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Métaux précieux : or, la correction est-elle finie ?

Après la forte correction qu’avait connue le cours de l’or en 2013, l’année 2014 aura marqué une stabilisation.

Si la production est restée quasi inchangée sur le début d’année (+1%), cela masque une hétérogénéité dans l’évolution de l’activité minière. Ainsi, la Chine a vu sa production minière croître de 15% cette année sur les trois premiers trimestres, et pourrait dépasser les 450 tonnes cette année. De leur côté, les ventes d’or recyclé ont diminué de près de 15% sur les trois premiers trimestres de l’année. Au final, l’offre mondiale devrait être en recul de 2% sur l’année 2014.

Cette modification de l’offre est très structurante à plus d’un titre. Tout d’abord, la Chine, premier producteur mondial, n’autorise pas les exportations de l’or extrait sur son territoire, ce qui réduit d’autant les quantités d’or disponibles. Ensuite, cette hausse est, aux dires même de la China Gold Association, amenée à ralentir dans les années à venir, en raison de la baisse des investissements liée au recul des prix du métal jaune, et du vieillissement des mines. Ce ralentissement est déjà constaté dans d’autres pays producteurs (USA, Afrique du Sud, Pérou), et s’accentue du fait des difficultés que connaissent les groupes miniers, qui se concentrent sur les gisements les plus rentables uniquement.

Côté demande, si le volume reste relativement stable, le glissement géographique qui s’opère depuis plusieurs années s’est poursuivi, avec une montée en puissance des pays asiatiques et des pays de l’est. La demande finale en provenance de Chine devrait, cette année encore, être la plus importante au monde, même si elle est en recul par rapport à l’année dernière. La libéralisation du marché du métal jaune par les autorités pourrait accentuer la demande dans les années à venir, de même que l’assouplissement des règles d’importation.

Par ailleurs, des questions continuent de se poser sur la demande réelle d’or de l’Empire du Milieu, certains ayant fait valoir que les volumes d’achats mesurés par le biais du Shanghai Gold Exchange placeraient plutôt la demande de ce pays aux alentours de 2000 tonnes d’or pour l’an passé et cette année. Ces assertions, jusque-là rejetées par les principaux intervenants du marché, ont cette année été avalisées par Scotia Bank, l’un des principaux intervenants sur le métal jaune, et par Xu Luode, le président du Shanghai Gold Exchange qui, à plusieurs reprises en conférence de presse, a confirmé que la demande chinoise dépassait les 2000 tonnes.

Côté investissement, les détentions d’ETF se sont stabilisées avec un recul limité à moins de 10% des encours.

Enfin, du côté des banques centrales, les achats ont légèrement reculé mais restent sur des niveaux historiquement élevés. La Russie, en particulier, a acquis de grandes quantités d’or cette année.

Mais ce n’est pas tant du côté des fondamentaux qu’il faut rechercher les mouvements de cette année et des années à venir. En effet, ce sont davantage les problématiques monétaires qui expliquent les variations du métal jaune. L’arrêt de la politique monétaire accommodante aux USA avait fortement pénalisé l’or en fin d’année dernière, les incertitudes sur une possible remontée des taux en 2015 par la FED l’ont fait remonter début 2014. Le développement d’une politique monétaire ultra accommodante au Japon et les perspectives d’un assouplissement en Europe ont également contribué à faire rebondir les cours du métal jaune.

2015 pourrait dans cette optique être une grande année pour l’or. Après la réélection triomphale de Shinzo Abe lors des dernières élections anticipées, il ne fait aucun doute que les Japonais vont poursuivre la création monétaire. L’Europe envisage de faire de même, une fois levées les réticences allemandes. Mais on verra surtout si la situation économique américaine permet une remontée des taux outre-Atlantique. Dans le cas contraire, cela pourrait être le signal que l’or attend pour repartir à la hausse.

A noter aussi que la baisse des prix du pétrole augmente les risques géopolitiques et les risques de défaut dans les pays du Moyen Orient, en Russie, mais aussi en Amérique du Sud. Un défaut, ou une résurgence des violences dans les pays arabes pourraient augmenter la demande d’or, considéré par beaucoup d’investisseurs comme un actif refuge.

Benjamin Louvet, Prim’ Finance

3 réponses
  1. Pauline
    Pauline dit :

    il n’est pas dit que la fluctuation maximale est de 20% pour tous les métaux, mais la lecture attentive de la grille montre par exemple que si le dernier cours de l’or était inférieur à 1000 dollars la fluctuation maximale autorisée (en plus ou en moins) est de 100 dollars, et si le dernier cours se trouvait dans la tranche de 1000 à 2000 dollars la fluctuation permise est de 200 dollars…

  2. Bavard
    Bavard dit :

    Le pétrole et d’autres matières premières vont continuer leur baisse durant la prochaine décennie » (L’or est l’une de ces autres matières premières citées dans l’article. L’auteur de l’article nous informe à la fin qu’il jette l’éponge et qu’il vend toutes ses positions dans ces secteurs.

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