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Premier tournage de veste massif de ce début d’année

Il y a une chose de bien dans quand on navigue à un niveau « professionnel » dans la finance, c’est que l’on se rend compte assez rapidement que rien ne change. Nous avons une capacité indestructible de penser tout et son contraire en l’espace de quelques heures, si ce n’est pas quelques minutes.

T comme tensions, mais R comme relatives

Si je prends le temps de résumer rapidement la situation dans laquelle nous étions hier matin à 9h, l’angoisse était palpable et dans l’air, il flottait un certain stress lié au fait que les Iraniens pourraient répliquer et que la probabilité d’une guerre Iran-USA n’était pas à exclure. Hier matin à 9h, la possibilité d’une guerre mondiale qui avaient été mentionnée tout le week-ends sur des réseaux sociaux hyper-bien informés par des gens qui étaient devenus experts sur le Moyen-Orient en 12 minutes en lisant  « Martine part en vacances en Iran » et « Tintin au Pays de l’Or Noir », était déjà mise de côté parce qu’il y a plein de pays sur la planète qui sont moyennement chauds pour entrer en guerre au nom d’un obscur général strictement inconnu jusqu’à la semaine dernière.

Par contre la guerre entre les deux pays faisait peur à certains. Mais c’était hier à 9h du matin. L’Europe commençait donc la journée dans le rouge et y restait jusqu’à la clôture parce que les Américains ouvraient également en baisse pour les mêmes raisons. C’est ensuite que ça a changé de ton. Oui, parce qu’il faut dire qu’aux USA on préfère remonter quand les Européens sont rentrés à la maison.

Soudainement tout alla mieux

Alors que la nuit tombait en Europe, certains investisseurs ont commencé à se demander si on en faisait pas un peu trop avec la guerre en Iran. Certes, c’est gênant de se retrouver encore une fois avec un nouveau conflit au Moyen Orient, mais en même temps, on se demande bien ce que feraient les Américains sans quelques bonnes guerres dans la région. Ils sont là-bas depuis tellement longtemps que l’on se demande même parfois quand c’est la dernière fois qu’il n’y avait pas de militaires américains dans le quartier. Et puis quand c’est pas les militaires, c’est la CIA.

Il est donc difficile de savoir exactement à quel moment de la journée d’hier on a tourné la veste, mais en tous les cas, mais à la place de parler de guerre, de missiles et des 52 cibles en hommages aux 52 otages américains de 1979 dont tout le monde se fout, les experts en finance se sont soudainement rappelés que la FED était super-puissante et qu’elle voulait toujours soutenir l’économie et le marché.

Je ne plaisante pas. Au milieu des références historiques à la haine que se porte les Américains et les Iraniens. Alors que tout le monde était sur Wikipédia pour savoir comment on écrivait Soleimani, si c’était un gentil, un méchant ou une marque de machine à laver la vaisselle, quelqu’un a décrété que la FED était quand même puissante et avait une certaine volonté à soutenir le marché. Je le concède ça n’a ABSOLUMENT rien à voir avec la choucroute que Trump est en train de nous cuisiner à Téhéran, mais il fallait faire diversion.

Il n’y avait plus qu’à…

La suite n’était qu’une formalité Une fois que les intervenants eurent mis de côté le chapitre iranien (pour le moment), le marché américain nous offrait son plus gros « come-back » de ces trois derniers mois. Sachant que nous sommes remontés de -0.6% pour clôturer en hausse de 0.35% – inutile de vous dire que ces trois derniers mois étaient à peu près aussi palpitant que de se taper la projection en série des 12 Palmes d’Or du festival de Cannes de ces 12 dernières années.

Peu importe. En fin de séance à Wall Street on parlait plus de la FED qui soutenait l’économie et de l’éventualité que le Trade Deal entre la Chine et les USA apporte joie et bonheur pendant un demi-siècle que des 52 cibles que Trump voulait défoncer en Iran. Sans compter que certains prenaient tout de même le temps de se rappeler qu’après pratiquement chaque échauffourée politico-guerrière par le passé, les 12 mois qui suivirent furent placés sous le signe du Bull Market – sauf le 11 septembre, mais c’est pas pareil et sauf la guerre du Yom Kippur, mais comme les Américains n’étaient (pour une fois) pas dans le coup, ça ne compte pas.

Bref, tout ça pour vous dire que même en 2020, ça fait plaisir de voir que l’on est toujours aussi doué pour tourner la veste à la vitesse de la lumière et que notre capacité à se souvenir reste toujours aussi courte et qu’à ce rythme-là, dans 5 ans les profs d’histoire n’auront pour mission que d’expliquer aux enfants ce qui s’est passé la semaine dernière dans les émissions de télé-réalité et de récapituler les fils des tweets des politiciens de ce bas monde.

