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Englués dans nos convictions

Pour la première séance de la semaine, les marchés ont donné l’impression d’être dans un marécage, pris dans les sables mouvants et plus tu bouges, plus tu t’enfonces, alors forcément, tu bouges pas.

On a repris les mêmes thèmes qui nous occupent depuis quelques jours. Enfin, depuis que les sujets « bateau » du début du mois ne sont plus à la mode. Les intervenants se sont donc « spécialisés » sur la thématiques des matières premières qui montent, de l’inflation qui monte et donc, par capillarité, des taux qui montent ou qui vont monter encore plus parce que la FED n’aura pas d’autre choix et le 10 ans US va donc aller directement à 3%, voir plus. Mais comme on a le sentiment qu’après les 3%, il n’y a plus rien si ce n’est un grand trou noir, personne ne prends de paris sur ce qui se passera « après ». Le jour d’après les 3% est un peu une marche dans l’inconnu sauf qu’on sait que ça sera moche, horrible et déprimant.

Par moment on a le sentiment que le jour où le rendement franchit la barre des 3%, on va se retrouver dans hiver nucléaire financier.

Hier le rendement s’est arrêté à 2.997%, on y était presque, mais finalement on s’est dégonflé et ce matin on n’est plus qu’à 2.96%. On sent que ça change tout. Ces fameux 0.003% qui marquent la fine ligne entre la fin du monde et le monde merveilleux de la finance tout court.

En tous les cas, l’argumentaire est bien rodé et nous n’avons plus que ça dans la bouche, les 3%, la hausse des taux, l’inflation, nous voici revenus deux mois en arrière. À la limite, c’était presque mieux quand Trump se fritait avec la terre entière à propos des taxes douanières, les marchés allaient mieux et étaient moins sur la défensive. Ce lundi les indices américains n’ont strictement rien fait et, pour ceux qui aiment les statistiques, cela fait 51 jours que nous avons commencé à baisser. Que nous sommes en phase de correction selon certains. Bien que la correction reste à définir. Depuis mai 2008 nous n’avions plus vécu de période déprimante comme celle-là.

Ce qui est vite dit, parce que personnellement je n’ai pas le sentiment que l’on n’a fait que rigoler et danser sur la table depuis 2008. Je me souviens d’un été 2011 où l’on avait quand même moyennement rigolé quand la Grèce menaçait de faire ses valises et que l’on avait du la retenir à la maison avec une boîte de raviolis et quelques milliards distribués généreusement. Toujours est-il qu’il paraît que ce genre de « correction » dure 61 jours en moyenne – bien que Goldman Sachs parle de 70 jours pour être honnête et qu’il faut ensuite 80 jours de trading pour rebattre les records historiques.

J’ai bien pris note. Ma mission est donc la suivante, les 20 prochains jours, j’investis et ensuite, je pars me poser sur une plage et on se retrouve dans 100 jours de trading, ce qui devrait nous mener autour du mois d’octobre pour fêter les plus hauts.

En résumé, nos journées sont passionnantes. On essaie de se convaincre parmi que la thématique de l’inflation est celle qui va nous occuper pendant 12 mois au moins, jusqu’à la récession. Mais en même temps, on n’est incapable de voir plus loin que demain. Et puis on brasse de l’air en analysant les chiffres trimestriels qui sont tous meilleurs que prévu, mais pas assez enthousiasmants pour imaginer que ce soit une bonne nouvelle, puisqu’on le savait déjà. Donc on se demande si ce n’est pas mieux de tout vendre puisque la récession est à nos portes.

Hier les USA n’ont rien fait, mais les Européens terminaient encore une fois en hausse. Pas de beaucoup, mais ça à l’air un peu plus sympa d’investir en Europe qu’aux USA actuellement, puisqu’au moins on essaie d’avancer. Malgré cela, il y a quand même des cadavres pour la journée d’hier, l’UBS en première ligne, puisque la première banque suisse a publié des chiffres que d’aucun qualifieront de « satisfaisants » à « bons », mais insuffisants pour les visionnaires de la finance que nous sommes et qui ne se satisfont pas de la moyenne et qui veulent plus et encore plus. Un profit en hausse de 19%, les attentes des analystes pulvérisées dans tous les secteurs, mais on fait la fine bouche et le titre perdait près de 4% au pire de la journée.

Parfois je dois dire que je ne comprends que moyennement la psychologie du marché. Voir pas du tout. J’envisage la possibilité d’écrire une chronique par année, parce que quand je vois le comportement grégaire des marchés sur les nouvelles à très court terme, j’ai une furieuse envie de me lancer dans l’agriculture biologique et la fabrication du miel.

