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L’heure de la comm’ pour l’adoption de l’euro en Suisse a sonné

Les suisses viennent de subir un grand choc suite à l’abandon brutal du taux plancher entre l’euro et le franc suisse. Ce choc a été financier (1) bien sûr mais avant tout psychologique.

Ils ont brutalement découvert qu’ils avaient beaucoup de questions sur la gestion de leur patrimoine. Ceci est plus que légitime. Il est normal que le contribuable père -mère- de famille se pose la question de la gestion de l’argent qui est censé servir son pays, sa monnaie mais aussi de ce que les autorités préparent comme avenir aux générations futures.

Pris par les émotions, le suisse voit se présenter une solution à tous ses maux: Adhérer à la zone euro et adopter la monnaie qui va avec. Il est vrai que le pauvre a moins de risques de se faire dévaliser qu’un riche.

La phase de la communication massive portée par les experts est arrivée pour suggérer cette solution préparée et prévue de longue date. Voici quelques extraits de l’interview d’un professeur au Swiss Finance Institute et à l’Université de Lausanne. Vous le trouverez dans son intégralité sur le site de l’Hebdo.

Quel est le coût de l’indépendance monétaire?

Une grande volatilité du franc. Et un faible taux de croissance de l’économie cette année, voire en 2016 ou, pis, une récession, contrastant avec les années de forte croissance que la Suisse vient de traverser. Mais il est trop tôt pour avoir une vision claire.

A partir de quel seuil de douleur

la Suisse n’acceptera-t-elle plus de payer pour son indépendance monétaire?

C’est bien évidemment subjectif. Dans le passé, les taux d’intérêt étaient nettement plus bas en Suisse que dans les pays voisins. On acceptait donc des coûts parfois élevés pour assurer l’indépendance monétaire. Cette différence a presque disparu aujourd’hui, rendant ces coûts moins tolérables. Actuellement, la Suisse ne tire aucun bénéfice à conserver une politique monétaire indépendante.

Quelles sont les solutions de remplacement?

Si l’on décidait de garder une indépendance absolue impliquant des taux de change flexibles, le pays devrait continuer de vivre avec de très fortes fluctuations de change. Il faudrait donc armer les entreprises exportatrices contre ces variations. On pourrait par exemple introduire des systèmes compensatoires entre secteurs d’activité, les gagnants soutenant les perdants, et vice versa. L’autre extrême, c’est d’abandonner sa monnaie.

Un abandon du franc?

Oui. Ce qui serait une décision extrêmement lourde, évidemment politique.

Ce qui implique?

Une adhésion à l’euro.

L’économie suisse aurait-elle vraiment intérêt à adhérer à une zone monétaire qui cumule les difficultés depuis des années?

La question s’était déjà posée avant la création de l’Union économique et monétaire, dans les années 1990. Si elle franchissait ce pas aujourd’hui, la Suisse se mettrait à l’abri des fluctuations de change avec ses principaux partenaires commerciaux européens. Evidemment, elle perdrait son indépendance monétaire.

Un tel abandon condamnerait la Suisse à subir des hausses ou des baisses de taux d’intérêt décidées ailleurs, à des moments parfois inopportuns. Est-ce vraiment un gain?

Cette contrainte existe déjà. La BNS ne peut pas faire varier les taux d’intérêt exclusivement en fonction des besoins internes de l’économie. Si c’était le cas, elle n’aurait pas besoin de taux d’intérêt aussi négatifs. Mais elle doit essayer d’empêcher une hausse supplémentaire du franc.

Pour sa part, la BCE doit certes tenir compte des réalités économiques de chaque pays de la zone euro, mais le pays dont elle s’occupe en particulier est l’Allemagne. Or, la structure économique de notre voisin du nord n’est pas très différente de la nôtre. La Suisse ne devrait pas souffrir d’être soumise à la politique monétaire de la BCE.

(Source: http://www.hebdo.ch/hebdo/cadrages/detail/%C2%ABla-suisse-doit-choisir-entre-l%E2%80%99ind%C3%A9pendance-totale-et-l%E2%80%99euro%C2%BB ).

(1) Perte qui s’élève aujourd’hui à 100 milliards du côté de la BNS. Viendront se cumuler d’autres pertes. On pense à celles des caisses de pension et autres assurances vie. Des pertes sur les produits (chiffre d’affaires) consolidés des entreprises exportatrices (20%) ne sont pas à négliger car elles engloutiront avec elles leur marge imposable etc. Bien malin celui qui à ce jour pourrait évaluer les dégâts faits par le taux plancher…

Pour mémoire:

https://lilianeheldkhawam.wordpress.com/2015/01/18/comment-la-bns-a-piege-la-suisse-pour-adherer-a-la-zone-euro/

https://lilianeheldkhawam.wordpress.com/2014/10/14/la-banque-nationale-suisse-est-elle-en-route-vers-ladoption-de-leuro-partie-1/

Par Liliane Held-khawam

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