Le sort de la Grèce suspendu à la volonté de Berlin
Interview de Nicolas Chéron pour l’Agefi : Vidéo sur l’Agefi TV
Alexis Tsipras a demandé ce jeudi 9 juillet au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) un prêt à échéance 3 ans d’une valeur de 50 milliards en proposant un plan similaire à celui qu’avaient proposé les créanciers de la Grèce le 25 juin. Un accord avec les grecs semblerait donc de plus en plus possible, mais le sort de la Grèce devrait dépendre encore une fois de l’Allemagne.
Au final, si l’Europe souhaite aider les grecs, la BCE fournira les liquidités nécessaires pour faire tourner les banques du pays ce lundi 13 juillet. Au contraire, si la proposition de Tsipras est rejetée par les européens alors le flux de liquidités pour les banques grecques se tarira dès lundi causant une asphyxie du système bancaire.
Les conséquences qui en découleraient pour les grecs seraient la mise en place d’un système d’IOUs provisoire avant la réinstauration d’une monnaie nationale. Il serait alors fort probable de voir une dévaluation de cette monnaie de l’ordre de 30 à 40% accompagnée d’une chute du PIB du pays d’environ 5% installant le pays dans un marasme économique encore plus noir qu’actuellement (-20% du PIB et 8 plans de réformes en 5 ans).
Une étude de la Royal Bank of Scotland (RBS) a estimé à 250 milliards les pertes sèches pour les créanciers, c’est-à-dire sans les dégâts collatéraux engendrés par un Grexit tels que des risques géopolitiques, des augmentations des taux périphériques (Espagne, Portugal et Italie) et une baisse des indices boursiers. Au final cela pourrait représenter de 400 à 500 milliards d’euros de pertes pour la Zone Euro.
Toutefois, l’importance pour le cas grec est paradoxal dans le sens où ces pertes représenteraient 3 à 4 points du PIB de la Zone Euro.
Finalement, ce qu’il faut retenir c’est qu’en cas de Grexit, les investisseurs auront probablement une aversion au risque dans un premier temps, c’est-à-dire qu’ils se retourneront vers des monnaies refuges (yen par exemple) et abandonneront les obligations d’Etat qui ne sont pas des Bunds (mécanisme du flight to quality), entraînant une remontée des taux périphériques.
On notera néanmoins que le Grexit est une possibilité que les marchés ont depuis le temps intégré (il est pricé) dans les cours, ce qui devrait limiter tout de même son impact s’il a lieu.
La vraie menace actuellement pourrait plutôt venir de la Chine (à ce propos, n’hésitez pas à consulter l’interview de Pierre Sabatier sur le sujet : Pire que la Grèce, la menace chinoise ?)
Nicolas Chéron, Stratégiste pour CMC Markets
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Rédigé par Raphaël Becanne
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