BFM du 8 septembre 2015 – Allemagne et migrants

Jacques Sapir

Crise chinoise

Alors que les importations chinoises marquent pour le dixième mois consécutif une baisse, « les marchés ont pris acte du ralentissement économique » de la Chine et « l’ont intégré ». Ce faisant, ce nouveau chiffre n’a pas eu un impact aussi lourd qu’il aurait pu avoir sur les marchés financiers. Le gouvernement chinois tente, quant à lui, de trouver des moyens pour gérer la crise qui se déroule dans son pays, notamment par la mise en place de mesures fiscales maintenant.

« Le gouvernement chinois a racheté une grosse partie des actions qui avaient été vendues dans ces dernières semaines. »

« Le véritable problème, c’est bien de réussir -mais à moyen terme- le basculement d’une économie qui était largement tournée vers les exportations et l’extérieur, vers une économie qui est plus largement tournée vers le marché intérieur. » Pour ce faire, le gouvernement chinois va devoir trouver les moyens de réduire les inégalités au sein de sa population et, entre autres, entre les citadins et les ruraux.

« C’est cette égalité qui va, en réalité, construire progressivement un véritable marché intérieur pour la Chine. »

Allemagne et migrants

La décision de Mme Merkel visant à accueillir jusqu’à 800 000 migrants « est parfaitement logique » d’un point de vue économique selon Jacques Sapir. En effet, l’Allemagne, qui a un taux de natalité près de deux fois inférieur à la France, manque de main d’œuvre pour les années à venir et pourrait bénéficier de l’arrivée des migrants. Cependant « il faut comprendre que, dans un premier temps, cela va coûter à l’Allemagne des sommes relativement importantes. […] Après, cela peut rapporter évidemment de l’emploi […] mais cela va aussi jouer un effet important pour tirer les salaires allemands à la baisse. Plus exactement, pour les empêcher de monter trop vite. »

« L’un des principaux soucis pour les industriels allemands, c’est d’être confrontés à des pressions salariales extrêmement fortes, non pas aujourd’hui, mais dans les trois à cinq ans qui viennent, tout simplement parce qu’il n’y aura plus assez de travailleurs. »

Il est donc important de prendre en compte que le très beau geste allemand a pour but de favoriser les entreprises allemandes dans les années à venir, via la maîtrise de la hausse des salaires allemands. Cependant, d’après Jacques Sapir, « il faudrait en réalité, pour l’Europe, qu’il y ait ces hausses salariales en Allemagne. Et de ce point de vue-là, il n’est pas sûr que ce qui est bon pour l’Allemagne, par exemple d’accueillir ces 800 000 réfugiés, soit bon aussi pour l’Europe. » L’impact pour l’économie française, de l’accueil de 24 000 réfugiés sur 2 ans est, quant à lui, dérisoire.

Rédigé par Raphaël Becanne

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