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Indices : toutes les belles choses ont une fin

Par Nicolas Chéron,  Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr

 

L’évolution des indices a déjoué les pronostics les plus optimistes des prévisionnistes ces 12 derniers mois. Il est donc intéressant de faire le point sur l’environnement actuel et d’imaginer ce qui pourrait contrarier cette « trop » belle tendance haussière.
Afin de bien comprendre à quel point nous sommes actuellement dans une période inédite, voici quelques statistiques et probabilités concernant les indices américains qui caracolent en tête des principaux indices de la planète en ce début d’année. 

 

L’année dernière, l’indice américain Dow Jones Industrial Average a inscrit 71 records historiques dans l’année soit un record de records historiques. 95% des séances se sont par ailleurs déroulées avec une volatilité intraday de moins de 1%, soit la plus faible volatilité de l’histoire de cet indice.

Son homologue, le S&P 500, a réalisé une série haussière de 12 mois consécutifs de hausse, ce qu’il n’avait encore jamais fait auparavant. Il se trouve que cet indice a gagné plus de 2% sur les cinq premières séances. Historiquement, cela est arrivé 15 fois depuis 1950. Or, sur ces 15 années où la performance des cinq premières séances était égale ou supérieure à 2%, l’indice américain a terminé 100% du temps sur une année positive avec une moyenne prometteuse de 18,6%.

Ci-dessous, un graphique assez parlant qui permet de comprendre à quel point nous sommes dans une période de complaisance historique, voire d’euphorie. En effet, cela fait 395 jours (à la date du 23 janvier) que le S&P500 n’a pas réalisé une correction de 5%, soit la période sans repli significatif la plus longue de son histoire. Il convient désormais de nous poser la question au sujet d’éléments déstabilisateurs qui pourraient engendrer un repli significatif.

 

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Nombre de séances sans un repli de 5% sur les indices américains
Source : Goldman Sachs pour le Financial Times, au 23/01/18

 

Plusieurs facteurs pourraient engendrer un décalage des prix à la baisse, que ce soit la géopolitique, une détérioration des résultats d’entreprises, un ralentissement chinois ou encore américain, mais force est de constater qu’aucun de ces facteurs ne semble s’enclencher pour l’instant. Au contraire, l’absence de mauvaises nouvelles sur ces fronts fait que les opérateurs restent particulièrement confiants, au regard notamment des indices de sentiment des investisseurs comme des consommateurs européens et américains qui sont au plus haut depuis la crise de 2008.

D’autres éléments pourraient également peser, comme la macroéconomie. En effet, les statistiques économiques à travers le monde ont été particulièrement bonnes et orientées à la hausse ces derniers mois. Au regard de l’indice des surprises du G10 de Citi ci-dessous (entendez surprises en termes de publications macroéconomiques), il semblerait que les indices aient été soutenus pendant le second semestre 2017 par des publications globalement supérieures aux attentes. Toutefois, nous constatons que cet indice de surprise économique est en train de se retourner à la baisse, il faudra donc suivre de près les prochaines publications macroéconomiques pour voir si la situation se dégrade dans les mois à venir.

 

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Indice de surprise économique Citi
Source : Bloomberg au 23/01/2018

 

En attendant c’est encore et toujours la hausse qui l’emporte, accompagnée d’une volatilité extrêmement faible. C’est d’ailleurs sur ce point que nous allons revenir une nouvelle fois, car nous considérons qu’il faut se méfier de l’eau qui dort. Ci-dessous, les résultats de l’enquête mensuelle de Bank of America Merrill Lynch auprès de gérants, afin de déceler la stratégie la plus consensuelle parmi les opérateurs des marchés à un instant T.

Au début de l’année 2017, vous noterez que le trade le plus apprécié était d’être acheteur sur le dollar américain pendant plusieurs mois. Nous savons désormais 12 mois plus tard que ce trade consensuel a été perdant puisque le dollar américain a chuté de plus de 12% sur les 15 derniers mois. Autre exemple, en décembre 2017, le trade le plus consensuel était l’achat de Bitcoin, qui est passé de 20 000 dollars au point haut le 17 décembre à 10 000 dollars mi-janvier 2018. Enfin, en ce début d’année, la stratégie la plus appréciée semble être de vendre de la volatilité (en étant baissier sur le VIX) alors que cette dernière est à proximité de ses plus bas historiques. Autrement dit, si le consensus devait une nouvelle fois se tromper, il se pourrait que la volatilité décale à la hausse et les indices à la baisse, ce qui n’aurait rien d’étonnant.

 

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Enquête du trade le plus consensuel parmi les gérants
Source : BofaML – Janvier 2018

 

En définitive, le consensus de janvier 2017 était extrêmement baissier sur les indices et l’année s’est terminée par un rallye historique. Début 2018, le consensus semble extrêmement haussier, raison pour laquelle nous considérons qu’il faut rester sur le qui-vive. Que ce soit la géopolitique, la macroéconomie ou un élément exogène (et donc imprévisible), les indices sont tellement surachetés et à des niveaux de valorisations jamais vu, qu’un retour de bâton pourrait être d’une extrême violence.

 

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