BFM du 21 juillet 2015 – Bull market

Pierre Sabatier

Bull market : Pierre Sabatier VS Cyrille Collet

Notre Econoclaste Pierre Sabatier était sur le plateau d’Intégrale Placements ce mardi 21 juillet 2015. Selon lui, les marchés européens ont quitté le bear market occasionné par la crise grecque puisqu’un accord a été trouvé entre la Grèce et les autres pays de la Zone Euro. Par conséquent, les marchés retournent à leur état initial, c’est-à-dire un bull market.

Cet état a pour cause principale la politique de la Banque Centrale Européenne (BCE) qui a « préempté les marchés obligataires » européens et par conséquent poussé tous les investisseurs à se diriger vers les marchés actions.

« Normalement quand les investisseurs jouent les actions, c’est parce qu’ils jouent un cycle économique favorable. On en aura un tout petit en Europe. »

Toutefois, le marché action a vu arriver, avec la politique de la BCE, des « investisseurs longs qui traditionnellement ont plutôt l’habitude d’acheter des obligations, donc qui iront chercher des actions qui ressembleront à des obligations. »

« A partir du moment où le problème grec disparaît, même si c’est momentanément, on revient sur un bull market »

Pour Pierre Sabatier, l’indicateur macroéconomique à regarder pour juger si le recovery en Europe n’a pas été affecté par le cas de la Grèce « est la résilience en termes de consommation ». En effet, le pilier de la richesse créée en Europe reste essentiellement la consommation. Pour savoir si cette dernière, et donc la croissance, n’ont pas été affectées, il va falloir étudier en détail les chiffres de la consommation. Toutefois à moyen et long termes le potentiel de croissance de l’Europe reste limité entre « +0,5 et +1,5% » puisque cette zone est vieillissante (cf. Conférence de Lille pour comprendre le lien entre démographie et consommation).

Au niveau des entreprises, « on a un mieux conjoncturel, qui va être très bon pour [elles], puisque là encore il y a un alignement des planètes intéressant. » A la différence des Etats-Unis où les entreprises ont été « bien traitées depuis 5 ans », les entreprises européennes commencent à bénéficier d’un recovery « plutôt en lien avec les taux de marge ».

« Ca fait un bon moment qu’on met en alerte sur l’effondrement de la richesse créée dans les BRIC […] et l’un après l’autre on a plutôt eu tendance à avoir raison. »

« Il vaut mieux à l’avenir miser sur la résilience de la richesse créée dans les pays riches parce qu’elle est très auto-alimentée par la consommation des ménages, alors que dans des pays à revenus faibles ou moyens, la résilience de la consommation des ménages est beaucoup plus faible. » Le cas de la Chine illustre bien ce propos puisque le niveau de la consommation en pourcentage du PIB est « ridiculement bas » à savoir proche de 35%.

Si la Chine désirait faire monter ce taux, il faudrait qu’elle augmente « la masse salariale en pourcentage du PIB » et donc tout simplement les salaires. « Or pour augmenter les salaires, là tout le monde le sait, il faut des marges », ce dont ne disposent pas les entreprises chinoises soumises à une rude concurrence. « Aujourd’hui, pour ce pays qui est véritablement le premier contributeur à la croissance mondiale, et depuis longtemps maintenant, on a de sérieux doutes sur la capacité des gouvernants justement à réussir ce pari » de transformation d’un modèle tourné vers l’extérieur à un modèle tourné vers l’intérieur.

Concernant la hausse des taux américains, « est-ce que les entreprises américaines sont capables de la supporter ? Est-ce que ça ne viendrait pas encore mettre un pied dans la mare en ce qui concerne l’évolution des changes du dollar ? ». De plus les chiffres de l’emploi, et notamment les temps pleins, ne sont pas particulièrement bons en juin. Bref, ces questions laissent penser à notre Econoclaste que les taux américains ne remonteront pas en Septembre.

« 25 points de base en Décembre et pas avant. »

Pour Pierre Sabatier, la montée des taux prévue par la FED « n’a strictement aucun intérêt. 25 points de base, 50 points de base, même 75 points de base, c’est de la com’, c’est de la com’ financière pour pouvoir parler derrière », ce que confirme Cyrille Collet. Le vrai risque repose plutôt sur les niveaux de valorisation des entreprises américaines qui sont sur des sommets trop élevés selon notre économiste.

« Pourquoi l’environnement de marché aux Etats-Unis nous semble plutôt propice à la neutralité pendant encore un certain temps ? Parce qu’en réalité peu importe les niveaux de taux directeurs, ce qui compte c’est effectivement, encore une fois, le Quantitative Easing. »

Rédigé par Raphaël Becanne

2 réponses
  1. BA
    BA dit :

    Dans l’Union Européenne, il n’y a pas que la Grèce.

    Neuf pays de l’Union Européenne sont en faillite.

    La Grèce, l’Italie, le Portugal, la Belgique, l’Irlande, Chypre, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni sont en faillite.

    Chiffres Eurostat publiés le mercredi 22 juillet 2015 :

    1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 301,527 milliards d’euros, soit 168,8 % du PIB.

    2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2184,492 milliards d’euros, soit 135,1 % du PIB.

    3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 225,924 milliards d’euros, soit 129,6 % du PIB.

    4- Belgique : dette publique de 447,843 milliards d’euros, soit 111 % du PIB.

    5- Irlande : dette publique de 203,624 milliards d’euros, soit 109,7 % du PIB.

    6- Chypre : dette publique de 18,700 milliards d’euros, soit 106,8 % du PIB.

    7- Espagne : dette publique de 1046,192 milliards d’euros, soit 98 % du PIB.

    8- France : dette publique de 2089,361 milliards d’euros, soit 97,5 % du PIB.

    9- Royaume-Uni : dette publique de 1600,020 milliards de livres sterling, soit 88,5 % du PIB.

    http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/6923267/2-22072015-AP-FR.pdf/864a048a-c5dd-4eed-a381-c79c8b24ef0b

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