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10 Raisons pour un CAC40 à 7000 points

 

A l’heure actuelle il devient très difficile pour des professionnels avisés d’entendre au quotidien des phrases du type « La bourse ne peut que monter », « N’ayez pas peur les banques centrales sont là » ou encore « Les actions sont bon marché ».

Un graphique me vient à l’esprit quand j’entends ces mots :

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En septembre dernier j’ai enregistré une vidéo intitulée « Short qui peut ». Cette synthèse avait pour but d’ « alerter » les personnes qui s’intéressent à mes analyses d’un point haut potentiel de marché. J’anticipais une période de « Topping » suivie d’une période de distribution de 6 à 18 mois (que nous vivons actuellement) avant une rechute des indices (que j’escompte).

Le but de cette vidéo était simple : faire en sorte que les particuliers alertés ne perdent pas 40% de leurs portefeuilles boursiers comme en 2000 et 2008, portefeuilles parfois gérés par des professionnels qui ont justifié leur imprévoyance par l’aspect brutal des mouvements de marchés. La conclusion de cette vidéo n’était pas de tout vendre les yeux fermés mais de profiter des prix élevés pour encaisser, créer des liquidités et enfin couvrir nos avoirs, j’espère que c’est ce que vous avez fait, car la suite arrive. Enfin je citerai James de Rothschild qui disait : J’ai fait fortune en vendant toujours un peu trop tôt.

A travers l’étude que voici je souhaite de nouveau passer en revue les raisons de la chute à venir. En effet, il me semble que des néophytes et parfois malheureusement des anciens, ne se rappellent ni de la loi de la gravité, ni de celle des cycles, reprenons donc les bases. Afin de rédiger ce papier je me suis associé à Thomas Veillet, ancien trader chez UBS, analyste pour nos amis suisses d’Investir.ch, membre des Econoclastes, ThinkTank d’analystes dont je fais également partie…Merci Thomas pour ton franc parlé et tes graphiques.

L’analyse que nous vous proposons comprend quatre volets :

A) Focus sur les USA, dirigeants du monde et des marchés

  • La FED, seule et unique moteur de la hausse
  • Une autre réalité de l’emploi américain
  • La face cachée de la reprise : étudiants et foodstamps

B) Tour d’horizon des records historiques en cours

C) Le paramètre psychologique

  • L’histoire peut se répéter
  • Médias à l’achat ? Attention
  • Bis repetita sur les bancaires ?

D) Analyse de l’indice Français CAC40

 

A travers cette première partie nous verrons les raisons objectives de la hausse des indices, le maquillage des chiffres macroéconomiques et la dégradation de la situation financière et personnelle de nombreux américains.

La FED, seule et unique moteur de la hausse

Allons droit au but. L’indice de référence mondial, le baromètre des marchés, leader du Nikkei au SMI en passant par le CAC 40, j’ai nommé le SP 500, s’est adjugé 200% de performance en 6 ans que je diviserai en deux phases.

Une première phase correspondant à une sortie de crise réelle, un arrêt de la dégradation de certains chiffres macro, un retour à l’espoir après l’atteinte d’un paroxysme de la peur (VIX – Volatility Index à 80), une remontée des marchés après un krach historique, légitime.

Une seconde phase fut orchestrée par les officiels et banquiers centraux. L’objectif semble avoir été l’appréciation mécanique et artificielle de nombreuses classes d’actifs. En toile de fond, le paysage macroéconomique ne cessait de se dégrader. Phase de gain de temps.

Quoi que vous entendiez sur les raisons de la hausse actuelle, une seule est réelle.

Les chiffres économiques aux USA ne s’améliorent pas, les valorisations d’entreprises sont excessives, certains émergents inquiètent (Brésil en récession), le moteur économique chinois continue de décélérer, le taux de crédit aux entreprises reste faible voire inexistant… Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. La seule et unique raison de la hausse des indices boursiers est que tous sont corrélés aux SP 500, lui-même suralimenté par de multiples programmes d’assouplissement quantitatifs à outrance (QE1, 2 et 3). Voyez-vous même la superposition du bilan criblé de dettes de la Réserve Fédérale Américaine (FED) et du SP 500. Le dernier programme arrive à son terme, tout le monde sait qu’il ne sert qu’à alimenter un circuit fermé et l’épée de Damoclès que représente le niveau de la dette aux Etats-Unis, devrait rapidement refaire surface.

L’annotation du graphique ci-dessous dit : « 91% de la variation du SP500 peut être expliquée par un changement du bilan de la FED ». Simple, efficace.

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A ceux qui rétorqueraient que d’autres programmes d’injections de liquidités ou de soutien au système financier prendraient le relais vous savez que ce n’est pour l’instant qu’un vœu pieux qui a bien peu de chance de se matérialiser.

Le cas Japonais est à la limite du risible puisqu’on parlera bientôt du 19ème programme qui a eu pour principal effet de faire baisser le Yen et donc de faire artificiellement monter le Nikkei… mais aussi le prix des denrées alimentaires et les dépenses énergétiques de toute une population. Le QE Européen reste au pire une chimère, au mieux une espérance. D’une part l’objectif principal de Draghi de faire baisser l’Euro et les taux des pays périphériques a été atteint. Cela s’est produit non par des actes, mais par des paroles d’une grande précision digne d’un fin stratège en communication. D’autre part, le QE n’est toujours pas acté, ni accepté par le vrai moteur économique de l’Europe, l’Allemagne. Enfin, les programmes Chinois sont des programmes intérieurs, qui n’ont, à mon sens, que pour but de répondre à l’éclatement de la bulle du crédit et ne pourront pas faire tenir le château de cartes à échelle mondiale.

