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Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017

Il y a une chose qui est assez paradoxale, ou assez drôle, c’est selon : en général, en fin d’année on s’excite sur un probable « Christmas Rally », puis Noël arrive, on mange, Nouvel An arrive, on mange encore et puis on oublie le thème du « Christmas Rally », surtout quand il ne fonctionne pas, comme en 2015.

Alors on se détend. On se dit que c’est les vacances, le soi-disant « esprit de Noël » (et des fêtes de fin d’année) et puis que de toutes façons, on verra bien l’année prochaine, vu que l’on aura tout de même 12 mois ou 52 semaines, ou 365 jours ou 8760 heures pour faire de la performance pour les clients. Ce qui devrait être amplement suffisant.

Enfin, normalement.

Sauf qu’il y a des années, comme 2016, au hasard, qui sont des années qui commencent mal. Comme ces matins où on l’on renverse le café, que l’on se pète la figure dans les escaliers, que l’on tache sa cravate et que le chien fait ses besoin dans le salon. Ces matins où on l’on se dit que l’on s’est levé du pied gauche.

En 2016, on a carrément COMMENCÉ l’année du pied gauche.

Pas besoin d’être un historien des marchés boursiers ni d’avoir vu 64 fois Wall Street, 64 fois Wall Street 2 « Money never sleeps » et de connaître par cœur les dialogues du Loup de Wall Street pour se rendre compte que l’on s’est fait le pire début d’année depuis des siècles et des siècles, amen.

Si l’on regroupe l’ensemble des marchés du monde, les 4 premiers jours de trading auront coûté 2.3 trillions de capitalisation boursière, autrement dit, l’équivalent de 13 millions de Porsche’s 911 Targa 4 GTS modèle 2015. À peu près. C’est pour donner une image.

13 millions de Porsche’s ont donc été vaporisées, rayées des cadres, disparues des livres de compte et autre comptes en banque. Tout ça en 4 jours.

Et tout ça parce que la Chine a :

1) publié des chiffres économiques pourris
2) mis en place le concept des « circuit breakers »
3) ramené sa monnaie au plus bas depuis 5 ans

Si l’on revient rapidement sur le sujet de la Chine, si vous êtes surpris et déçus des chiffres économiques chinois – et je dis ça sincèrement – c’est que vous êtes un peu naïfs ou que vous refusez de voir la vérité en face.

Car cela fait tout de même des mois que l’on nous prédit un ralentissement, que l’économie chinoise c’est plus ce que c’était et que c’était mieux avant. Des mois que le Gouvernement pagaye à contre-courant dans les eaux boueuses du Yang-Tsé-Kiang pour essayer de mettre en place à peu près toutes les stratégies économiques développées dans les plus grandes Universités de la planète et des environs, avec l’efficacité du service de la mobilité en ville de Genève – en résumé, c’est nul.

Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017 - china-cartoons-300x225En gros, la Chine a été le moteur de croissance de ces dernières années. D’ailleurs, pendant un moment on a même commencé à penser que jamais rien ne freinerait l’économie chinoise et qu’elle ne ferait que de croître. Pour toujours. Un peu comme la bulle internet de l’an 2000.

Et puis là, tout d’un coup, on se dit que la Chine est devenue mature et que son taux de croissance ne peut pas être de 15% annualisé pour toujours et tout le monde se demande où jusqu’où la croissance locale va baisser. Et quand ça baisse, c’est toujours la même histoire, l’histoire du type qui saute du 50ème étage et à chaque étage devant lequel il passe, il hurle : « JUSQU’ICI TOUT VA BIEN ».

Sauf que, logiquement, plus longue sera la chute, plus dur sera l’atterrissage. Bien qu’en tenant compte de l’accélération maximale que tout corps peut atteindre en chute libre, il y a un moment, ça n’a plus vraiment d’importance.

Bref, on a la trouille pour la croissance et l’angoisse nous étreint, mais ce n’est pas nouveau. Le fait que le Yuan se fasse démonter n’est pas non plus une surprise, puisque tout pays en difficulté de croissance à tendance à dévaluer sa monnaie pour faciliter les exportations. Demandez à Draghi.

Et pour terminer, on peut aborder le concept des « circuit-breakers ». C’est une bonne solution pour empêcher les marchés d’aller trop bas en cas de panique. Cela pose en revanche un problème parce qu’une fois que le marché est fermé pour la journée, il ne peut pas non plus rebondir. C’est donc à double-tranchant. De plus, cela fonctionne toujours mieux dans un marché mature, un marché qui a de la bouteille et qui n’est pas (moins) manipulé que la Chine. Preuve a été faite la semaine passée ; quand on vous « stoppe » le marché pour 15 minutes après 5% de baisse et qu’il ne reste « plus que 2% » de baisse avant de fermer pour la journée, c’est trop tentant de ne pas tenter le coup pour grapiller une journée de congé. La preuve, jeudi passé la Chine aura été ouverte en tout et pour tout pendant 29 minutes.

À partir de là, à partir de la Chine qui se faisait défoncer, nous avons appliqué la bonne vieille théorie de la CONTAGION. Ou de l’effet papillon, c’est selon.

On s’est dit que si ça allait mal en Chine, ça ne pouvait pas aller bien au Japon, en Inde, eu Europe et bien sûr, aux USA. Que ça allait peser sur le pétrole, puisque plus personne n’allait ni consommer, ni produire, donc les matières premières allaient se faire défoncer et que finalement, le seul truc qui devrait bien fonctionner cette année, c’est l’or qui refaisait parler de lui en tant que valeur refuge. FINALEMENT.

Bref, nous avons vécu notre pire début d’année depuis… Depuis très très longtemps.

La grande question que tout le monde va se poser cette semaine. Surtout pour ceux qui étaient encore en vacances la semaine passée, dont je fais partie, est la suivante :

« EST-CE QUE C’EST UNE OPPORTUNITÉ INOUÏE DE COMMENCER L’ANNÉE EN FAISANT LES SOLDES ? »

Ou pas.

Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017 - worst startCe que je trouve fascinant – bien que cela n’engage que moi – c’est que si l’on revient en arrière sur l’année 2015, nous l’avions commencée en disant que c’était un « coup sûr » de voir l’Europe monter because of QE et Draghi. Après les turbulences que l’on a connue en Grèce et ailleurs, à -10% sur l’Europe on était tous en train de se tirer en courant pour trouver des canots de sauvetage et à la fin de l’année à +10% sur l’Europe et +20% en relatif, on se disait que « si on avait su, on aurait racheté ».

Bonne nouvelle, on est déjà presque à moins 10% sur l’Europe après une semaine. Et pour ceux qui n’auraient pas suivit le feuilleton, le QE est toujours là, Draghi veut toujours faire Whatever it takes pour sauver l’économie du continent et si ça se trouve, il va rajouter une couche de QE dans les mois qui viennent.

Logiquement, on devrait plutôt faire une liste pour faire les courses plutôt que de se demander si la Chine va contaminer le reste du monde et si le fait que la croissance soit de 6% ou de 7% va changer quelque chose au taux de chômage en Europe et forcer François Hollande a vraiment devenir un Président et pas un clown…

Mais comme d’habitude, il est toujours plus simple de céder à la panique et à l’effet de groupe, plutôt que de tenter de ramer à contre-courant.

L’année a donc mal commencé. Le pétrole ne vaut plus rien. L’or est à nouveau une valeur refuge et les statisticiens sont de retour et nous disent que les 5 premiers jours de trading de chaque année prédisent la direction « annuelle » du marché 68% du temps. Et puis dans deux semaines, on va nous dire que « si janvier est négatif, l’année le sera aussi », c’est statistiquement pourri et prouvé. Enfin, sauf les années où cela ne fonctionne pas.

Pour faire simple, nous sommes à l’aube d’une nouvelle année. Si l’on se met à l’échelle d’une journée, le soleil n’est pas encore levé et il y a une chance sur deux que le marché termine plus haut que là où il a fermé vendredi passé et une chance sur deux qu’il termine plus bas. ÇA, c’est une certitude.

Alors moi je dis, quand on voit le niveau et la tronche des marchés obligataires, que l’on voit le comportement psychotique des matières premières, il me semble que d’acheter des actions de qualité qui paient de dividendes, me paraît peut-être la meilleure des stratégies pour 2016. Générer des revenus par les dividendes, choisir les bonnes thématiques et se discipliner dans son investissement avec une vision un peu plus longue que la fin de la semaine, me paraît la meilleure solution et surtout, surtout, il faut arrêter de regarder le marché avec l’approche hyper-court-terme qui est la notre ces dernières années et ça, ça sera ma résolution 2016.

Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017 - chèvrePour le reste, la Chine a déjà supprimé ses « circuit-breakers », le Gouvernement va bien finir par trouver une solution pour soutenir un minimum son économie et les turbulences vont se calmer. Le vent de panique qui a saisit les marché à froid en ce début 2016 devrait tomber et l’on va se rendre compte qu’il y a encore des choses à faire, des opportunités à saisir, des actions à acquérir et de la spéculation à spéculer. Comme d’habitude. D’ailleurs, vendredi on a eu les chiffres de l’emploi US et même s’ils étaient bons et corroboraient la décision de la FED, tout le monde s’en fout, tout le monde est Chinois cette semaine.

Encore une fois, je refuse de croire à un krach boursier que tout le monde nous annonce. Ce n’est pas comme ça que ça se produit et ce n’est PAS COMME CELA que ça va se passer.

Dans les nouvelles du jour qu’il faut retenir en dehors de la Chine qui a perdu 10% et du reste du monde qui s’est fait allumer en harmonie, on retiendra que le service d’Apple « Apple Music » a passé la barre des 10 millions d’abonnés. Il leur aura suffit de 6 mois pour avoir 10 millions d’inscrits alors que Spotify aura mis 6 ans.

Merkel n’ira pas à Davos, la pression due aux agressions sexuelles commises par des migrants devient trop forte. Si vous aviez acheté des actions Time Warner le premier jour de l’année, vous avez tout de même gagné 10% alors que le reste du monde se faisait casser les genoux.

Gros titre du FT : «les investisseurs prévoient de réduire leur exposition aux Hedge Funds suite aux mauvaises performances de 2015 » – encore une fois, il y a une chose que l’on a de la peine à comprendre dans la finance, c’est qu’il ne suffit pas d’acheter un panier de 250 Hedge Funds pour se déclarer « investi dans les Hedge Funds ». Appliquer cette stratégie n’a pour but que de baisser la volatilité de votre portefeuille et cela n’a aucun sens, à moins que le but avoué dès le début soit de baisser la volatilité de votre portefeuille en étant pleinement conscient qu’en achetant 250 fonds différents, vous n’arriverez qu’à les neutraliser les uns les autres, pour ne faire rien ou pas grand-chose à la fin. En gros, plus on surdiversifie plus on augmente le Beta du portefeuille et moins on avance plus vite…

En revanche, il serait peut-être bon de commencer à chercher la prochaine pépite des années à venir en se mettant RÉELLEMENT à sélectionner des Hedge Funds et pas des baskets structurés par des banques qui n’ont aucune idée sincère de ce qu’il y a dedans… C’est deux métiers différents. Brasser de l’air et frimer ou faire de la vraie sélection. Et cela vaut peut-être la peine d’y penser en 2016.

Le Jackpot de la version US de l’Euromillions a atteint 1.3 milliards. Le Powerball n’a jamais été aussi élevé et si vous gagnez vous n’aurez plus besoin de me lire le matin, il y aura nettement mieux à faire.

Dans le Barron’s de ce week-end, on revient sur la claque de la semaine passée, sur la résurgence des Bears et sur le fait que la seconde semaine de l’année pourrait être moins pire que la première. Ce qui n’est pas non plus super risqué comme déclaration, tant il paraît improbable que l’on se reprenne un nouvel uppercut de 6% aux USA, surtout que la Chine déploie des trésors de diplomatie auprès des médias internationaux pour dire que « promis-juré-craché ça ne se reproduira plus »…

Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017 - KJHLe Barron’s pense également que le titre Hanesbrands a 30% de potentiel de hausse. Ils sont également relativement inquiets sur les perspectives de l’Asie en ce moment et ils pensent que le Yuan est le réel point faible de la Chine.

Goldman pense que les 8 titres les plus chers du marché US sont : Tripadvisor, Coach, Boeing, Fossil, Intel, Illumina, Nvidia et Transocean. Le potentiel de baisse pour arriver à une évaluation correcte est de 20% sur Tripadvisor et de 63% pour Transocean. Moralité : si vous cherchez des idées pour être « short » ET que vous avez confiance en Goldman Sachs ET que vous êtes sûr que lorsque vous vendrez, ce n’est pas eux qui rachèteront, c’est dans cette liste que vous devez fouiller.

Et puis, la nouvelle la plus déprimante de ce début d’année ; les 400 plus riches du monde ont perdu 194 milliards durant la première semaine de l’année. C’est promis, demain je fais ouvrir un CCP à la chaîne du bonheur pour leur donner un peu de joie.

En ce lundi matin, tout le monde aura les yeux fixés sur la Chine. Ça commence mal, puisque Shanghai est déjà en baisse de 2.40% à 5h30 du matin, entraînant avec lui le reste de l’Asie. Tokyo est fermé, mais Hong Kong suit le grand-frère et recule de 2.45%. Visiblement, le rebond de vendredi passé n’était qu’un feu de paille et pour l’instant, le doute plane toujours sur l’Empire du milieu.

Comme tous les matins, on termine avec le calendrier économique de la journée ; nous aurons la production industrielle espagnole, les Retail Sales en Suisse, le Sentix Investor Confidence en Europe – pour autant que l’on ait pu trouver un investisseur qui a confiance en quelque chose ou en quelqu’un. Et aux USA, il y aura aussi le Fed Labor Market Conditions.

Plus que 51 semaines et nous sommes en 2017 - terrorEt puis, n’oublions pas que la fin de l’année correspond également à la fin d’un trimestre et que ce lundi 11 janvier, Alcoa va publier les chiffres de son trimestre et ceci, comme il est de tradition, lancera officiellement la saison des résultats du quatrième trimestre 2015.

Pour le moment, en Occident, les futures sont en hausse de 0.08%. On ne peut pas qualifier cela de rebond stratosphérique pour le moment. L’Euro/$ est à 1.0913, le Yen vaut 117.44, le Bitcoin s’échange à 446$ et le rendement du 10 ans américain est de 2.11%.

Côté Suisse, l’Euro/Suisse, à quelques jours de l’anniversaire de l’explosion du taux plancher, est à 1.0855 et le $/CHF s’échange à 0.9948.

En conclusion de cette longue première chronique de l’année, je voudrais vous dire trois choses :

1) Je suis de retour
2) Tous mes vœux pour 2016
3) Ne vous inquiétez pas, après la panique, le beau temps

 

2 réponses
  1. EMERY
    EMERY dit :

    Que penser de cette « analyse » sur la FED ?
    Brandon Smith : « L’objectif de la Fed est de détruire les marchés américains et le dollar »

    Publié le 8 janvier 2016

    Brandon Smith (déjà mentionné ici) développe des analyses originales, à contre-courant de ce qu’on entend généralement concernant la politique monétaire des banques centrales, mais qui ont le mérite de la clarté et de la cohérence… d’autant que pour le moment elles semblent plutôt corroborées par les faits. OD

    fed-detruire-dollar-marches

    « Il y a une réalité prédominante qui doit être comprise avant que quiconque puisse saisir la nature de la Federal Reserve et des décisions qu’elle prend, et cette réalité est la suivante : l’objectif de la Fed n’est pas de défendre ou d’étendre les marchés américains ou le dollar ; la tâche finale de la Fed est de détruire les marchés américains et le dollar. Je répète ce petit fait depuis des années, car il semble que beaucoup de gens intelligents et sages ne puissent tout simplement pas accepter cette vérité, ce qui explique pourquoi ils ont du mal à comprendre les actions que la Fed entreprend.

    Lorsque les analystes annoncent que la Fed s’est positionnée entre le marteau et l’enclume en termes de politique, ce n’est pas tout à fait vrai. La Fed est exactement là où elle veut être en termes de politique ; elle a en effet placé l’économie américaine entre le marteau et l’enclume, volontairement.

    Les mondialistes voient le dollar US et l’économie américaine comme sacrifiables (en grande partie), et ce sacrifice est destiné à créer un chaos qui distrait le regard, ainsi qu’un avantage géopolitique pour migrer vers un nouveau système économique mondial entièrement centralisé. Vous pouvez prendre connaissance des fortes évidences pour ce programme dans mon article La chute de l’Amérique signale la montée du Nouvel Ordre Mondial.

    Si vous croyez que la Fed est la seule pourvoyeuse de la crise économique mondiale et qu’elle se trouve au sommet de la pyramide internationaliste, alors vous avez probablement prédit que celle-ci, contrôlée par des entités privées, n’augmenterait jamais les taux d’intérêt, au moins pas avant un million d’années (de nombreuses personnalités sur la scène économique alternative ont fait ce pari). Si vous croyez que l’objectif principal de la Fed est de prolonger la durée de vie de l’empire américain, encore une fois, vous avez probablement prédit que la Fed ne le ferait jamais. Il y a un fort biais de normalité quand ces propos viennent d’éléments du monde économique alternatif et de leur position sur la Réserve fédérale. Ils refusent de reconnaître que la Fed est une bombe à retardement délibérément prépositionnée et destinée à annihiler le système économique américain et sa monnaie. Et tant qu’ils raisonnent comme ça, ils ne seront jamais en mesure de déterminer ce qui est susceptible de se produire au sein de notre prochaine structure financière.

    Il n’y a pas moyen de contourner cela : si vous ne pouvez pas saisir les motivations profondes de la Fed, alors vous deviendrez intellectuellement infirme dans votre lutte pour voir venir le prochain écueil économique à court terme.

    En août, j’ai fait cette prédiction concernant la décision de la hausse des taux de la Fed :

    « La poussée de la Réserve fédérale pour une hausse des taux sera probablement décidée avant fin 2015. Parler d’une augmentation en septembre des taux d’intérêt peut être un stratagème, mais une décision de dernière minute pour la retarder pourrait être sur la table. Cette tactique de réunions de sécurité de dernière minute et de retards surprises a été utilisée lors du scénario de fin de QE, ce qui a mis beaucoup d’analystes sur leurs gardes et a fait croire à beaucoup d’entre eux qu’un arrêt du QE ne se produirait jamais. Eh bien, il s’est produit, comme la hausse des taux va arriver, seulement un peu plus tard que la date prévue par les analystes traditionnels.

    En cas de retard, il sera de courte durée, déclenchant un rebond technique sur les marchés actions, avec des taux augmentant en décembre alors que la baisse des ventes au détail deviendra indéniable à l’approche de la saison de Noël ».

    J’ai fait cette prédiction (ainsi que ma prédiction sur la fin du QE en 2013) sur le fondement que la Fed n’est que l’appendice d’une machine bancaire élitiste plus grande. La Fed, comme idée institutionnelle, n’est pas sacro-sainte pour les élites, et elle est, à tout le moins, remplaçable. Le dollar est voué à la démolition. Et même si elle peut continuer pendant un certain temps avec une capacité marginalisée, la Fed telle que nous la connaissons aujourd’hui sera bientôt écrasée sous le poids de ce que le Fonds monétaire international appelle la réinitialisation économique mondiale. En d’autres termes, chaque partie de ma prédiction s’est réalisée parce que j’ai accepté le fait que la Fed prendra invariablement les décisions politiques les plus destructrices, au pire moment possible, avec à l’esprit l’objectif de provoquer une crise.

    Les banquiers centraux ont également une tendance à suivre des modes opératoires prédéterminés. Ils changent rarement de stratégie sur un coup de tête. La plupart des décisions que nous voyons prises par la Fed, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon, etc. l’ont probablement été à l’avance, depuis des mois sinon des années, et elles suivent les mêmes stratégies que celles utilisées lors des crises précédentes.

    Par exemple, le processus de la Fed pour relever les taux d’intérêt en décembre a suivi presque exactement le processus utilisé pour introduire le Taper [le ralentissement, NdT] du QE3 en 2013 : une accumulation de rhétorique dans les médias grand public au cours de la première moitié de l’année, puis un faux départ en septembre, suivi par des mois d’incertitude sur les marchés puis finalement la concrétisation de la politique en décembre. La Fed a également l’habitude de relever les taux d’intérêt au début d’une instabilité économique ou en plein milieu d’une récession, comme elle l’a fait en 1928-1929, en déclenchant la Grande Dépression et en 1931, en jetant de l’huile sur le feu de la catastrophe financière. Ces mesures politiques particulières catalysant les crises sont en partie ce à quoi Ben Bernanke faisait allusion le 8 novembre 2002, dans un discours prononcé lors d’une conférence en l’honneur de Milton Friedman… A l’occasion de son 90e anniversaire :

    « En bref, selon Friedman et Schwartz, en raison des changements institutionnels et des doctrines erronées, les paniques bancaires de la Grande dépression ont été beaucoup plus sévères et généralisées que celles qui auraient normalement eu lieu au cours d’une récession.

