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Au milieu de nulle part avec des Chiffres Pourris

Vendredi passé, on attendait les chiffres de l’emploi. Ils furent nettement en-dessous des attentes. Encore un coup d’éclat pour l’analyste de chez Goldman qui était venu faire le malin dans les médias pas plus tard que jeudi passé pour nous expliquer que si nous attendions 200’000 créations d’emplois, nous étions stupides car lui, il savait que ça serait plutôt 240’000.

Malheureusement pour lui, ce fût bien une différence de 40’000 emplois, mais pas à la hausse, mais à la baisse. En gros, il a dû passer son week-end enterré dans son jardin en espérant que tout le monde oublie ce qu’il avait dit. Qu’il se rassure, la mémoire de l’investisseur moyen étant de quelques heures à peine, on a déjà tous oublié son nom et son histoire, on peine d’ailleurs à se rappeler qu’il n’y a eu « que » 160’000 nouveaux emplois créés en avril et on se rappelle encore moins que l’on a aussi révisé à la baisse les « super-chiffres- plus-aussi-super » du mois de mars.

Demander à un investisseur de revenir 6 semaines en arrière est clairement une chose inutile qui demande bien trop d’efforts pour si peu. Nous pouvons donc tirer la conclusion suivante :

« À voir les chiffres de l’emploi et la santé de l’économie en général, on peut largement supposer que la FED ne montera rien du tout avant l’automne, la seule chose qu’ils vont probablement augmenter c’est le niveau de la climatisation durant l’été. Il semble clair que ni aux USA, ni au Japon, ni en Europe, nous ne sommes capables de continuer à vivre sans le soutien total et absolu des banques centrales.

Nous voilà donc le 9 mai. Nous sommes suspendus au milieu de nulle part. Les chiffres du trimestre étaient sans intérêt, globalement meilleurs que les attentes, pas pour tout le monde, mais l’un dans l’autre, le marché dans sa globalité n’aura pas bronché. Individuellement, il y aura eu des bains de sang et certains auront de la peine à s’en remettre, mais pour être franc, nous ne sommes pas plus avancés qu’avant. Le marché n’est d’ailleurs ni plus haut, ni plus bas qu’avant le début de la saison des trimestriels.

Les chiffres économiques nous démontrent que la croissance est là, il faut se concentrer très fort pour la voir bouger tellement ses mouvements sont infimes, nous sommes clairement dans le monde de l’infiniment petit, dans le monde de la nano-croissance, mais elle est là.

Il est clair qu’à ce rythme-là, la FED n’est pas prête de continuer son cycle de hausse des taux et Draghi n’est pas prêt de cesser de faire « whatever it takes » pour soutenir l’Europe. Quant à la Chine, il ne se passe pas une semaine sans que les chiffres corroborent les craintes les plus noires ; la croissance est molle et la Chine est devenue presque aussi intéressante, économiquement, que l’Europe. Bien qu’en Europe, il y a des Présidents qui tueraient pour avoir la moitié de la croissance chinoise.

Alors pendant ce temps, je me lève tous les matins pour écrire des commentaires boursiers aussi laconiques qu’ennuyant puisque depuis deux mois, le S&P500 s’est contenté de rester dans sa zone 2050-2100, il ne se passe rien. On cause beaucoup sur des sujets divers et variés, mais l’excitation que ces derniers nous provoquent est souvent de courte durée et si l’on estime que l’on a la mémoire courte dans la finance – en général – là, nous sommes en train de battre des records.

En tous les cas, nous sommes en train d’attendre un signe de quelqu’un quelque part, mais personne ne sait vraiment de qui et surtout quand.

Autrement, l’autre sujet du moment, c’est le pétrole et sa corrélation avec les incendies au Canada. Je dois dire que ces dernières années, lorsque l’on se préoccupait des influences diverses et variées sur le prix du baril, nous n’avons que très rarement inclus le Canada dans la liste des préoccupations principales. Et puis là, tout d’un coup, des incendies monumentaux nous rappellent que s’il y avait soudainement des milliers de barils qui n’arrivaient plus sur le marché à cause des incendies, forcément l’offre allait tout de même s’en ressentir. Du coup, depuis la fin de la semaine passée, le prix de l’or noir est en hausse.

jobs_cartoon_10.05.2015_normal_normalSans compter que s’il y a un truc qui continue de croître en Chine, c’est les importations pétrolières – récemment en hausse de 7.6% – et pour couronner le tout, les Saoudiens ont viré leur Ministre du pétrole ces derniers jours. Al Naimi se retrouve donc au chômage et si l’on en croit les articles récemment publiés au sujet de ce fameux « Prince » qui montait en puissance – le Prince Bin Salman Al Saoud – il ne faut pas non plus se formaliser, puisqu’Al Naimi semblait avoir largement perdu de son influence.

Néanmoins, vous prenez une grosse boîte avec un couvercle, dedans vous y mettez un Ministre du pétrole qui se fait virer, un incendie au Canada et les Chinois qui sont affamés de pétrole et il n’y a pas besoin d’avoir fait math-sup pour comprendre que le mélange devrait pousser le prix du baril à la hausse.

Ce matin le prix du baril est à 45.51$, assez loin des 20$ qui nous étaient promis en début d’année. Mais que l’on se rassure, tout espoir de voir le baril à 20$ n’est pas perdu, parce que ce matin je suis tout de même tombé sur un article qui explique que le rallye à la hausse sur le pétrole est exactement ce qui va le mener à sa propre destruction.

je n’ai même pas pris le temps de lire l’article en question, parce que pour être franc, c’est à peu près aussi intéressant qu’un article qui vous expliquerait pourquoi la semaine prochaine vous allez « enfin trouver les bons chiffres de l’Euro-millions ».China_cartoon_05.06.2016_normal

L’or est à 1286$. On attend d’ailleurs toujours son décollage qui est presque devenu un coup aussi sûr que le pétrole à 20$.

Ce matin l’Asie est partagée, Hong Kong et le Japon sont péniblement en hausse et la Chine recule encore de 2%. Les nouvelles économiques chinoises étant à peu près aussi excitante qu’un film primé au festival de Cannes.

Pour le reste des nouvelles, nous avons les incendies au Canada. Le licenciement du Saoudien, le Barron’s qui parie sur le Dollar Australien, sur Visteon et qui pense que Valeant n’est pas bon marché.

Et pour le reste, franchement, c’est un peu à l’image du marché actuellement, gris, pluvieux et ennuyeux.

Côté chiffres économiques du jour, nous aurons… euh.. rien.. En revanche, il y aura toujours des chiffres trimestriels, mais rien qui devrait faire trembler la planète finance.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.10%, l’Euro/$ est à 1.1408, le yen vaut 107.31, le GBP est à 1.4432, le Dollar/Suisse se traite à 0.9712 et l’Euro/Suisse est à 1.1080. Le Bitcoin est à 453$ et le rendement du 10 ans US est de 1.78%.

Voilà. On attend.

Pour être franc, je ne sais pas ce qu’on attend, mais là tout de suite, je me poserais bien dans une cabane très haut dans la montagne et je prendrais bien du temps pour écrire le livre sur lequel je fantasme depuis longtemps, sans compter que je ne suis pas certain de rater quelque chose dans les 4 prochains mois. À moins que la Grèce se réveille et il serait temps, c’est la saison.

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