Dégonflage d’or

Alors que les marchés américains semblaient vouloir tirer un trait sur le sujet de la guerre d’Iran, le pétrole s’est instantanément dégonflé, tout comme l’or. D’un point de vue technique les deux semblent avoir effectué leur cassure haussière et laissent supposer que « ce n’est pas fini », mais en attendant l’or est revenu à 1560$ et le baril à 62.50$, alors qu’hier matin les 65$ paraissaient encore à portée de main. Mais forcément, la perspective d’une demi-guerre ne suffisait plus à motiver les troupes et ce n’est pas le fait que Bolton se répande dans la presse pour exprimer son intention de témoigner contre Trump –son ex-patron – pour le couler dans l’affaire de destitution qui allait suffire à angoisser le marché. Il faut dire que si j’étais juge, je donnerais plus de crédibilité au témoignage d’un « serial killer » qu’à celui d’un malade mental du niveau de Bolton. D’ailleurs on peut même se demander qui est le plus dérangé des deux : Bolton ou un « serial killer ».

Ce matin…

Ce matin l’Asie tourne également la veste ; le Japon qui se faisait défoncer hier matin ne se fait plus défoncer du tout ce matin et reprend 1.4%, tout comme Hong Kong et la Chine. Il faut dire que la Chine s’en foutait hier et s’en fout encore un peu plus ce matin, cela fait deux séance de hausse consécutive à Shanghai et les indices sont en train de clairement casser à la hausse.

Pékin a condamné le comportement de Trump et lui reproche de « risquer l’escalade au Moyen Orient », mais on sent bien que les reproches sont modérées, parce qu’en même temps on aimerait quand même bien signer le Trade Deal et que ce n’est pas les Iraniens qui vont relancer l’économie chinoise. Donc on est pas content mais modérément – et en plus l’économie locale semble redonner des signes de vie, on ne va pas gâcher ça, juste pour un type que l’on ne connaissait pas la semaine dernière à moins de collectionner l’album Panini des terroristes mondiaux depuis 5 ans.

Nouvelles du jour (quand même) 

Dans les nouvelles du jour, C’est plutôt maigre. On parle quand même et toujours de l’Iran, puisque le remplaçant de Soleimani veut « virer les Américains » du Moyen Orient – ce qui ne doit pas surprendre grand-monde. Ce qui AURAIT été étonnant c’était qu’il propose de construire un nouveau parcours de golf dans la banlieue de Téhéran pour attirer Trump lors de ses prochaines vacances. Mais dans un manque total d’originalité, il veut juste virer les Américains. D’ailleurs on ne cite même pas son nom. On dit juste : « le successeur de Soleimani » – pas qu’on s’habitue trop à son nom, d’ici qu’il se prenne un drone sur la tronche dans la semaine.

Autrement Bolton est donc prêt à témoigner contre Trump si on lui demande. En Europe on parle de fusion transfrontalière dans le secteur bancaire Unicredito et SocGen sont mentionnées. Boeing aimerait bien lancer une émission obligataire pour essayer de se sortir de la crise du 737MAX. Tesla vient de toucher les 80 milliards de capitalisation boursière – en hausse de 76% depuis leur dernière publication trimestrielle et du fait qu’ils ne perdent plus – ou moins d’argent. Pendant ce temps, BMW et Mercedes valent un total de 100 milliards. Aramco a perdu 10% depuis que les Américains s’exercent au tir sur les Iraniens, du coup on les entend un peu moins sur la plus grosse « cap » du monde. Et pour le reste, j’ai quand même un peu l’impression que l’on est encore en vacances, que l’on cherche le chemin du fitness et du bureau, de toutes façons, on dit que l’année recommence « pour de vrai » le 15 janvier. Histoire de préparer les vacances de février.

Chiffres du jour

Côté chiffres économiques nous aurons le CPI en Suisse, en Europe et en Italie – puis cette après-midi, nous aurons le Trade Balance aux USA et l’ISM non-manufacturier.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.2% et le marché US est à 10 points de ses plus hauts historiques, comme quoi, général ou pas, on est bien peu de chose face à ce monde d’hyper-professionnels que sont les financiers mondiaux.

2 réponses
  1. brobel
    brobel dit :

    j’ai pas bien compris vous ne dites pas assez de quel;produit il s’agit finalement L’OR et kle PETROL sont il a la Hausse en cottation de bouirse …merci

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