    Permettez-moi de terminer mon discours en abusant un peu de mon statut de représentant officiel de la Réserve fédérale. Je voudrais dire à Milton et Anna : en ce qui concerne la Grande Dépression, vous avez raison, nous l’avons provoquée. Nous sommes désolés. Mais grâce à vous, nous ne le referons plus ».

    Basé sur ce modèle d’actions politiques conduisant à un désastre financier, je crois que les analystes alternatifs peuvent prédire avec certitude ce qui est susceptible de se produire maintenant que la Fed a relevé ses taux en plein milieu de la contraction économique la plus forte depuis la Grande Dépression – qui avait été déclenchée (comme Bernanke l’a admis) par les banquiers centraux. Voici quelques tendances qui, je crois, vont devenir exponentielles alors que nous entrons en 2016.

    Les turbulences sur les marchés deviennent critiques

    Cela peut paraître comme une prédiction facile à faire ; le FMI et la Banque des règlements internationaux ont tous les deux publié des avertissements sur un événement financier négatif possible si la Fed devait relever ses taux. Je veux seulement faire remarquer d’abord que la Réserve fédérale prend ses ordres de marche à la BRI (Banque des règlements internationaux), de sorte que la BRI serait certainement au courant si un changement de politique de la Fed devait se traduire par un effondrement. Nous n’avons pas à faire des prédictions, nous devons nous contenter de regarder où la BRI se positionne afin d’apparaître comme une pronostiqueuse ayant nos meilleurs intérêts à cœur.

    Deuxièmement, les turbulences de marché sont garanties compte tenu du fait que les banques et les corporations ont été totalement dépendantes des taux d’intérêt proches de zéro et du financement au jour le jour par la Fed. Ils ont eu recours à ces prêts sans frais et à faible coût principalement pour des rachats d’actions, les leurs, et réduire leur nombre sur le marché, élevant ainsi artificiellement la valeur des actions restantes et faisant grimper le marché dans son ensemble. Maintenant que les prêts proches de zéro sont terminés, ces banques et ces corporations ne seront pas en mesure d’emprunter au jour le jour, et les rachats cesseront. Ainsi, les marchés boursiers vont tomber à court terme.

    Ce processus a déjà commencé avec une volatilité accrue avant et après la hausse des taux de la Fed. Observez les mouvements des marchés actions lors des deux premiers trimestres de 2016, ils seront beaucoup plus erratiques – 300 à 500 points, ou plus – à la hausse et à la baisse, plus fréquents, avec une tendance générale qui descend dans la zone des 15 000 points pour le Dow Jones. Les augmentations extraordinaires mais de courte durée vont se produire à l’occasion sur les marchés – Noël et le Nouvel An ont tendance à se traduire par des ralliements positifs – mais des ralliements, avec des chocs, sont tout autant un signe de volatilité et d’instabilité que des chocs accidentels.

    Il est difficile de dire à quelle vitesse et dans quelle mesure les marchés vont baisser d’ici la fin de 2016. Je crois que nous allons voir une répétition du chaos comme en 2008-2009, mais nous entrons dans un territoire inconnu étant donné que la crise que nous vivons n’est pas purement déflationniste comme la Grande Dépression. Il s’agit plutôt, d’un effondrement de type stagflation avec des éléments de la Grande Dépression associés à la catastrophe inflationniste de la République de Weimar.

    La Fed va continuer à relever ses taux d’intérêt

    Je crois que la Fed va continuer à relever ses taux tout au long de 2016 en dépit des signaux économiques négatifs actuels ou futurs. Elle a ignoré la contraction mondiale à ce jour et ne tiendra pas compte d’événements futurs. Pourquoi ? La Fed ouvre la voie à un effondrement. Point final.

    Les analystes des médias dominants affirment leur scepticisme quant au calendrier tout tracé de la Fed, annoncé publiquement, d’au moins quatre hausses de taux en 2016. Je ne suis pas sceptique. Je pense qu’ils sont partis pour de la casse et pour ouvrir les vannes de l’enfer financier.

    Mais est-ce que les hausses ne se traduisent pas par un dollar plus fort et plus recherché ? Peut-être, mais à court terme. Et beaucoup de gens ignorent qu’un prétendu indice fort du dollar par rapport aux autres monnaies nationales est tout autant un baiser de la mort pour le billet vert qu’un faible indice du dollar.

