,

Comment sauver notre industrie automobile grâce à la transition énergétique?

La question, posée ainsi, ressemble à un sujet de niveau de troisième cycle l’école de commerce. Mais savoir comment sauver notre industrie automobile et réduire notre déficit commercial grâce à la transition énergétique est bel et bien un exercice concret qui se défend.

Si l’on observe l’évolution du commerce extérieur de la France, on se rend, en effet, vite compte que 85% de la dégradation de 65 Milliards d’euros du solde commercial français entre 2004 et 2012 est due à l’augmentation des importations d’énergies fossiles et au déclin de l’industrie automobile.

G1 Nico M

 

Alors que l’industrie automobile française dégageait un excédent commercial de 13 milliards d’euros en 2004, elle accusait un déficit commercial de 3 Mrds d’euros 4 ans plus tard.

 

Solde commercial

Ce passage de la situation d’excédent en 2004 lorsqu’on assemblait encore plus de 3 millions de voitures … à la situation de déficit avec une dégradation de 16 Mrs d’euros en 4 ans du solde commercial n’est absolument pas neutre !

Le coût du travail

Il y a un déficit récurrent du commerce extérieur automobile français sur les grosses berlines et une place prépondérante prise par les sites d’assemblage en Espagne, dans les nouveaux Etats Membres (NEM) de l’Union Européenne et en Turquie.

Prod auto

Ces données n’ont de sens qu’à l’aune de l’évolution de la production automobile en Europe. Ces 12 dernières années, 12 usines d’assemblage de voitures ont fermé en Europe de l’Ouest alors que 11 usines d’assemblage ouvraient en Europe de l’Est. Ceci explique cela…

En cause : le coût du travail, entre autres. Il pèse pour environ 20 % (10 % pour l’assemblage final chez le constructeur + 10 % pour ses divers fournisseurs) et explique ces délocalisations vers l’Europe de l’Est.

cout du travail

 

Enfin, si l’on s’attarde sur l’évolution du commerce extérieure énergétique de la France (en milliards d’euros), il apparaît que chaque augmentation significative du prix du pétrole depuis 1970 fait plonger notre balance commerciale dans le rouge, alors que le solde hors énergie était quasiment équilibré en 2013.

solde energie

L’enjeu de la consommation énergétique des véhicules

Quel est le plus gros poste de consommation de pétrole en France? L’automobile avec 30% de notre consommation annuelle (soit 25 millions de tonnes équivalent pétrole par an). De quoi s’inquiéter de la consommation énergétique des voitures !

Dans un contexte d’énergie contrainte plus particulièrement en Europe, il est donc primordial de développer des voitures légères, peu voraces en pétrole et économiquement très accessibles. Une voiture hybride de 800 kg ne consommerait que 2L/100 km. Une voiture électrique à prolongateur d’autonomie de 600 kg ne consommerait qu’ 1L/100 km. La solution la plus efficace pour limiter la consommation d’énergie des transports (à 97 % du pétrole) consiste bien à diminuer significativement le poids des voitures.

S’il faut s’intéresser à l’usage des voitures quand on compare leurs émissions de CO2, leur lieu de fabrication est tout aussi important pour que cette voiture soit vraiment écologique, notamment dès qu’il s’agit de voitures électriques nécessitant beaucoup d’énergie pour fabriquer leurs batteries.

Vous avez dit « écologie » ?

A ce titre, quel pays est le plus « écologique» pour fabriquer cette voiture «écologique»? Avec son électricité peu carbonée, la France dispose d’un avantage compétitif significatif en Europe afin de fabriquer la voiture écologique de demain !

prod elec charbon

Produire la voiture écologique de demain dans des pays ayant largement recours au charbon pour la production d’électricité – Allemagne, Pologne, République Tchèque, Roumanie, Turquie ou encore Maroc – n’est plus forcément très écologique…

CQFD : Comment sauver l’industrie automobile française?

  1. En développant la voiture du futur (1 l/100 km pour un véhicule électrique à autonomie prolongée pesant 600 kg)
  2. En règlementant la masse et la puissance des véhicules (via l’évolution du bonus/malus sur le CO2 vers un bonus/malus annuel indexé sur la puissance et la masse des voitures)
  3. En se protégeant des pays à forte consommation de charbon pour préserver la base de production française (compenser les émissions de CO2 liées à la fabrication et au transport des voitures importées pour limiter les émissions de CO2 sur le cycle de vie de la voiture écologique).

Nicolas Meilhan

Présentation sur slideshare

 

13 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *