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En attendant Yellen, Draghi et la fin de l’année…

En général ; on attend.

On ne va pas se voiler la face, il est clair que pour ceux qui ont encore le moindre intérêt pour les marchés en cette fin d’année qui fût longue et compliquée, même si techniquement elles durent toutes plus ou moins 365 jours, 2015 aura été usante pour les nerfs, ceux qui s’intéressent encore aux marchés sont fatigués de spéculer sur un éventuel événement, un éventuel « peut-être que nous allons… », maintenant ils veulent savoir.

Et comme cette semaine nous sommes proche de l’écurie, il y a comme une sorte d’impatience dans l’air. De l’impatience entremêlée d’incertitude.

Aux USA, on a donc fait mine de s’intéresser aux nouvelles macro-économiques avec la publication de quelques chiffres que l’on a jugé dignes d’intérêt. Chiffres que nous aurons oubliés dans les 24 prochaines heures – et encore, c’est une estimation optimiste – mais hier et pendant 60 minutes en tous les cas, ils ont eu leur heure de gloire.

Il y a donc eu l’ISM Manufacturing Index qui a été publié.

Encore une fois les économistes attendaient 50.5 et encore une fois ils se sont largement gourés, puisque c’est sorti à 48.6 – ceci nous amène à deux réflexions conjointes.

A) on se dit que si les économistes continuent à attendre le bus à 300m de l’arrêt prévu, ils ne seront jamais à l’heure au bureau. Peut-être qu’à l’avenir ils devrait utiliser une procédure d’estimation différente, à savoir : quand ils trouvent un chiffre, ils devraient le corriger automatiquement de 10% à la baisse ou à la hausse, comme ça ils auraient au moins une 50% de chances d’être juste. Contrairement à actuellement où ils sont à chaque fois 10% (plus ou moins) à côté.
B) Economiquement parlant, le secteur manufacturier américain EST en récession !!!

Normalement, avec une nouvelle pareille, en général on s’enfuit on courant en hurlant : « tout est fini, on va tous mourir, l’économie est en récession, les années 30 sont à nos portes !!! » – les années 1930, on s’entend bien.

Mais là, NON !

Mais alors POURQUOI ??? Me direz-vous !

Et vous aurez bien raison.

Je serais tenté de vous répondre : « ben,… parce que… » – mais ça serait trop réducteur.

Donc, le secteur manufacturier américain est en récession et c’est une catastrophe. Oui, MAIS. Parce qu’il y a toujours un MAIS dans un bon film policier. Donc, oui mais le secteur manufacturier ne représente que 12% de l’économie américaine et que les 88% qui restent se portent super-bien selon les économistes. Les mêmes qui se sont gourés dans leurs prédictions à propos des chiffres sur les 12% de l’économie. Ce qui n’est pas forcément rassurant, mais comme on a déjà oublié que c’est les mêmes, c’est pas grave.

En résumé, UNE PARTIE de l’économie US est en récession, mais le reste danse tout nu sur les tables des restaurants en sabrant des bouteilles de champagne à la chaine avec leurs iPhone 6S (si, c’est possible).

climateC’était une mauvaise nouvelle, mais nous l’avons bien gérée. La croissance du GDP reste donc solide et hier nous avons eu les dépenses de la construction qui étaient au plus haut depuis 8 ans, tout va donc très bien et c’est un plan qui se déroule sans accroc pour l’équipe de l’Agence Tous Risques de la FED. On notera au passage que le Président de la FED de Chicago, Richard Evans, a déclaré que « monter les taux en décembre ne serait pas une bonne idée », mais le marché ne l’a même pas écouté, tellement ça fait trois mois qu’il répète les mêmes choses.

Et puis les ventes de voitures étaient globalement pas mal, sauf Volkswagen qui a raté un virage, comme on pouvait s’y attendre. Les ventes de VW étaient en baisse de 24.7% pour le mois de novembre.

En ce qui concerne les histoires du jour, on retiendra que Gigatronics est montée de 132% après avoir annoncé un deal avec Lockheed et que tout le monde achetait de l’Amazon, parce que le CyberMonday était un succès.

