,

Nicolas Chéron : EURCHF – « In BNS we trust » pour un bis repetita

Nicolas Chéron, membre des Econoclastes, défenseur des 1.20 sur la paire de devises EURCHF en 2012 remet le couvert :

(DailyFX.fr) – En 2012, l’équipe DailyFX a défendu bec et ongles des stratégies d’achat à proximité des 1.20 pour viser 1.25. Ce scénario aura mis un an ou presque à se réaliser et nous pensons que la situation actuelle n’est en rien (ou presque) différente à la précédente.

Alors que le vote sur l’initiative « Sauvez l’or de la Suisse » approche à grand pas, les cours de la paire EURCHF travaillent une zone historique bien connue, le seuil plancher des 1.20 défendu par la BNS depuis 2012. Le but de cet article est de cadrer la situation fondamentale, technique, de vous donner mon avis sur ce que cela pourrait engendrer sur les marchés et enfin, quelles stratégies pourraient être mises en place sur la paire EURCHF.

Afin de clôturer tout de suite le débat, parlons du vote, référendum, initiative sur l’or. Je pense que cette échéance du 30 novembre est la raison pour laquelle les traders se posent de nombreuses questions concernant la tenue ou non du seuil des 1.20. Toutefois, je pense que quel que soit le résultat de ce vote, cela ne changera rien. Il s’agit d’un « faux débat ».

– Le Oui l’emporte

Si les suisses votent oui alors la banque centrale devra opérer un changement de politique, elle devra remanier son bilan et elle perdra de la crédibilité mais en rien elle n’arrêtera sa politique de défense du seuil des 1.20. La banque centrale devra alors vendre des devises comme le Dollar (29% de ce qu’elle détient) mais elle continuerait d’acheter des actifs dénominés en Euro pour défendre le seuil. Vous noterez d’ailleurs que cela va à l’encontre de la volonté de ceux qui ont proposé le vote sur l’Or…on appelle cela se tirer une balle dans le pied.

– Le Non l’emporte

Ce scénario semble le plus probable au vue des sondages sortis ces derniers jours. Si tel devait être le cas alors la banque se trouverait renforcée dans ses efforts, n’aurait pas de soucis de crédibilité ni de nécessité de remanier son bilan. Elle aurait alors le plein pouvoir de défendre les 1.20.

En conclusion, quel que soit le résultat du vote, cela n’aura en théorie aucune influence sur la politique de la BNS au sujet du « floor » à 1.20 CHF.

Quel est le discours de la BNS concernant le seuil plancher ?

Depuis sa prise de position, Thomas Jordan, directeur de la BNS a toujours été très clair. Cet homme de poigne a répété à de nombreuses reprises que la BNS utiliserait des moyens illimités pour défendre sa stratégie. C’est la raison pour laquelle je disais « In BNS we trust » (nous faisons confiance à la BNS).

En effet, les traders, analystes, macro-économistes font pour la plupart confiance à la FED pour sa politique de soutien des indices, à la BoJ pour faire chuter le Yen depuis des mois, alors pourquoi n’aurions-nous pas confiance en la BNS qui, en tant que banque centrale, a de nombreux outils à sa disposition pour empêcher les spéculateurs de mettre le seuil des 1.20 en danger.

Petit rappel, en plus d’intervenir directement sur le marché, violemment, avec des moyens extrêmement importants pour soutenir l’Euro, la BNS a encore dans sa manche un joker. Il s’agit du taux de dépôt négatif. Si une telle mesure devait être prise, les investisseurs sortiraient massivement du CHF et la paire EURCHF pourrait respirer.

Enfin, pour ceux qui pensent que la BNS n’aura pas à terme la puissance pour intervenir, que son bilan peut la mettre en « danger », ma réponse est très simple. Je suis d’accord avec vous mais nous parlons de court terme (3 à 6 mois) et non pas de l’hypothétique bilan de la BNS dans 3 ans, qui pourrait connaître des difficultés non négligeables, j’en ai conscience.

