BFM du 31 mars 2015 – Inflation et ralentissements

Jacques Sapir

Inflation et ralentissements : Jacques Sapir VS Pierre Barral

Les deux enjeux de la Chine

Fin de trimestre incroyable : +19% sur les marchés actions. « Il y a une véritable addiction à la liquidité banque centrale » pour Pierre Barral qui entraine ce phénomène haussier. Et aujourd’hui, pour en rajouter encore plus, la Banque Centrale de Chine annonce être inquiète pour la déflation et pourrait donc revoir sa politique monétaire du moment.

Notre Econoclaste Jacques Sapir est affirmatif : « il est clair que la Banque Centrale [chinoise] va intervenir », mais probablement pas comme l’ont fait la FED, la BoJ ou la BCE avec des QE « tout simplement parce que la situation n’est pas exactement la même. » En Chine, le problème repose sur deux points :

  1. « Stabiliser l’inflation et éviter que ce rythme d’inflation ne continue de descendre. Autrement dit de stabiliser les taux d’intérêt réels. »
  2. « Continuer de nettoyer le secteur de l’immobilier, parce que dans l’immobilier il y a toujours une masse extrêmement importante de mauvaises dettes. »

En fin de compte il faut des instruments réglementaires plutôt que des instruments de liquidité, même s’il est « tout à fait possible » qu’il y ait un emploi de quelques uns de ces instruments de liquidité comme une baisse des taux.

Quels effets peut-on attendre dans ce cas là sur les marchés mondiaux ? Pour Jacques Sapir, nous aurons des « effets beaucoup plus indirects » sur le long terme et non sur le court terme.

Une volonté d’augmenter l’inflation

D’après Pierre Barral, plus de la moitié des banques centrales du monde baissent leurs taux plutôt qu’elles ne les augmentent ce qui traduit une volonté d’accroître l’inflation.

Aux Etats-Unis

« Dans la question de l’inflation, le problème essentiel c’est la montée des salaires. […] Aux Etats-Unis […] on voit qu’il y a 60 à 70% de la population dont le salaire n’a pratiquement pas augmenté depuis 2 ans. » Sur la base de cet exemple, Jacques Sapir considère donc que ce mouvement de remontée des prix va être « extrêmement faible. »

En Europe

Concernant les autres signaux économiques « on voit des divergences s’accentuer au sein de l’Union économique et monétaire. Il y a des pays où la situation se stabilise, voir s’améliore, et puis il y a des pays qui continuent à aller très mal. »

La France est au point mort

Là encore, c’est « toujours la même chose, les différentes mesures – que ce soient les mesures législatives ou les mesures réglementaires – ne correspondent pas à l’ensemble des problèmes qui sont posés. On voit bien que ce gouvernement, en fait, attend, espère, à tort ou à raison, mais il espère de la conjoncture internationale une remontée de la croissance et il veut tout simplement accompagner le mouvement mais sans provoquer de choc social trop important. Et en réalité on voit que cette stratégie a beaucoup de mal à fonctionner. On l’a vu avec les chiffres du chômage qui sont repartis à la hausse en février, après une baisse qui est très en trompe l’œil en janvier, […] donc il y a toujours un problème massif d’emplois et d’une certaine manière le gouvernement a très peu d’instruments s’il reste dans le cadre de la politique actuelle. »

« L’économie française est l’économie de l’Union Européenne qui profite le moins des vents porteurs extérieurs. »

Le ralentissement économique des Etats-Unis est en marche

Oui, Jacques Sapir redoute une vague de ralentissements venant des Etats-Unis sur l’Europe, notamment à cause des problèmes liés au secteur du pétrole et des gaz de schiste. En effet, à partir d’avril les assurances souscrites par les petites compagnies pétrolières américaines pour se couvrir des variations des prix du baril ne fonctionneront plus (cf. BFM du 24 mars 2015 – Extrêmement fragiles) « et ça, ça va faire très mal ! »

Il faut déjà voir que dans certains Etats, dont majoritairement ceux où il y avait une production de pétrole et de gaz de schiste, « il y a des chutes de 6 à 10% de la consommation […] mais globalement ça s’étend sur la totalité du pays. Donc sur l’ensemble des Etats-Unis il y a une baisse de la consommation de 3% alors que normalement on voit les revenus moyens monter. C’est un indicateurs extrêmement préoccupant. »

« Les ménages vont probablement chercher à diminuer leur endettement. Il vont faire ce qu’on fait les entreprises. […] Simplement ça va entrainer une réduction de la croissance voir même une stagnation si la consommation commence à piquer du nez aussi fortement. »

« Est-ce que les ménages sont décidés à repartir dans la consommation ? Ou est-ce qu’ils n’ont pas au contraire anticipé l’arrivée de difficultés nouvelles au deuxième semestres de l’année 2015 ? »

Où en sommes-nous dans le dossier grec ?

« Aujourd’hui le gouvernement grec a soumis une liste de réformes. Cette liste de réformes ne correspond pas à ce que veut l’Eurogroupe. Le gouvernement grec dit que sa liste n’est pas négociable. L’eurogroupe dit aussi que sa liste n’est pas négociable. »

« On est aujourd’hui dans une situation où il n’y a semble-t-il des deux côtés plus de marges de manœuvre. »

« Normalement c’est vers le 12-14 avril que la Grèce sera à court d’argent. »

Rédigé par Raphaël Becanne

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