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Régime printanier, la détox anti-banques centrales

Nul besoin d’avoir 25 ans d’expérience pour se rendre compte que ces dernières années ont été guidées de main de maître par les Banques centrales. Il vous suffit d’avoir eu les yeux ouverts depuis début 2009 pour savoir que sans Bernanke, Draghi, Yellen ou encore Kuroda, nous serions probablement revenus au troc.

Il est clair que depuis sept ans, l’adage boursier le plus en vogue est clairement “don’t fight the Fed” – ce qui donne, traduit en français: “Ne vous battez pas contre les Banques centrales.”

Si, comme Monsieur Nouriel Roubini, vous avez shorté le S&P 500 parce que, comme Monsieur Nouriel Roubini, vous pensiez qu’il allait à 333, aujourd’hui vous êtes sans doute en train de faire la manche. Pas comme Monsieur Nouriel Roubini, parce que lui, il continue à faire des conférences à 200’000 dollars et il y a des gens qui continuent de l’engager pour cela.

Durant ce froid mois de mai 2016, on commence à se poser des questions. Les techniques de sauvetage mises en place par les Banques centrales, sous forme de rachat de dettes, de baisse des taux ou autres assouplissements quantitatifs sont gentiment en train de montrer leurs limites. Et si l’on prend le temps d’analyser logiquement ce qu’il se passe, il y a de quoi avoir froid dans le dos.

Commençons par le Japon, qui est en avance sur tout le monde, puisque cela fait bien plus longtemps que sa Banque centrale tente de ranimer la flamme de la croissance sous la marmite de l’économie de l’Empire du Soleil Levant. A l’observer, on peut se rendre compte que malgré toutes les méthodes employées, l’économie japonaise continue à être nipponne, ni mauvaise et que la croissance reste aussi dynamique qu’un sushi pas frais.

Aux Etats-Unis, on nous vend une reprise de la croissance et de la dynamique économique à peu près tous les dix jours et en particulier tous les premiers vendredis de chaque mois, avec la sortie des chiffres de l’emploi. Malheureusement, la réalité frappe à notre porte plus souvent qu’espéré. Là aussi, la croissance est anémique.

N’oublions pas l’Europe, puisque Draghi semble plus efficace avec les mots que par les actes. Voilà maintenant près d’une année qu’il “injecte” plus de 60 milliards d’euros par mois dans l’économie européenne et que la réaction de cette dernière est équivalente à celle d’un tronc d’arbre à qui l’on demanderait de se lever et de marcher. Aujourd’hui, les “whatever it takes” de Draghi ressemblent plus à un appel à la motivation des investisseurs qu’à une action concrète de la Banque centrale européenne.

Dans le cadre de ce résumé, je vous ferai grâce de la situation de la Chine, afin d’éviter de vous déprimer encore un peu plus.

Mais alors? Oui, vous devez vous demander pourquoi je vous peins un tableau aussi noir, aussi déprimant que la météo de ce début de mois de mai. C’est simplement pour planter le décor.

Nous voilà en l’année 7 du bull market. Un bull market qui est principalement né de ce soutien offert par l’ensemble des Banques centrales de la planète. Mais aussi pour essayer de vous faire prendre conscience qu’aujourd’hui, l’effet “Banques centrales” semble montrer ses limites. Il y a deux semaines, la Banque du Japon a refusé d’offrir son xième plan de soutien à l’économie, et le Nikkei a craqué psychologiquement en perdant près de 7% en deux jours.

Les autres marchés mondiaux regardent anxieusement chaque apparition de chaque banquier central. Chaque mot, chaque discours est disséqué et interprété par les experts-psychologues du monde de la finance et le moindre signe de “retrait“ aurait des conséquences désastreuses pour les marchés financiers, puis pour les économies.

Le pire réside dans le fait qu’actuellement, les banquiers centraux maintiennent le patient en vie, mais qu’ils n’ont pas forcément les moyens de le remettre sur pieds. Quand on voit combien d’argent et de méthodes différentes ont été employées ces dernières années pour relancer l’économie et que l’effet est à peu près celui d’un placebo, il y a de quoi s’inquiéter.

Imaginez si l’économie américaine devait entrer en récession ces prochains mois, quels seraient les moyens mis à
la disposition de Madame Yellen pour redresser la barre? Personnellement, mis à part faire jouer le “Plus près de toi mon Dieu” à l’orchestre philarmonique de Washington, je ne vois pas.

Il serait peut-être bon de commencer à se désintoxiquer des Banques centrales, mais le seul moyen serait de voir la croissance revenir dans nos contrées. Et là encore, le casse-tête est complexe.

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