Bref, l’Europe termine légèrement en hausse, les USA terminent légèrement nulle part. On ne parlera pas de l’or et le pétrole est en train de frôler les 69$ et jamais les Hedge Funds Managers n’ont été aussi « Bulls » sur le pétrole. Ça tombe bien, il y a deux ans on n’a jamais été aussi convaincus que le baril allait à 10$, c’était une certitude et ceux qui disaient ou qui osaient carrément penser le contraire étaient vilipendés et plongés dans le goudron et les plumes et conduit à la sortie de la ville sur un rail de chemin de fer et deux ans plus tard, les MÊMES, viennent te dire que c’est une CERTITUDE que le pétrole va plus haut et que mêmes les TWEETS de Trump qui trouve ça inacceptable – que le baril monte – n’y feront rien, parce que les « experts » pensent que ça ne PEUT qu’aller plus haut !!!!!

Définitivement, je n’aime pas la foule et je déteste quand tout le monde pense la même chose.

Ce matin c’est l’euphorie en Asie, la faiblesse du Yen booste le Nikkei de 0.7% et le reste est en plein délire aussi, puisque la Chine prend 2.2% et Hong Kong 1.2%. Les deux marchés qui ont clairement été les moins bons ces derniers temps semblent avoir trouvé le bon mélange et sont soudainement très en forme ce matin.

Pour ce qui est des nouvelles du jour, on décortique encore les chiffres de Google qui a publié hier soir. Si l’on en croit les chiffres, c’est impossible ou presque, de savoir si c’est bon ou mauvais, la complexité de la structure de Google rend quasiment impossible toute analyse du trimestre. C’est en tous les cas le « feed back » que l’on parvient à lire entre les lignes. En dehors de l’intégration d’un « gain » théorique en capital fait sur une participation en Uber – bien que l’on ne sache pas exactement sur combien d’actions et détenues pas quelles sociétés – il n’est pas simple de trier le bon grain de l’ivraie, dans le doute le titre ne fait rien, d’autant plus que les commentaires post-publications ont été neutre de chez neutre et il est donc très difficile de prendre Google à contrepied.

Autrement, comme on s’ennuie profondément les « stratégistes » sont déjà en train de dessiner les contours de ce que sera le meeting de la BCE de jeudi. Draghi devrait être prudent mais pas trop. Il devrait annoncer de la croissance en Europe, mais pas trop et il devrait préparer le terrain pour annoncer la fin du QE à fin juin, mais pas trop. On sent tout de suite que l’on va vers un marché avec des convictions très fortes et une visibilité à long terme très solide.

Mike Pompeo, l’ex-boss de la CIA a été nommé Secrétaire d’Etat. George Bush père a été hospitalisé après le décès de sa femme et la cour d’appel américaine a déclaré qu’un singe ne pouvait pas détenir le copyright sur une photo… On sent tout de suite qu’il y a vraiment des préoccupations majeures dans le système juridique américain.

Hier soir il y avait la conférence Sohn à New York, traditionnelle conférence où les « stars » de la finance annoncent leurs « meilleures idées d’investissement ». Gundlach est chaud sur le « Oil & Gas » et recommande d’acheter le XOP, en revanche il pousse à shorter Facebook, pour les raisons que l’on connaît. Un autre Hedge Fund encourage tout le monde à acheter du BOX, la plateforme d’échange et de partage de fichiers est appelée à se multiplier par dix si ce n’est plus et ensuite, guérir le cancer. Le gérant de Social Capital a déclaré : « Si vous croyez à l’intelligence artificielle, achetez Google, Amazon et BOX »…

Pendant ce temps, Macron est aux USA pour la première visite d’état depuis l’arrivée de Trump, apparemment ils sont « super potes ». Macron a déclaré qu’ils étaient « pareils » – ils arrivent de nulle part, ils n’étaient pas favoris pour être Président et leurs épouses… euh non, on peut pas parler de leurs épouses…

Côté chiffres économiques nous aurons l’IFO en Allemagne, les New Homes Sales aux USA et la confiance du consommateur. Pour ce qui est des chiffres du trimestre, il y aura du monde. Nous aurons entre autres : 3M, Biogen, Caterpillar, Coca et Cola, Freeport McMoran, Harley Davidson, Lockheed Martin, SAP, Texas Instrument et Verizon. J’en oublie plein, mais sinon c’est trois pages de noms de sociétés et je vais vous perdre.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.25% et la Cryptomonnaie continue de monter. Encore deux jours comme ça et on va nous ressortir le concept du « coup sûr » sur le Bitcoin. Ce matin ce dernier est en hausse de 4% à 9230$.

 

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