En Europe les chiffres économiques, les PMI’s étaient plutôt bons. Surtout en Italie où on dirait qu’il se passe quelque chose, puisque les données étaient au plus haut depuis 4 mois. Mais cependant, à 48 heures du meeting de la BCE, les intervenants n’étaient pas super-chauds pour faire du shopping, ils en avaient marre d’espérer sur du vent et à l’heure actuelle, ils préfèreraient « acheter les faits plutôt que la rumeur ». Il y avait donc quelques vendeurs qui faisaient de la place dans les portefeuilles histoire de pouvoir profiter de la baisse des taux de demain et de la rallonge du QE – enfin, normalement.

On citera Linde qui s’est faite démonter après avoir annoncé qu’ils baissaient leurs prévisions pour 2017 – le titre perdait 14%. C’est fou, on ne sait même pas où l’on sera jeudi soir, économiquement parlant, mais les types ils arrivent déjà à faire des projections pour 2017 !!! Ils ont retrouvé la De Lorean de Retour vers le Futur et il y avait l’almanach de Marty McFly dedans ou bien ????

Non, parce que faire des projections sur le long terme alors que l’on a la tête dans le guidon est devenu très à la mode, il y a trois jours encore, Bank of America annonçait son objectif pour le S&P500 à 3500 pour 2025 et hier la Société Générale annonçait la fin du Bull Market pour 2017… Par contre rien pour 2016. On dirait qu’il y a comme un trou dans le continuum espace-temps et si ça se trouve, le 31 décembre on va sauter directement en 2017 et 2016 n’aura jamais existé !!!!

On saluera aussi Volkswagen qui perdait 2.74% pour ses ventes en baisse de 25%, l’or qui ne baisse pas – qui ne monte pas non plus d’ailleurs, puisqu’il reste à 1068$ et le pétrole qui ne fout strictement rien en attendant les inventaires de ce soir qui seront sûrement au-dessus des attentes. Pour le moment le baril est à 41.57$.

Ce matin il ne se passe rien en Asie, la Chine et Hong Kong montent à peine et le Japon baisse à peine.

pfeDans les nouvelles du jour, Mark Zuckerberger a annoncé qu’il allait donner 99% de ses actions Facebook. Inutile d’aller « liker » son profil sur Facebook, il ne va pas vous les donner À VOUS, mais à sa propre organisation de charité et cela, au cours de sa vie. À noter tout de même que quand vous ne conservez «que » 1% de 45 milliards, ça fait encore beaucoup d’argent.

Voici la lettre qu’il a écrite à son fils pour lui annoncer alors qu’il vient de naître que son héritage vient de prendre un sacré coup dans l’aile :

“Today your mother and I are committing to spend our lives doing our small part to help solve these challenges. I will continue to serve as Facebook’s CEO for many, many years to come, but these issues are too important to wait until you or we are older to begin this work. By starting at a young age, we hope to see compounding benefits throughout our lives.

As you begin the next generation of the Chan Zuckerberg family, we also begin the Chan Zuckerberg Initiative to join people across the world to advance human potential and promote equality for all children in the next generation. Our initial areas of focus will be personalized learning, curing disease, connecting people and building strong communities.

We will give 99% of our Facebook shares — currently about $45 billion — during our lives to advance this mission. We know this is a small contribution compared to all the resources and talents of those already working on these issues. But we want to do what we can, working alongside many others.” – M. Zuckerberger

Pendant ce temps, le Brésil est en récession, l’économie se contracte de 4.5% et Roussef se trouve dans une situation plus que délicate. Actuellement, elle doit être à peu près aussi populaire au Brésil que l’équipe de France un soir de juillet 1998.

Ailleurs dans le monde, les grecs veulent fermer les frontières pour répondre à la crise des migrants, l’Europe crie au scandale et au même moment les USA demandent instamment aux Turcs de fermer leurs frontières avec la Syrie pour empêcher la transhumance de débiles mentaux qui veulent rejoindre l’ISIS, mais là, l’Europe est d’accord. Ils ne sont pas très clairs dans leurs prises de positions ces Européens.

