BFM du 29 juin 2015 – Un certain courage

Jacques Sapir

De nombreuses critiques se sont levées face au référendum exercé par Tsipras, le traitant de lâche. Toutefois, Jacques Sapir n’est pas de cet avis. « En quoi est-il scandaleux de consulter les électeurs » concernant le sort de leur pays notamment quand le peuple grec est abreuvé d’information depuis maintenant 5 mois ?

« Oui il y a un certain courage à revenir devant les électeurs sur ce sujet »

Concernant les mesures fiscales demandées à la Grèce, « Varoufakis et Tsipras ont demandé en contrepartie un engagement écrit sur une négociation sur la dette et c’est cela que l’Eurogroupe et la Commission ont été incapables de fournir. C’est donc là la responsabilité de la Commission et de l’Eurogroupe qui est directement engagée. »

De plus, « c’est bien la question de la dette qui est le point de blocage pour l’ensemble des politiques économiques qu’on peut mettre en place en Grèce. » Ainsi, le manque de confiance de l’Eurogroupe dans le plan fiscal d’Alexis Tsipras peut exister, « mais comment voulez-vous qu’Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis aient la moindre confiance sur la proclamation du ‘oui on va aborder la question de la dette’ ? »

Le problème grec n’est pas une question d’argent que lui fournirait la BCE ou le FMI pour la suite « puisque la Grèce est en excédent primaire […] ce qui veut bien dire aussi que la Grèce a fait un effort considérable. »

Qui plus est, les dires de certains économistes expliquant que le manque de réformes pousserait la Grèce à réemprunter dès demain est faux explique Jacques Sapir. « Puisque, aujourd’hui, le gouvernement grec est dans un état d’excédent primaire, ça veut donc dire qu’il y a bien eu les réformes structurelles qui permettent à la Grèce de vivre sans aides européennes à la condition qu’on traite la question de la dette. »

« Je ne dis pas tout effacer, il faut restructurer [la dette]. Étaler dans le temps, peut-être effacer une partie. Rappelez-vous le traitement qui a été adopté sur la dette allemande en 1953, les grecs ne demandent pas autre chose. »

Si la Grèce vote non ce dimanche, Jacques Sapir nous explique que cela n’implique pas nécessairement sa sortie de la Zone Euro. « Le gouvernement grec continue de dire qu’il entend rester dans la Zone Euro » et il a comme atout que la Grèce a « équilibré sa balance extérieure. »

Quoi qu’il en soit, si la Grèce venait à repasser à la drachme dans ce cas, « la Grèce est largement gagnante » puisqu’elle disposerait de services à l’exportation (dont le tourisme) très attractifs malgré des importations en euros.

« Il est complètement abusif et manipulatoire de prétendre qu’un vote ‘non’ ou un vote ‘oui’ trancherait quoi que ce soit dans la question de l’appartenance de la Grèce à la Zone Euro. »

Concernant les conséquences de ces événements sur les pays comme l’Espagne ou le Portugal, « ce dont le public est en train de prendre conscience c’est que l’euro n’est pas une monnaie unique. L’euro c’est en réalité un système de change fixe entre les monnaies. C’est exactement comme si on avait un euro/franc, un euro/mark, une euro/drachme et que les parités entre ces monnaies étaient définitivement fixées.

Ce système ne peut fonctionner que s’il y a des transferts extrêmement importants dans la Zone Euro. L’Allemagne s’y est toujours opposée et c’est pour cela que les pays comme le Portugal mais aussi l’Italie seront très largement touchées en cas d’une sortie de l’euro de la Grèce et qu’il y aura un délitement assez rapide de la Zone Euro. »

Rédigé par Raphaël Becanne

3 réponses
  1. Fiquet
    Fiquet dit :

    Il y a erreur sur le titre « BFM du 19 juin 2015 – Un certain courage » je pense 😉

  2. Archanonyme
    Archanonyme dit :

    Je trouve la présentatrice agressive et de partit pris (niveau présentation pour un audimat, cela me dérange car ça ressemble à de la propagande anti-grec). Je trouve les réactions de Jacques Sapir positives, posées et respectueuse

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