BFM du 5 août 2015 – Prime à la casse

Philippe_bechade

Prime à la casse : Philippe Béchade VS Bernard Aybran

Les marchés semblent prospères en ce début août malgré quelques mouvements brutaux. « On est toujours dans ce même phénomène d’entonnoir algorithmique » où dès qu’un mouvement apparaît sur les marchés, il est brusque et « dans la démesure ». Les « robots » se mettent en marche et tradent là où il y a du volume à base de 60% et plus des ordres effectués. L’exemple que nous donne le président des Econoclastes pour appuyer son propos est celui de la Société Générale dont la cours a pris +9% le mercredi 6 août alors que le Crédit Agricole faisait -9% le mardi 5 août.

Bernard Aybran, directeur de la multi-gestion chez Invesco AM, explique qu’un gérant va très généralement passer ses ordres sur une « table de négociation » qui va être traitée par des algorithmes pour effectuer les meilleurs ordres. « Un gérant standard et humain va finir par passer par un robot. » De plus, ces algorithmes sont programmés aussi pour pouvoir réagir à des mots ou phrases utilisés dans des communiqués d’entreprises. Toutefois, s’il ne confirme pas les chiffres de Philippe Béchade sur l’année, il les valide pour la période estivale.

« La France qui reste à mi-chemin entre l’Allemagne et le Sud a du mal à s’en sortir. »

Les indices PMI (Purchasing Manager Index représentant la santé du secteur manufacturier) ont décollé en Espagne malgré la baisse des salaires et plongé en France nous explique Philippe Béchade. Pour l’Espagne, cela s’explique selon lui par l’efficacité des mesures dans le secteur automobile de la « prime à la casse », qui correspond à une subvention qu’a mise en place le gouvernement Rajoy « parce que [les espagnols] allaient dans le mur il y a un an », prêts à rejoindre les italiens dans les abîmes.

« L’Espagne a pris le choix de subventionner, c’est-à-dire en fait de faire du déficit », pour contrer en partie les mesures d’austérité européenne qui ne les amenaient pas à bon port. « Alors nous pouvons toujours applaudir ce modèle, mais si nous applaudissons ce modèle, faisons le aussi en France. »

Les négociations ont de nouveau repris avec la Grèce pour essayer de trouver une solution au marasme dans lequel le pays, criblé de dettes, se trouve. Pourtant « tout a mal commencé dans ces négociations » pour Philippe Béchade, puisqu’il est clair que « personne n’est absolument d’accord avec personne ». Qui plus est, le président des Econoclastes est persuadé que le gouvernement allemand ne veut « surtout pas que [la Grèce] respire » et veut que les négociations échouent : « donc ça va échouer ». Sa prévision est que les solutions prises seront « inopérantes » et à changer sous trois mois.

« En Europe, on ne trouvera pas de solutions pour la Grèce. »

Bernard Aybran explique que plus les épisodes grecs se multiplient, plus les marchés s’en désintéressent car « la dette est portée par des entités publiques ». Les sociétés cotées sont donc moins impactées par ces événements ce qui amène les marchés actions à ne pas s’affoler. « Une économie qui est en dépression depuis des années, ce n’est pas en rajoutant une couche d’austérité que ça va aller mieux. »

Si nous nous intéressons désormais au secteur bancaire sur les marchés dont nous illustrions les variations très fortes au premier paragraphe, sa profitabilité est liée au trading et non pas aux crédits effectués. Les marchés européens étant toujours portés par la BCE, il est facile de gagner de l’argent sur ces derniers. Philippe Béchade ne voit pas « aujourd’hui dans l’activité bancaire le reflet, dans tous les chiffres publiés, d’une embellie économique sous-jacente. »

Bernard Aybran confirme les propos de notre Econoclaste, à savoir une amélioration de l’activité des banques en même temps qu’une hausse des marchés financiers. De plus, ajoute-t-il, une « tendance lourde qui s’est affirmée » en Europe ces dernières années est la diminution de « la part des banques dans le financement de l’économie […] Globalement il y a une contraction du crédit depuis des années ». Qui plus est, les bons résultats de ce trimestre, souligne le directeur de chez Invesco AM, ne sont pas entachés par des amendes.

Au niveau de l’investissement en France, les PME « sont juste en train de sortir la tête de l’eau » et donc ne sont pas bien positionnées pour dépenser leur trésorerie dans de nouvelles opportunités ou tout du moins en France. De plus, la courbe du chômage ne s’inverse toujours pas, signe d’un manque d’investissements ou alors d’un investissement dans des machines (et encore, des investissements dans ce domaine impliqueraient l’emploi d’effectifs en amont). Au niveau des multinationales, ces dernières continuent de dépenser leurs capitaux en Chine, mais toujours pas en France « signe d’un manque de confiance dans l’économie française ».

