettait aux Écossais de nouveaux pouvoirs en matière de taxation, de budget et de politiques sociales.

Depuis, M. Cameron a déclaré que ces changements devaient se faire «en tandem» avec des réformes à la Chambre des communes pour empêcher les Écossais d’avoir leur mot à dire sur les projets de loi qui ne concernent que l’Angleterre et le pays de Galles, un grief de longue date qui est récemment revenu sur le devant de la scène.

Il a aussi déclaré qu’il ne serait pas juste d’accorder des pouvoirs supplémentaires aux Écossais sans envisager des changements similaires dans le reste du Royaume-Uni – l’Angleterre, le pays de Galles et l’Irlande du Nord.

«Des millions de personnes dans le reste du Royaume-Uni ont entendu ces débats, observé la campagne et se demandent à juste titre: Qu’est-ce qui changera pour nous? Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir les mêmes pouvoirs et les mêmes droits que ceux des Écossais?», a écrit M. Cameron dans le «Mail on Sunday».

Les détracteurs soulignent que le fait de mettre toutes ces questions dans le même panier dilue la promesse commune des trois chefs de parti, et retardera inévitablement l’échéancier du transfert de pouvoirs à l’Écosse.

«Les gens qui ont voté Non parce qu’ils croyaient à ces engagements des leaders de Westminster – ce sont ces gens qui sont les plus en colère, les plus blessés et les plus déçus en Écosse aujourd’hui», a déclaré M. Salmond à la BBC. Le premier ministre a annoncé, au lendemain de l’échec de sa campagne référendaire, qu’il quitterait son poste en novembre.

Les trois partis britanniques assurent qu’ils respecteront leur promesse, même s’ils divergent clairement concernant la question des réformes constitutionnelles.

Le vice-premier ministre Nick Clegg, qui dirige le deuxième parti de la coalition au pouvoir, les Démocrates libéraux, a déclaré que la promesse faite aux Écossais ne pouvait être conditionnelle à d’autres réformes constitutionnelles. Dans le même sens, le chef de l’opposition travailliste, Ed Miliband, a affirmé qu’il ne pouvait y avoir «de peut-être et de mais» dans le transfert promis de pouvoirs aux Écossais.

Source : www.lapresse.ca

Les nationalistes écossais ne désarment pas

Malgré leur échec au référendum, les partisans de l’indépendance se mobilisent pour parvenir à leurs fins par d’autres moyens.

Ni Alex Salmond, le chef de file des nationalistes écossais démissionnaire, après son échec au référendum, ni Nicola Sturgeon, son adjointe et successeur potentiel, ne se sont rendus, dimanche, à la messe de réconciliation à la cathédrale Saint-Gilles d’Édimbourg, à laquelle participaient plusieurs figures du non et quelques représentants du oui. Loin de tourner la page, les nationalistes, eux, sont déjà repartis au combat.

S’ils ont perdu la bataille, les partisans de l’indépendance espèrent bien transformer l’échec d’hier en succès de demain. Ils entendent capitaliser sur le 1,6 million de voix en faveur de l’indépendance. En référence aux 45 % de oui exprimés jeudi, un hashtag «#the45», censé perpétrer l’optimisme de la campagne de Yes Scotland, a vu le jour sur Twitter. Le Scottish National Party (SNP) se targue d’avoir enregistré 10.000 adhésions depuis le lendemain du référendum, ce qui représente un bond d’un tiers de ses supporteurs. De bon augure pour consolider son ancrage de principale force politique en Écosse.

Une fois le choc de sa démission passé, Alex Salmond a retrouvé sa combativité légendaire. S’il avait reconnu le verdict des urnes dès l’aube du résultat, vendredi, il n’enterre pas sa lutte pour l’indépendance. Avait-il assuré avant le scrutin qu’il n’y aurait pas de nouveau référendum «avant une génération»? Il s’empresse de préciser que cela n’engageait que lui, au moment même où il s’apprête à passer la main. Il reproche à ses concitoyens les plus âgés d’avoir privé les jeunes de leur rêve d’indépendance: les moins de 55 ans ont voté oui en majorité. Selon lui, l’évolution démographique finira donc logiquement par inverser le rapport de forces. Et d’expliquer que si un référendum est «la meilleure voie» pour obtenir l’indépendance, ce n’est pas la seule.

Quête d’une «indépendance de fait»

Le SNP a plusieurs cartes en main. Dans un premier temps, le parti au pouvoir à Édimbourg va maintenir la pression pour que Londres remplisse ses engagements de décentralisation promis juste avant le scrutin. Après leur union sacrée de circonstance, les partis conservateur et travailliste sont déjà entrés dans une guéguerre sur la question qui pourrait faire dérailler le processus. Ce qui renforcerait de fait la légitimité des nationalistes pour représenter la déception des Écossais qui se sentiraient floués. Le SNP espère ensuite gagner une majorité des circonscriptions écossaises à la Chambre des communes lors des élections législatives de mai 2015, en taillant des croupières aux travaillistes. Il croit enfin être en mesure de consolider sa domination au Parlement d’Édimbourg lors des élections régionales en Écosse l’année suivante. Majoritaire à Édimbourg, en position de force à Westminster, une fois obtenus les pouvoirs supplémentaires revendiqués, «vous arrivez à une situation d’indépendance de fait», résume Salmond. «Alors, potentiellement, vous déclarez votre indépendance», conclut-il. À croire que la consultation démocratique de la semaine dernière n’aurait servi que de répétition générale.

Source : Le Figaro

Épilogue

Pour le moment, le couperet est passé très près, comme le résume cet amusant dessin :

Mais pour beaucoup d’Écossais, les choses n’en resteront effectivement pas là – et il est fort possible que nous voyions dans quelques années une Écosse indépendante…

En attendant, cap sur la Catalogne avec un rendez-vous majeur le 9 novembre : vote (probablement positif) ou armée pour l’interdire !

 

Par Olivier Berruyer

Source : les-crises.fr

P.S. lire aussi cette analyse de Philippe Grasset : L’Écosse tentée par le “modèle écossais”

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