    La perte du statut du pétro-dollar

    Les producteurs de pétrole ont refusé de réduire leur production en dépit du fait que de nombreux pays n’ont plus de capacité de stockage pour les réserves excédentaires. La demande internationale continue à diminuer, entraînant une surabondance mondiale de pétrole si intense que les navires qui le transportent sont maintenant forcés de patienter au large des côtes en attendant d’avoir un créneau pour déverser leur cargaison. Certains font même des ronds dans l’eau avant de retourner à l’endroit d’où ils sont venus.

    Pourquoi les pays de l’Opep ont-ils refusé de réduire la production ? Parce qu’ils envisagent de se diversifier, au détriment du dollar, pour un panier de devises, afin de stabiliser les prix du pétrole, plutôt que de réduire l’offre. La cerise sur le gâteau est la décision récente du Congrès et de l’administration Obama de supprimer l’interdiction d’exportation de pétrole depuis les États-Unis, interdiction vieille de 40 ans. Avec la levée de cette interdiction, les États-Unis deviennent un concurrent sur le marché mondial du pétrole au milieu de la pire surabondance de pétrole depuis le début des années 1980. Cela pourrait ne pas sembler très judicieux pour de nombreux analystes, mais la Fed n’est pas la seule institution à faire dérailler les États-Unis. Certaines élites au sein de notre propre gouvernement (US) prennent aussi les pires décisions possibles au pire moment possible, et elles le font tout à fait volontairement.

    Selon les développements actuels des marchés du pétrole, je crois que le prochain grand événement déclencheur économique sera la suppression du statut de pétro-monnaie du dollar. Le dollar fort fait maintenant baisser les prix à un niveau propre à infliger le coup du lapin aux pays de l’OPEP. L’Arabie Saoudite a déjà fait allusion à un depeg [désindexation, NdT] par rapport au dollar, alors que les bas prix du pétrole continuent à conduire les producteurs à s’endetter.

    Avec les États-Unis qui entrent maintenant sur le marché en tant que concurrent pour le pétrole, je ne vois aucune raison impérieuse pour que les pays de l’Opep continuent d’accrocher les ventes de pétrole au dollar. Avec la perte du statut du pétro-dollar, le dollar va progressivement agoniser. Cela conduira à l’élimination éventuelle du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar, ce sur quoi je vous ai mis en garde depuis des années, et plus récemment dans mon article La remise à zéro globale économique a commencé.

    Distractions géopolitiques

    Je ne vois pas l’ensemble de ces développements économiques se dérouler dans un monde apaisé. Il est beaucoup plus logique pour les élites de progresser sur un arrière-plan de bouleversements géopolitiques avec le terrorisme comme distraction principale pour le grand public. Je crois que 2016 sera étiquetée année du terrorisme, que les attaques d’ISIS vont s’élargir à tous les coins des États-Unis et dans de nombreux pays de l’UE. Ce brouillard de la guerre est tout à fait nécessaire pour cacher les actions des terroristes les plus dangereux : les financiers et les élites internationalistes recentrées sur la transformation des structures politiques et financières mondiales vers quelque chose de plus centralisé et de plus sinistre.

    D’autres distractions sont certainement possibles, mais il y a beaucoup trop de points chauds à travers le monde en ce moment pour faire une quelconque prédiction pour savoir lequel sera utilisé – ou aucun. Le faux paradigme Est / Ouest se poursuit. Il est utile car il fournit une justification pour l’abandon éventuel du dollar américain par les pays de l’Est (y compris la Chine). Les tensions entre les Russes et l’Otan pourraient être utilisées pour fomenter des guerres régionales ou même une guerre mondiale si c’est dans leurs plans. Je ne vois pas cela comme la fin du jeu, cependant.

    L’effondrement économique est une bien meilleure arme à la disposition des mondialistes. Une panique nationale, des émeutes, le pillage, la famine, le crime amplifié : toutes ces choses aboutiront à une mortalité et à un désespoir massifs. Le désespoir conduira à des appels à un leadership fort, et un fort leadership se traduit généralement par le totalitarisme. Cela pourrait sembler sensationnaliste de lier tous ces résultats possibles à la décision de la hausse des taux de la Fed, mais donnons-lui un peu de temps. Ceux qui portent des accusations de sensationnalisme et d’alarmisme aujourd’hui affirmeront demain que ces développements étaient facilement prévisibles ».

    Brandon Smith

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