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Des sondages et des votes

Les résultats du référendum grec montrent un écart énorme entre les prévisions des différents instituts de sondage (y compris dans les sondages réalisés « à la sortie des urnes ») et les résultats réels. Si un tel écart est normal, l’écart observé (de 51% à 53% pour les sondages et 61% pour la réalité) est énorme, et doit donc être expliqué. De même, il est important de constater que le « non » a recueilli plus de voix que n’en avaient recueilli les partis qui appelaient à voter non lors des élections législatives du 25 janvier 2015. En effet on avait :

Vote pour SYRIZA et ANEL (législatives) : 2 539 435

Idem + Aube Dorée :                                         2 927 882

Vote pour le « non » au référendum :            3 558 553

Cela donne un accroissement du nombre de voix de 630 671 voix, soit de 21,5%. On peut ainsi parler d’un véritable « raz de marée », que visiblement les sondeurs n’avaient su, ou voulu, voir venir. On peut d’ailleurs discuter de la discipline de vote des électeur d’Aube Dorée qui n’ont certainement pas eu très envie de mêler leur voix à ceux que leur parti appelle des « bolcheviks ». Par contre, on peut penser qu’une partie des électeurs du KKE (les communistes « orthodoxes » et néostaliniens) ont rompu avec la consigne d’abstention qui leur était donnée. Cependant, même si l’on estime que la moitié de ces électeurs ont pu voter « non », on se retrouve avec 169 000 voix en plus ce qui laisse 461 600 voix « non expliquée ». L’erreur des sondeurs peut donc avoir plusieurs explications :

  • Les sondeurs ont délibérément utilisé les estimations les plus défavorables au « non » pour des raisons politiques. Cela expliquerait en particulier les sondages donnant le « oui » en tête des intentions de vote le mercredi et le jeudi.
  • Certains sondages, réalisés par téléphone, ciblaient en réalité la population grecque relativement aisée qui a votée « oui » dans sa majorité. Les corrections d’usage n’ont alors pas été faites.
  • Les marges d’erreurs quant aux estimations se sont brutalement ouverte parce qu’il y avait un fort « effet de contexte » influant sur les préférences des individus. C’est en particulier le cas des pressions pour le « oui » (de la part des employeurs et de l’UE) qui ont produire en réalité exactement l’effet inverse.
  • Lors des sondages « à la sortie de l’isoloir » les électeurs ont pu délibérément ne pas révéler leur véritable vote, phénomène que la France a connu dans les années 1950 et 1960 avec le PCF, et qu’elle connaît en partie aujourd’hui autour du vote FN.

On notera que les estimations du Ministère de l’intérieur grec du 28 juin donnaient 70% pour le « non » et que, considérant qu’il y aurait logiquement une érosion du fait de la campagne, j’avais annoncé le lundi 29 un probable score autour de 60%. On peut donc penser que c’est la combinaison d’une volonté politique de peser sur le résultat du référendum mais aussi des imperfections techniques graves qui ont conduit à ce retentissant échec des sondeurs. Il est cependant clair que cela n’explique pas tout. On notera que dans la répartition régionale, le « non » obtient ses meilleurs résultats en Crète (Kritis) avec 69,87% et ses plus mauvais dans le Péloponnèse (Peloponnisou) qui est traditionnellement une des terres d’élection de la droite grecque.

1. Résultats par régions

Régions %
An. Makedonias & Thrakis 59,80 %
Attikis 59,70 %
Dytikis Elladas 65,14 %
Dytikis Makedonias 60,17 %
Ionion Nison 67,74 %
Ipeirou 59,18 %
Kentrikis Makedonias 59,91 %
Kritis 69,87 %
Notiou Aigaiou 63,99 %
Peloponnisou 57,34 %
Stereas Elladas 64,27 %
Thessalias 62,29 %
Voreiou Aigaiou 61,31 %

2.Résultats par districts électoraux :

District électoraux %
A’ Athinon 53,21 %
B’ Athinon 58,06 %
A’ Peiraios 59,51 %
B’ Peiraios 72,51 %
Attikis 63,69 %
Aitoloakarnanias 60,90 %
Argolidos 57,65 %
Arkadias 56,43 %
Artas 59,97 %
AchaḯAs 68,20 %
Voiotias 67,43 %
Grevenon 54,31 %
Dramas 57,08 %
Dodekanisou 64,84 %
Evrou 54,64 %
Eyvoias 67,60 %
Eyrytanias 55,89 %
Zakynthou 67,31 %
Ileias 65,00 %
Imathias 64,58 %
Irakleiou 70,82 %
Thesprotias 59,04 %
A’ Thessalonikis 60,80 %
B’ Thessalonikis 59,92 %
Ioanninon 59,26 %
Kavalas 58,67 %
Karditsas 60,92 %
Kastorias 52,36 %
Kerkyras 71,25 %
Kefallinias 64,57 %
Kilkis 57,74 %
Kozanis 63,16 %
Korinthias 61,84 %
Kykladon 62,73 %
Lakonias 51,17 %
Larisas 61,84 %
Lasithiou 62,74 %
Lesvou 61,38 %
Leykadas 58,34 %
Magnisias 66,37 %
Messinias 56,84 %
Xanthis 67,89 %
Pellas 60,79 %
Pierias 60,92 %

Par Jacques Sapir

Article original sur le blog russeurope

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