Rédigé par Raphaël Becanne

2 réponses
  1. morel
    morel dit :

    bonsoir MR BECHADE ,junker est très optimisme pour l accord du 20 aout concernant la Grece.vous ,vous avez été direct: »pas d accord ».pourquoi junker ment et comment va t-il se passer le grexit? merci

  2. BA
    BA dit :

    A propos de la faillite de la Grèce en 2009 :

    Le 6 octobre 2009, Georgios Papandréou devient Premier ministre.
    Onze jours après son arrivée au pouvoir, il annonce, dans un souci de transparence, que l’état réel des finances grecques avait été caché par le précédent gouvernement. Il fait rétablir les véritables données économiques, dont un déficit équivalent à 12,5 % du PIB pour la seule année 2009. La Commission européenne confirmera cette falsification des données quelques semaines plus tard.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ge%C3%B3rgios_Papandr%C3%A9ou_(1952-)

    Le 17 octobre 2009, tout le monde comprend que la Grèce est en faillite : la dette publique de la Grèce est de 299,69 milliards d’euros, soit 129,7 % du PIB. Mais les autres dirigeants européens, la BCE et le FMI ne veulent pas que la Grèce quitte la zone euro.

    Les autres dirigeants européens, la BCE et le FMI décident de tout faire, et même de faire n’importe quoi, pour garder la Grèce dans la zone euro.

    En 2009, au lieu de laisser la Grèce faire un défaut total sur sa dette, sortir de l’euro, revenir à la drachme, dévaluer, etc, ils décident de sacrifier le peuple grec et de garder la Grèce dans la zone euro.

    Six ans plus tard, le résultat est le suivant :

    Le peuple grec a été sacrifié.

    La Grèce est en faillite.

    Les banques grecques sont en faillite.

    L’Allemagne a réalisé 100 milliards d’euros d’économies grâce à la crise grecque. C’est ça, le plus important.

    Pour que l’Allemagne continue à s’enrichir, il faut que la Grèce continue à s’appauvrir.

    La construction européenne, c’est des nations du sud qui doivent continuer à s’appauvrir, pour que les nations du nord continuent à s’enrichir.

    La construction européenne, c’est un boulevard pour les fureurs nationalistes, pour les colères populaires, pour les partis extrémistes, puis, au bout du boulevard, …

    … la guerre.

    L’Allemagne, qui a adopté une ligne dure vis-à-vis d’Athènes, a fortement profité de la crise économique et financière en Grèce, révèle un institut d’études économiques allemand aujourd’hui.

    Selon des calculs de l’Institut Leibnitz de recherche économique (IWH), l’Allemagne a pu réaliser des économies budgétaires de quelque 100 milliards d’euros depuis le début de la crise grecque en 2010, soit plus de 3% du Produit intérieur brut (PIB).

    « Ces économies dépassent le coût engendré par la crise, et ce même si la Grèce ne remboursait pas entièrement sa dette », écrivent les économistes.

    « L’Allemagne a donc dans tous les cas profité de la crise en Grèce », poursuivent-ils.

    Les experts ont effectué des simulations en partant du constat que les investisseurs confrontés à une crise économique effectuent le plus possible des placements sûrs. « Durant la crise européenne de la dette, l’Allemagne a profité de cet effet de manière disproportionnée », selon eux.

    Ils ont également cherché à évaluer quelle aurait été une politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) neutre pour l’Allemagne durant cette période.

    « On en vient à des taux simulés sur les emprunts d’Etat allemands qui, en moyenne entre 2010 et aujourd’hui, sont 3% plus élevés à ce qu’ils ont été dans la réalité », selon eux, ce qui revient à des économies budgétaires globales d’au moins 100 milliards d’euros sur les quatre dernières années et demi ».

    L’Allemagne a également raflé d’importants contrats lors des privatisations menées tambour battant par Athènes depuis 2011 en échange de l’aide financière des Européens notamment. La société Fraport, associée à un entrepreneur grec, a notamment décroché le contrat de rachat de 14 aéroports régionaux grecs, dont certains très touristiques comme Corfou, pour environ un milliard d’euros.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/08/10/97002-20150810FILWWW00214-grece-l-allemagne-a-profite-de-la-crise-etude.php

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