Une autre réalité de l’emploi américain

Les chiffres de l’emploi aux USA sont une des plus grandes mystifications du système financier. Tous les acteurs savent que les chiffres sont manipulés, améliorés, retournés dans tous les sens pour paraître meilleurs et tout le monde continue de les suivre, de les commenter et de bâtir dessus des stratégies d’investissement. Irrécupérables sont ceux qui pensent sincèrement que ces chiffres reflètent la réalité.

Olivier Delamarche, pourfendeurs des commentateurs béats, interrogé à de nombreuses reprises à ce sujet, a émis des conclusions que je partage totalement. Après avoir étudié les rapports du BLS dans le détail, « résidence secondaire du diable », Olivier livre une analyse sans appel qui fermera ce chapitre.

Simple exemple en avril 2014, les USA perdaient 60000 cadres, hauts fonctionnaires et chercheurs, ils embauchaient en parallèle 150 000 serveurs et personnes à temps partiel. L’analyse des chiffres du chômage doit être quantitative mais aussi qualitative. Ce type de subterfuge ne fonctionne qu’un temps, vous vous en doutez.

Passons au plat de résistance.

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Ci-dessus le taux de participation entre 2000 et 2014 a baissé de 67 à 62,8 %, cela signifie que 13 Millions d’américains ont été sortis de la force de travail, évaporés des statistiques.

Le nombre d’emplois réellement créés depuis le 31/12/2007 en cumul de 768 000, bien loin des chiffres de l’administration Obama. En bleu on constate que l’emploi n’augmente pas mais le nombre de personnes prises en considération fait mécaniquement baisser le taux de chômage.

 

La face cachée de la reprise aux USA : Etudiants et foodstamps

Thomas Veillet :

Dans le monde merveilleux de la finance, depuis des années on ne cesse de nous répéter que tout va bien. Les banques centrales font ce qu’il faut, l’économie est en croissance (surtout aux USA) et rien ni personne ne pourra arrêter la poursuite du rêve américain, qui fait (encore) son retour. Bernanke, puis Yellen, ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour maintenir artificiellement le patient en vie. Force est de constater que l’illusion fonctionne.

Pourtant depuis des mois une chose me fait sauter au plafond, et me fait me dire qu’un jour où l’autre, tout cela va nous revenir en pleine figure, et qu’on ne verra même pas d’où le coup est parti : la croissance des bons alimentaires aux USA, autrement dit des « Foodstamps ».

Depuis 2007, soit le début de la récession aux USA, le nombre d’Américains qui dépendent de l’Etat pour se nourrir est en hausse de 147%. Alors oui, vous me direz que 147% ne veut rien dire et que tout dépend de la base de référence. Eh bien soit, en ce moment, 47,6 M d’Américains ne mangent pas à leur faim, dont 20 M de moins de 18 ans, c’est donc grosso-modo 15% de la population qui est considérée comme très pauvre et en insécurité alimentaire.

Si vous tombez sur un chiffre inférieur ne croyez pas que cela vient d’un brusque enrichissement de certains mais plutôt d’un changement des conditions d’attributions.

Forcément, le contraste est saisissant, quand de l’autre côté « de la chaîne alimentaire », on entend que Larry Ellison – ex-CEO d’Oracle, s’est offert une ligne de crédit de 10 milliards pour ses besoins personnels… Pendant que des milliers de personnes font la queue pour mettre la main sur l’iPhone 6 (1000 $ pour un téléphone), il y en près de 48 millions qui font la queue pour se nourrir.

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Dans le dessin ci-dessus, sur chaque camion est entreposé 2 milliards de dollars en billets de 100$. C’est le budget des Bons alimentaires aux USA en 2011 qui avait déjà plus que doublé depuis 2007. En 2013, il était à près de 80 Mds quand l’administration américaine l’a amputé de 5 Mds.

Et pour conclure ce chapitre je suis tombé sur un autre chiffre qui fait froid dans le dos… Savez-vous qu’aux USA nous venons de battre un autre record : actuellement 1,3 millions d’étudiants (tout âge confondu) est considéré comme étant « sans abri ». C’est une hausse de 8% par rapport à l’année scolaire 2011-2012 et c’est le chiffre le plus haut jamais atteint aux USA depuis le début de la récession en 2007. Tout va bien non ? Mais heureusement, la bonne nouvelle c’est qu’Apple fait tout de même près de 15 milliards de cash tous les trimestres et que Nike a augmenté ses marges le mois passé.

Pour conclure, ci-dessous le graphique qui compare la hausse du S&P500 avec la hausse des bons alimentaires. Plus les américains s’enfoncent dans la misère, plus l’indice monte.

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Partie 2 à suivre demain.

Pour contacter Nicolas Chéron, vous pouvez lui écrire à ncheron@fxcm.fr ou le suivre sur Twitter : @NicolasChéron – Pour contacter Thomas Veillet : tv@investir.ch @investir_ch ou @morningbulll

 

 

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