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Quelle est la différence entre le paludisme et la déflation ? (et si la maladie s’aggrave, qui va toucher l’héritage ?)

Quelle est la différence entre le paludisme et la déflation ?

A priori, le « palud » et la déflation, c’est le même genre de fléau: une fois qu’on en est atteint, il devient impossible de s’en débarrasser.

Et l’analogie de s’arrête pas là: pour être à peu près certain d’y échapper, il faut se montrer prévoyant et s’administrer un traitement préventif (augmenter ses défenses naturelles/soutenir la demande des agents économiques).

Une fois plongé dans un milieu à risque, ne pas tenter le sort en s’exposant aux piqûres (dormir sous moustiquaire, vaporiser du répulsif/repousser les mesures d’austérité).

Et si malgré tout, le palud se déclenche, alors il faut effectivement s’hydrater copieusement.

Mais se remplir l’estomac (ou les poches) de liquidités (pour en noyer le système bancaire) ne sert à rien si l’on de rajoute pas dans la boisson des sels minéraux et des anti-diarrhéiques pour tonifier le malade et rétablir un transit normal (s’assurer que l’argent ne ressort pas aussi vite de l’organisme qu’il n’y est entré… pour aller gonfler la masse des produits financiers dérivés toxiques).

Ben Bernanke porte une responsabilité écrasante dans la crise de palud financier planétaire: il a laissé gonfler la bulle des « subprime » alors que sa mission était de contrôler l’expansion du crédit, et il a laissé un  système bancaire grisé par son avidité faire n’importe quoi.

Il s’est ensuite réjoui de voir le système financier afficher 41,7° de température, délirer à en perdre l’esprit puis se vider de ses fluides par tous les orifices : il allait enfin pouvoir venger l’Amérique des erreurs de la FED au cours des années 1.929 à 1.933 et faire ce qui aurait dû être fait à l’époque… c’est à dire pratiquer une politique monétaire ultra-expansionniste et « non conventionnelle ».

Il a achevé son mandat en prétendant « boucler la boucle » (il se voulait l’initiateur d’une extinction « en douceur » du « QE3 », les deux précédents arrêts brutaux ayant été mal vécus)… mais nous découvrons aujourd’hui que les 4 principaux banquiers centraux occidentaux se sont réparti les tours de garde et se relayent à la pompe à morphine pour maintenir les marchés sous perfusion.

Parce que tout arrêt, même « en douceur » n’est plus possible: l’état du malade se dégrade à l’échelle planétaire, il a dépassé la « phase 3 » et c’est le bon docteur Kuroda qui vient ouvrir un peu plus largement le robinet de la « perf » en attendant que « super Mario » dégaine à son tour la super-seringue.

Cela ne signifie rien d’autre sinon que le patient est en « phase 4 » (et bientôt « QE4 ») et qu’il ne s’agit plus de soins curatifs mais de soins palliatifs (les liquidités surabondantes, non seulement le traversent, mais emportent avec elles les dernières substances vitales de l’organisme infecté).

Mario Draghi va inonder les marchés de liquidités: il s’était retenu de l’affirmer de façon trop explicite jeudi après-midi lors de sa conférence de presse à Frankfort… mais face aux cris de douleur des indices européens (E-Stoxx50, DAX30 et CAC40), il avait chargé deux de ses assistants dès le début de la soirée de confirmer qu’un « QE » en bonne et due forme était au programme pour les premières semaines de l’année 2015.

Tout le monde comprend: dès que les juges de la Cour Suprême allemande, à force de harcèlement et de pressions tous azimuts, auront fini par déclarer la mort dans l’âme qu’il est  constitutionnel de recourir à la planche à billet.

D’ailleurs, à quoi bon résister jusqu’à l’ultime limite: Mario Draghi a déjà remporté la bataille de l’opinion publique (enfin celle des marchés et des médias financiers).

Ce qui n’était pas « constitutionnel » le devient sous la pression de la nécessité: c’est exactement ce qu’indiquait Mario Draghi jeudi avec sa tirade  » la BCE enfreindrait son mandat si elle ne faisait rien pour faire remonter l’inflation à un niveau proche de 2%, correspondant à sa définition de la stabilité des prix (/), ne pas respecter ce mandat serait illégal ».

Admirons ce renversement dialectique qui fait de la Cour Constitutionnelle allemande l’ennemie de la légalité à la sauce Draghi.

Admirons plus encore le fait que s’opposer à la résolution d’un pur phénomène -la déflation- par des moyens qui ont déjà prouvé depuis 20 ans leur inefficacité (Japon, USA) et « illégal ».

Ceux qui interdisent de traiter le paludisme autrement que par des injections de liquidités (en fait un mélange eau minérale + morphine) sont des « hors la loi ».

Face au constat que le traitement ne fonctionne pas: le seul remède c’est de doubler la dose.

C’est pourquoi l’arrêt du « QE3 » de la FED dans le bras droit s’accompagne déjà d’une grosse « perf » de la banque du Japon dans le bras gauche… et il est certainement prévu de longue date que la BCE devait venir introduire une sonde début 2015.

Je pencherais pour juin 2013 (annonce du « tapering »), mais cela pourrait remonter à l’été 2012 et le « whatever it takes ».

Une expression qui a fait florès et qui est désormais complétée par « autant de liquidités (+ morphine) que nécessaire, aussi longtemps que nécessaire ».

C’est programmé de longue date et probablement depuis le début de l’automne 2008: le diagnostic de l’incurabilité d’un système en situation d’overdose de dette impliquait logiquement la mise en place d’un programme de soins palliatifs (une rémission naturelle de la crise de palud aurait relevé du miracle) et sa poursuite « whatever it takes » jusqu’à l’inéluctable décès du patient.

Et la question n’est plus de savoir ce que nous prépare Mario Draghi… mais comment les rouage des nos démocraties lui ont permis, ainsi qu’à ses complices banquiers centraux (via de pseudo « marchés » financiers totalement sous leur contrôle) de nous empoisonner à coup de « QE » et de mettre la main sur notre héritage générationnel.

 

Philippe Béchade

1 réponse
  1. François
    François dit :

    Intéressante la comparaison médicale. J’aurais envie d’ajouter un élément au diagnostique : en plus du palud, le patient était déjà atteint d’une maladie grave : le cancer fiscal. Car la l’image du cancer ou une cellule dysfonctionne et se multiplie indéfiniment, on peut observer la taille anormalement important des <> mettant en péril la vie du patient (http://fr.wikipedia.org/wiki/Cancer).

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