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L’ Or à nouveau sur le devant de la scène

Par Nicolas Chéron,  Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr

 

L’or a fêté la nouvelle année en dépassant le seuil psychologique des 1300 dollars et se retrouve ainsi à proximité de ses plus hauts de 2016 et 2017 dans la zone des 1350/1360 dollars. Perméable à la forte hausse des marchés actions, des rendements obligataires aux USA et du Bitcoin, l’or a réussi à tirer son épingle du jeu en 2017 s’adjugeant une performance honorable de 13%.
A travers cette analyse, nous verrons en quoi la saisonnalité des cours de l’or et la baisse du dollar américain ont joué sur la récente reprise. Nous verrons également que le métal jaune est possiblement à un tournant de son histoire et définirons les seuils clés à surveiller dans les mois à venir. 

 

Une saisonnalité propice au rebond

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Graphique mensuel de l’or depuis mai 2013
Source : ProRealtime, au 18/01/18

Fait étonnant mais particulièrement utile, il se trouve que les cours de l’or ont été particulièrement délaissés jusqu’au 15 décembre de chaque année boursière depuis 2013. Cela fait maintenant 5 années consécutives que le métal jaune inscrit ou flirte avec ses plus bas annuels avant de se reprendre par la suite. Sur le graphique ci-dessus il est possible de constater qu’après avoir inscrit un creux en décembre, l’or se reprend nettement en janvier et parfois en février. Prudence néanmoins, puisque la hausse ne perdure pas forcément par la suite, les cours de ce métal précieux étant bloqués par la même zone de résistance depuis des années, autour de 1350/60 dollars.

 

Un facteur à ne pas négliger : le dollar américain

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Graphique mensuel de l’or depuis l’an 2000
Source: Stockcharts.com, au 12/01/18

S’il existe bien un facteur qui explique que les cours de l’or soient remontés ces 15 derniers mois, ce ne sont pas les tensions géopolitiques dont le marché n’a cure depuis plusieurs trimestres mais bien le dollar américain. En effet, le métal jaune est libellé en dollar. Une appréciation de la monnaie américaine aura donc un effet mécanique baissier sur l’or et inversement.

Or, depuis décembre 2016 et la seconde hausse de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), force est de constater que le dollar n’a plus la cote. Sur le graphique ci-dessus, le Buck perd 12% sur les 15 derniers mois. Plus important encore, de fortes similitudes entre la configuration du dollar en 2003 et celle de la période actuelle sont visibles.

Entre 2001 et 2003, le dollar a réalisé 3 tops avant de partir à la baisse, de casser des supports et de perdre 20% par la suite. A l’heure actuelle, nous avons bien 3 sommets, une cassure des plus bas de 2016 et un semblant d’accélération en cours. En d’autres termes, si la suite devait être un bis repetita de la configuration passée, le dollar aurait encore un potentiel baissier non négligeable, dont l’or profiterait bien évidemment.

 

Opportunité historique ou nouveau paradigme ?

Le graphique ci-après traite de la performance relative des matières premières par rapport à l’indice américain S&P500. Lorsque les cours des matières premières s’envolent (or et/ou pétrole dépendamment des périodes) comme en 1973, ces derniers deviennent relativement chers par rapport à l’indice directeur américain. Inversement, lorsque les cours des indices étaient extrêmement hauts comme en 2000, le ratio a inscrit un plus bas de 30 ans, zone à proximité de laquelle nous nous trouvons actuellement. Il est d’ailleurs possible de constater une certaine cyclicité ces 30 dernières années puisque le ratio a inscrit des extrêmes à peu près tous les 10 ans.

En d’autres termes, cela fait 10 ans que le ratio a atteint un point haut, lors de la crise financière de 2008. Il est désormais à proximité d’un plus bas historique, atteint en juin 2017. Aussi, si la cyclicité devait perdurer, les matières premières pourraient surperformer les indices le S&P500 dans les années à venir. Deux possibilités se dessinent dans ce scénario : soit les matières premières se stabilisent et les indices chutent, soit les indices consolident et les matières premières prennent le relais à la hausse. Ces scénarios restent bien évidemment des hypothèses car nous vivons une période historique où la hausse des indices semble inarrêtable. Mais garder ce graphique en tête peut être préférable !

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Graphique de la performance relative des matières premières contre le S&P 500 depuis 1970
Source : OFI AM, janvier 2018

 

L’indécision perdure

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Graphique mensuel de l’or depuis 1999
Source : ProRealtime, au 18/01/18

Les cours de l’or sont actuellement tiraillés par la confrontation de tendances sur différentes unités de temps. A très long terme, sur 20 ans, les cours du métal jaune sont haussiers au regard de l’oblique qui passe par les plus bas ici en bleu. A moyen/long terme, depuis le pic de septembre 2011, une tendance baissière a fait pression sur les cours s’estompant progressivement au profit d’une certaine neutralité ces deux dernières années. En d’autres termes, il convient selon nous, de parler ici d’un range, compris entre les plus bas de 2015 à 1045 et les 1420 testés et réactifs en décembre 2010, puis juin et août 2013.

Les férus d’analyse technique constateront l’établissement d’une base de retournement potentielle avec des plus bas de plus en plus hauts sur les derniers trimestres. Certains entreverront un « rounding bottom », d’autres une potentielle Epaule Tête Epaule Inversée (ETEI), toutes deux figures de retournement avec implications haussières, en cas de cassure par le haut bien évidemment.

 

En conclusion, l’or tient particulièrement bien mais aucun signal n’a été donné pour le moment. Un ralliement voire un dépassement des 1360 dollars serait un point positif et nous laisserait entrevoir un test des fameux 1420 dollars, pivot clé à moyen terme. A contrario, tant que les cours évoluent entre 1200 et 1360 dollars, la prudence reste de mise. Ceux qui ont anticipé la hausse ces dernières années n’ont pour le moment pas été couronnés de succès.

Suivez-nous sur Twitter : @BinckFR et @NCheron_bourse

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