En conclusion, je fais confiance aux discours de Jordan, à la politique en place de la BNS, pour défendre « whatever it takes » le plancher. Un contexte d’intervention particulier Maintenant que nous avons parlé du faux débat concernant le vote, de la politique « claire » de la banque centrale, parlons trading et voyons comment nous pourrions mettre à profit le fait que la paire ne peut « techniquement pas » aller sous 1.20 ou du moins, qu’en cas d’attaque, la BNS serait là pour faire office de contrepartie afin de remonter les prix au-dessus des 1.20 rapidement.

Avant de passer en revue les différents scénarios de trading, sachez que je n’occulte pas du tout le fait qu’un conglomérat de fonds d’investissement pourrait bien s’être mis en tête d’attaquer le floor, de mettre à mal la BNS, et/ou de faire sauter les stops de millions de traders acheteurs. De ce fait, je vais exposer plusieurs scénarios possibles.

1/ Vous pensez que la BNS n’a pas les reins assez solides

En 2012 de nombreux analystes ont décrié mes analyses fortement acheteuses du floor mais la patience a payé et le seuil a tenu. Si vous pensez que la BNS n’a pas la puissance de feu nécessaire, laissez-moi vous dire que vous avez tort. Toutefois, penser qu’une attaque pourrait faire baisser les cours vivement sous 1.20 reste « envisageable ». En d’autres termes, si vous souhaitez jouer ce scénario vous pouvez placer des ordres de vente sous 1.20 qui passeraient en cas de cassure. Cela sera sans moi.

2/ Vous êtes confiant et objectif, sans crainte d’une attaque

Achat 1.201 stop 100 pips pour les investisseurs de moyen terme faible levier.

Achat 1.201 stop 40 à 60 pips pour les traders agressifs en levier

3/ Vous êtes confiant mais vous avez peur d’une attaque

Option 1 : attendre une incursion des cours sous 1.20 puis une fois les cours de retour au-dessus du « floor » achat 1.2005 ou 1.201 avec les stops proposés ci-dessus en fonction de votre profil.

Option 2 : placer un ordre d’achat conditionnel à 1.207/1.208 qui ne passerait qu’en cas de décalage des cours puissant à la hausse (ne pas oublier toutefois que ce scénario comprend le risque d’une mèche haute puis un retour des cours à 1.20 et nécessite un stop sous 1.20 malgré tout)

4/ Vous êtes confiant et vous voulez profiter d’une éventuelle attaque

Option 1 : acheter à 1.201 pour être « dedans » et placer des renforts à l’achat entre 1.19 et 1.20

Option 2 : vous croyez fortement au scénario « attaque » et vous placez uniquement des cours d’achat (en épuisette) entre 1.19 et 1.20

Vous l’aurez compris, je ne suis pas en faveur d’une invalidation de la situation actuelle et d’une décrédibilisation complète de la BNS. Je ne crois pas à une rechute d’EURCHF vers 1.15 et j’escompte bien un retour des cours entre 1.22 et 1.25 à échéance 1 an. En effet, il ne faut pas oublier dans le cadre de cette stratégie que les cours avaient végété 8 mois sur les 1.20 avant de décoller en 2012.

Graphiquement parlant pour finir

Please add a description for the image.

Nous avons ici affaire à une situation rare. Oubliez les indicateurs techniques, avancés, les divergences etc…Il y a un support, à tenir impérativement, avec un risque de mèche basse dessous (à prendre en considération). Vous connaissez donc la zone d’achat.

Quant aux objectifs, j’en retiens 4 : 1.208, 1.217, 1.24 et 1.25

L’oblique baissière que vous voyez se situe à 1.207 raison pour laquelle j’ai parlé d’un achat sur cassure de cette dernière (voir scénario 3 option 2).

Pour terminer cette analyse je ne dirai qu’une chose, simple. A vous de voir si vous avez envie de rentrer sur ce scénario présentant un risque/rendement attractif ou si vous souhaitez passer votre chemin. Rien ne vous oblige à prendre position, encore moins avec l’initiative sur l’Or. Les plus prudents attendront donc la semaine prochaine.

 

Nicolas Chéron

Stratégiste de Marché pour DailyFX.fr

Pour me contacter, écrivez à ncheron@fxcm.fr
Suivez-moi sur Twitter : @NicolasChéron

Please add a description for the image.

 

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *