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Quand les trappeurs commencent à transformer les murs du chalet en bois de chauffe…

L’année 2015 est entamée, les gérants actions sont déboussolées par la volatilité, les obligations souveraines se sont envolées, l’Euro vient de tester 1,1865$ (au plus bas depuis mars 2006), le ton est donné !

Bon, en fait, la première séance du millésime 2015 s’est déroulée dans des volumes tellement insignifiants que n’importe quel scénario de type « portes de saloon » pouvait se matérialiser… et ce fut bel et bien le cas sur l’Euro-Stoxx50 comme sur le S&P500.

Les planchers historiques inscrits par les emprunts long terme vendredi donnent quand même à réfléchir avec une nouvelle détente spectaculaire des rendements sur les dettes périphériques de l’Eurozone.

Les « bonos » espagnols affichent désormais à peine plus de 1,5% (1,5220%, soit -240Pts de base en 1 an) et les BTP italiens ont testé un nouveau plancher de 1,75% (-215Pts de base en 12 mois), enivrés par le fol espoir que la BCE « frappe un grand coup » avant même de connaître le résultat des législatives grecques du 25 janvier (Mme Merkel laisse maintenant entendre -via une pseudo « indiscrétion » du Spiegel- que le grecs sont libres de faire le mauvais choix de quitter le Titanic européen… avant qu’il ne sombre ?).

Nos OAT affichent 0,81% (-175Pts de base depuis le 31/12/2013) et les Bunds semblent maintenant se rapprocher d’un seuil presque incompressible des  0,50% (à 0,522%, à comparer avec les 1,98% du 2 janvier 2014)… mais le « 10 ans » japonais ne se négocie-t-il pas déjà sous les 0,33% ?

Où les investisseurs pourraient-ils encore espérer réaliser 20 ou 25% de plus values supplémentaires en 2015 sinon sur les T-Bonds US qui offrent encore près de 2,2% de rendement (soit presque autant que le cumul des Bunds et des OAT 2024), ou le « 10 ans » portugais (2,4%… sur un marché hyper étroit) ?

Pour la 5ème année consécutive, les stratèges martèlent que le rendement se situe du côté des actions, que les banques centrales vont continuer de tout faire pour les « reflater » (orchestrer le gonflement de la bulle boursière la plus insensée, la plus déconnectée de  toute réalité économique de l’histoire du capitalisme).

Mais écoutez ces mêmes stratèges « affiner » leurs conseils pour 2015: qu’il s’agisse de Goldman Sachs (dès octobre dernier), de JP Morgan (qui gère à elle seule 36% de tous les actifs rachetés par la FED depuis octobre 2008), de Morgan Stanley (qui gère le second portefeuille de dérivés aux Etats-Unis)… la ligne de conduite est unanime.

« Les marchés US sont désormais correctement ou chèrement valorisés, la croissance des profits ne sera probablement pas plus considérable en 2015 qu’en 2014 » (une envolée apparente qui fut surtout dopée par des « effets de base » positifs par rapport à 2013), alors, il faut concentrer le tir sur les entreprises qui ont déjà dévoilé ou manifesté la ferme attention d’accroître le volume des rachats de leurs propres titres (les « share buyback »).

Autrement dit, inutile de se perdre dans des calculs alambiqués et des paris sectoriels incertains concernant les profits, les marges, l’impact combiné des rythmes de croissance dans les diverses grandes zones économiques planétaires, le taux de rotation monétaire (qui ralentit et préfigure une récession aux Etats-Unis malgré une hausse fictive de 5% du PIB),  il suffit de se laisser porter par la vague des rachats de titres, le plus souvent à crédit (puisque les liquidités sont gratuites et disponibles en quantités illimitées).

Les entreprises -tels des trappeurs des temps modernes dont la raison d’être est la chasse aux bénéfices- ont épuisé leurs réserves de bois pour l’hiver (les profits présents et futurs), elles ont déjà brûlé les meubles (carbonisé les salariés, les surcoûts industriels , haché menu les montants fiscaux) et voilà qu’elles se mettent à débiter les murs du chalet en bois de chauffe.

Tant qu’elles peuvent entretenir -à crédit- la flambée dans la cheminée, les actionnaires et les dirigeants qui se tiennent à proximité de l’âtre continuent d’ignorer la morsure du froid (de la déflation)… mais si l’hiver économique se prolonge, il ne restera plus rien à brûler, il n’y aura surtout plus de chalet, sa structure toute entière ayant été transformée en dettes irrécouvrables.

Ph.Béchade

1 réponse
  1. BA
    BA dit :

    Que nous apprend l’Histoire à propos des constructions supranationales ?

    Réponse :

    1- Au début du cycle, il y a des nations, des nations indépendantes et souveraines.

    2- Ensuite, à l’intérieur de ces nations, certaines élites décident de commencer à bâtir une construction supranationale.

    3- Ensuite, grâce à la propagande, ces élites parviennent à convaincre les peuples que cette construction supranationale va leur apporter la croissance économique, le progrès social, la baisse du chômage, la solidarité entre tous les hommes, et patati, et patata.

    4- Ensuite, les peuples votent pour cette construction supranationale, en pensant qu’elle va réaliser toutes ces belles promesses. Pendant des décennies, il y a de plus en plus d’intégration. C’est la PHASE ASCENDANTE.

    5- Ensuite, il arrive toujours un moment où les peuples finissent par comprendre que cette construction supranationale NE profite PAS aux peuples, mais qu’elle profite aux élites. Les peuples finissent par comprendre que cette construction supranationale ne profite qu’à la nomenklatura dans les pays communistes, aux élites politiques et aux élites financières dans les pays occidentaux.

    6- Ensuite, les peuples commencent par se révolter, parfois dans la rue, parfois dans les urnes. La construction supranationale entre dans une phase d’implosion, d’effondrement. C’est la PHASE DESCENDANTE.

    7- Dernière étape, la construction supranationale se désintègre, se disloque. Les nations qui la composaient reprennent leur indépendance. Fin du cycle.

    Aujourd’hui, l’Union européenne est à l’étape 5.

    Lundi 5 janvier 2015 :

    Europe : l’implosion qui vient.

    http://www.michelsanti.fr/europe-implosion/

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