BFM du 1 juillet 2015 – Marchés panurgiques

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Marchés panurgiques : Philippe Bechade VS Philippe de Cholet

Selon le Président des Econoclastes, « Wolfgang Schaüble et Merkel […] ont la pression des américains depuis le week-end dernier donc on est un petit peu pressé de trouver une solution. »

Concernant une sortie de la Zone Euro ou un défaut sur la dette « les grecs sont préparés depuis très très longtemps » puisque depuis 2006 une partie du pays ouvre des comptes à l’étranger. De plus, si jamais une crise devait survenir sur les marchés, Philippe Béchade annonce que ça ne devrait pas venir de la Grèce puisque c’est un risque dont tout le monde se couvre depuis bien longtemps maintenant.

« Je pense que sur la planète, la Grèce est le seul pays où ses habitants ont placé à l’extérieur des frontières plus de 300 milliards d’euros [ce qui représente une à une fois et demi son PIB]. »

Si la Grèce sort de la Zone Euro « il va y avoir un tsunami de liquidité qui va revenir dans le pays. »

Concernant les autres risques politiques à venir en Europe cet automne avec le vote des Espagnols, Philippe de Cholet part du principe que le risque de Podemos n’est pas entièrement fondé car les espagnols ont déjà fait une très grande partie du travail pour sortir leur pays de l’ornière et que M. Rajoy s’est vivement opposé aux grecs ces derniers temps.

Cependant, Philippe Béchade est loin d’être d’accord avec les arguments de son homologue puisque l’assise que représente Podemos serait selon lui similaire à celle de Syriza lors de sa victoire aux élections grecques. De plus, Syriza a maintenant « élargi sa base » d’adhérents. Enfin, M. Rajoy représente « moins de 25% des espagnols » selon les sondages, ses dires sont donc loin d’être représentatives.

Pour terminer sur ce sujet, le Président des Econoclastes nuance tout de même l’impact d’une victoire de Podemos puisque l’Espagne est un pays fédéral et la courbe est maintenant plus favorable : « ils n’ont peut-être pas intérêt à tout casser et à tout refondre. »

« Je pense qu’on se fait beaucoup d’illusions sur la capacité de Rajoy à se maintenir. »

Les investisseurs semblent confiants pour le futur en Europe, tout comme M. de Cholet puisque « la consommation privée à de très bons niveaux » en ce moment. Nous marquons une « reprise du cycle » plus concrète, notamment au niveau des résultats d’entreprises qui devraient arriver et dont les premiers s’annoncent prometteurs. Cela devrait donc être « le principal driver de la croissance des marchés dans les 6 prochains mois. »

De plus, il n’y a pas de ralentissement de la croissance américaine selon lui. De « très bonnes surprises » sont à venir.

Pour Philippe Béchade en revanche, tout est déjà pricé sur les marchés. La monté de ces derniers dans les 6 prochains mois n’est donc pas corrélée avec la réalité des faits si elle a lieu. Nous sommes aujourd’hui à un niveau de bénéfice équivalent à celui du CAC il y a 4 ans, alors que ce dernier était à 3500pts. Certes il y a « un effet de base positif » notamment sur l’énergie qui est basse et donc favorable, mais cela n’explique pas les records battus sur le NASDAQ par exemple.

« Ce n’est pas mieux aujourd’hui que ça ne l’était en 2012 ou 2011. »

Aujourd’hui « les actions évoluent par paquet et par thème », les gérants sont tétanisés par la Grèce d’où l’apparition de « séance porte de saloon [… de ces] marchés panurgiques » comme il était visible à la séance du 30 juin.

Cap maintenant vers l’Asie, où le ralentissement chinois est selon Philippe de Cholet sous contrôle. Ce ralentissement s’expliquant par la traditionnelle excuse de la phase de repositionnement du modèle économique chinois vers un modèle de consommation privée.

Toutefois, pour notre éconoclaste, « le gouvernement chinois ne peut rien faire » devant les mouvements du marché. « La Chine est confrontée à un sérieux problème qui […] est un peu un condensé de ce qui s’est passé au Japon. » A savoir la montée d’une bulle immobilière avant le passage des investisseurs sur les marchés actions.

Cette crise que connait la Chine pourrait devenir systémique si le pays commençait à utiliser ses réserves de changes et à les déverser pour pallier à ses propres problèmes : « le jour où vous liquidez vos T-bonds mais vous écroulez le marché. » Cela rentre en plus dans une conjoncture où, mis à part les obligations d’Etats, les obligations corporates (des entreprises) ne se négocient plus dans un marché « dans le coma. Dans le high yield, si on veut sortir on ne peut pas. Il n’y  a pas de liquidité. » C’est-à-dire qu’il n’y a personne pour acheter.

« Les marchés obligataires sont des pièges. Si la Chine utilise son matelas je peux vous assurer que pour les autres la chute va être rude. »

Enfin, concernant le Japon, la relève des entreprises japonaises et des investissements après 10 ans de QE japonais est un bon point. Néanmoins, les salaires des japonais ne remontent toujours pas et les investissements des entreprises sont là « généralement pour robotiser encore plus. »

« Les entreprises ont des marges et on ne soutient toujours pas la demande intérieure au Japon. »

Rédigé par Raphaël Becanne

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