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Le report du « tapering » américain, une interprétation excessive ?

À quelques jours des comités monétaires de la BCE (le 22 octobre) puis de la Fed (le 28 octobre), les stratégies des banques centrales représentent toujours le principal « carburant » du sentiment de marché. Concernant la Banque centrale européenne, la tendance est toujours au dopage monétaire massif. Et pour une durée assez longue. Dans ses derniers messages envoyés aux marchés, la BCE a garanti être en mesure d’agir pour élargir son quantitative easing ou le prolonger, si d’aventure davantage de pressions déflationnistes mettaient en danger la reprise économique européenne.

En revanche la perception de la stratégie de la Fed par les investisseurs a évolué. Les derniers signaux provenant d’Outre Atlantique alimentent un scénario désormais « acheté » par les investisseurs, celui d’un resserrement monétaire américain assurément reporté à l’année prochaine. Cette option ouvertement défendue par deux membres du FOMC hier, est naturellement interprétée positivement par les marchés, qui y voient une fenêtre d’appréciation supplémentaire pour les actifs risqués, actions en tête.

La Fed ne sous-estimera pas les risques d’une hausse de taux trop tardive
La conviction nouvelle des marchés selon laquelle le relèvement des taux directeurs de la Fed n’est plus vraiment une urgence à court-moyen terme doit être relativisée. N’oublions pas que la banque centrale américaine s’est explicitement engagée dans un cycle de normalisation le jour où elle a décidé la diminution graduelle de son programme de rachats d’actifs, jusqu’à son extinction complète, l’année dernière. N’oublions pas non plus qu’il n’ y a pas si longtemps, la perspective d’une hausse imminente des taux d’intérêt américains déstabilisait les marchés obligataires, preuve que le resserrement des conditions monétaires était alors, dans l’esprit des intervenants de marché, le chemin inéluctable vers une cycle de croissance économique autonome.

Janet Yellen ne s’est, de son côté, pas encore prononcée sur le timing précis du relèvement des taux et il faudra attendre la prochaine réunion pour connaître la position de la banque centrale. De ce point de vue, les investisseurs enterrent peut-être un peu vite les risques associés à un resserrement trop tardif, finalement contre-productif pour la reprise économique américaine. Sans aucun doute, Janet Yellen ne manquera pas de considérer ces dommages potentiels.

Le mouvement d’appréciation du dollar est épuisé… et le relèvement des taux US n’y changera rien
Enfin, il existe un autre écueil que les investisseurs doivent éviter : contrairement aux idées reçues, l’influence prêtée aux banques centrales sur l’évolution du cours de la paire EUR/USD n’opèrera plus aussi fortement dans les mois à venir. En tout cas, le sens de l’appréciation ne sera pas celui attendu ! En effet, le billet vert ne s’appréciera pas forcément face à l’euro, que la Fed remonte ses taux en octobre, décembre ou plus tard au cours de l’année 2016. Le consensus a toujours estimé que la divergence effective des politiques monétaires – entre hausse des taux directeurs américains et quantitative easing européen – représentait un facteur mécanique d’appréciation pour le dollar face à l’euro.

Or, ce n’est pas une fois les décisions monétaires actées (et les mesures déployées) que le cours de ces devises évoluent, mais bien avant (voir graphe en bas de page). Les trois dernières remontées de taux aux Etats-Unis (en 1994/1995, 1999/2000 et 2004/2006) ont démontré que le dollar s’appréciait avant l’annonce formelle de la Fed, lorsque les marchés étaient dans l’anticipation et l’hypothèse, puis se stabilisait après l’annonce. Aujourd’hui, la configuration est similaire, le dollar s’est déjà apprécié fortement face à l’euro pour atteindre un point haut en mars dernier (EUR/USD à 1,05). Désormais le billet vert ne devrait pas aller au-dessous de la parité (alors que nombreuses banques l’envisageaient, à l’image de Goldman Sachs, qui visait 0,80 en mars dernier !) et l’hypothèse la plus crédible est celle d’un retour vers 1,20 / 1,25 à l’horizon des six prochains mois. L’effet de surprise s’est fané, la hausse des taux directeurs US et le programme de rachats d’actifs européen, même s’il venait à être renforcé, sont depuis longtemps intégrés dans la valeur des devises !

Par Nicolas Chéron, Stratégiste pour CMC Markets

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