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Le marché a toujours raison

 

Phrase maintes fois prononcée qui pourtant ne veut rien dire et qui n’est qu’un révélateur de la vacuité intellectuelle du monde de la finance.

Le meilleur exemple se trouve lors des phases durant lesquelles les marchés obligataires et actions sont divergents ; ils ne peuvent pas avoir raison tous les deux.

Lorsque le prix du pétrole s’est mis à baisser, les commentateurs se sont précipités pour nous expliquer que c’était une bonne chose, excellente même, pour les pays consommateurs, moins bonne pour les pays producteurs, mais dans l’ensemble bonne pour tout le monde !!

Le pétrole était même devenu une planète, et mieux encore, une planète alignée. Trop fort ces gérants et économistes, subitement devenus Astronomes. En quelque sorte, des Astrologues mutés en Astronomes !!

Et là, « patatras », les marchés baissent.

Plusieurs raisons à cela que j’expliquais déjà au début de cette baisse des prix.

La première est que cette baisse, à l’instar de la baisse des autres matières premières, indique un fort ralentissement de la demande et donc de l’économie mondiale, voire une récession pour certaines zones.

La seconde est que cela pénalise lourdement les sociétés engagées directement ou indirectement dans le pétrole de schiste américain ou plus généralement dans les pétroles dont le coût d’extraction est élevé.

La troisième est que cela met en faillite les pays émergents dont le modèle économique ne repose que sur les exportations de pétrole.

La quatrième est qu’il y a moins de pétrodollars dans le système.

La cinquième est l’impact inexistant sur la consommation des ménages puisque ce n’est qu’un déplacement et non une enveloppe supplémentaire.

Je m’arrête ici mais la liste des conséquences négatives est encore longue.

Aujourd’hui certains de ces aspects négatifs ont été pris en compte par les marchés.

Alors pourquoi les marchés continuent-ils de baisser à chaque baisse du pétrole et à remonter violemment à chaque hausse ?

En grande partie parce que c’est l’équation qui a été mise dans les programmes trading automatiques :

C=cours du WTI (pétrole US pour faire simple)

J= jour

Cj-Cj-1<0 = Vente des indices actions—ou pour les pas doués en math—-

baisse du pétrole = baisse des indices

Cj-Cj-1>0 = Achat des indices actions ou hausse du pétrole = hausse des indices

C’est beau la bourse !!!

Comme ils sont forts !!

Revenons sur terre

Bien loin de moi l’intention de vous dire que la baisse du pétrole est une bonne chose, mais si je me mets à la place de nos experts commentateurs, plus le pétrole baisse, plus il se transforme en « planète alignée », plus c’est bon pour la consommation !!

De plus cela pèse sur l’inflation et donc pourrait inciter nos grands argentiers à assouplir leur politique monétaire ce qui est bon pour les marchés.

Les marchés actions devraient donc monter lorsque le pétrole baisse.

A l’inverse, lorsque le prix du pétrole monte, ce n’est pas dû à une brusque augmentation de la demande, c’est sur des rumeurs d’entente entre pays producteurs, ce qui aboutirait à une hausse des prix arbitraire ne correspondant en rien à un prix de marché.

Je me mets donc à la place de mes experts commentateurs, la hausse du pétrole pèse sur la consommation, rend mon alignement de planètes beaucoup moins aligné, fait remonter l’inflation et de ce fait rend moins probable une intervention des banques centrales. Cela devrait m’amener à vendre et ainsi à faire baisser les marchés.

Mais ils montent !! Pourquoi ?

Tout simplement parce que les algorithmes n’ont pas été changés !!

En réalité les conséquences d’une hausse sont pires que cela.

Imaginons que le pétrole reprenne 20 %, soit 6$ sur des anticipations d’accord entre pays producteurs, le problème n’est évidemment pas le désalignement des planètes mais la situation de stagflation à laquelle nous serions confrontés.

La hausse des prix se retrouverait dans le CPI (inflation) qui dépasserait donc la cible des 2%.

Madame Yellen et ses petits camarades seraient donc en porte à faux entre ralentissement de croissance et même récession et un CPI supérieur à la cible qu’elle a, elle-même, donnée comme un plafond, qui les contraindrait, soit à se dégager de la cible de 2 % ce qui entamerait encore une fois le peu de crédibilité qui leur reste, soit à monter les taux, ce qui avec le niveau de dette actuelle, et en pleine récession, serait insupportable économiquement.

Il serait donc urgent que nos petits génies de traders informatiques révisent leur formule :

Cj-Cj-1<0 = Achat des indices actions ou baisse du pétrole = achat des indices

Cj-Cj-1>0 = Vente des indices actions ou hausse du pétrole = vente des indices

Ils peuvent aussi quel que soit le sens que prend le prix du pétrole vendre les indices qui sont de toutes façons beaucoup trop chers, mais ça c’est une autre histoire…

Olivier Delamarche

 

1 réponse
  1. Julien FIQUET
    Julien FIQUET dit :

    Une question me vient à l’esprit…En fait les algorithmes peuvent ils être changé en réalité?

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