RWE va mettre son business énergies renouvelables en IPO. Le Hedge Fund BlueCrest rembourse tout ses investisseurs et va se concentrer sur la gestion de l’argent des partenaires et des employés. Apparemment, ils en ont plein le dos (c’est la version polie) des nouvelles réglementations, des réductions des frais et autres tracasseries administratives que les autorités se font un plaisir d’inventer toutes les semaines et mon petit doigt me dit que ce n’est pas le premier et que ce n’est pas le dernier non plus. Il doit y avoir plus d’un Fund Manager qui doit être un peu lassé de passer son temps à justifier le moindre de ses mouvement et de passer un IRM et un scanner complet à chaque fois que l’on investit 1 million dans son fonds.

On s’autorise à penser dans les milieux autorisés que Yahoo ! pourrait encore vendre certains de ses assets principaux – en gros, son internet business. Perso, je me demande ce qu’ils vont bien pouvoir faire après. Quand à l’éventuel acheteur, on lui souhaite bon courage ; acheter un business en déclin avec Google et Microsoft comme premiers concurrents, c’est ce que l’on appelle « un challenge ».

Et puis le PIB suisse a stagné au troisième trimestre. La croissance sur un an n’est que de 0.8% et de ce point de vue-là, la Suisse avance deux fois moins vite que l’Europe qui se traîne déjà comme une tortue, on n’avait plus vu une chose pareille depuis plus de 15 ans – la BNS va se réunir la semaine prochaine, peut-être qu’elle va encore nous inventer un truc pour relancer l’économie, je ne sais pas moi ; les taux négatifs.

Du côté de l’Europe en tous les cas, on attend impatiemment l’arrivée du Dieu Draghi qui devrait descendre parmi les siens dès demain 13h45 heure de Bruxelles. Quant à savoir quelle est sa marge de manœuvre pour sauver le monde de ce côté-ci de l’Atlantique, c’est une autre histoire. En tous les cas, ne rien faire n’est pas une option et je ne suis pas convaincu qu’un beau discours accompagné d’une pluie de confettis puisse suffire.

cyberCôté chiffres économiques du jour, nous aurons le chômage en Espagne, le PPI-CPI en Europe, les nouvelles demandes d’hypothèques aux USA, les chiffres ADP, le Unit Labor Costs, l’ISM de New York, les inventaires pétroliers et le Beige Book. Par contre LE truc de la journée, c’est Yellen qui va causer. Il paraît peu probable qu’elle dévoile ce qu’elle va faire avec les taux, mais comme nous sommes de grands enfants, on va l’écouter quand même, on ne sait jamais, sur un malentendu, elle va peut-être nous lâcher un truc.

Pour le moment les futures sont en hausse de rien du tout, l’Euro/Dollar retrouve les 1.06 après les mauvais chiffres US d’hier et les commentaires déprimants d’Evans, ce matin il s’échange à 1.0612. Le yen est à 123.08, le rendement du 10 ans US est de 2.16% et le Bitcoin s’échange à 350$.

Côté Suisse, l’Euro/Suisse est à 1.0899 et l’Euro/$ est à 1.0271 et le rendement du 10 ans Suisse est de moins 0.394% – merci de nous avoir prêté de l’argent.

Je crois que l’on va arrêter là pour ce matin. Demain on parlera de la BCE et de la tenue hyper-tendance que portait Yellen lors de son discours de ce soir et puis ensuite on attendra patiemment l’entrée en piste de Draghi en chantant autour d’un feu de camp. En attendant, je vous souhaite une très bonne journée et un excellent double mocha macchiato qui vous apportera à peu près 15% des calories nécessaires pour la journée.

1 réponse
  1. Creditpolis
    Creditpolis dit :

    Merci pour ce « petit » résumé du jour ! Une chose qui me frappe très souvent ces temps-ci, c’est le fait qu’on essaie de faire des projections à long terme alors que toutes les décisions économiques prises actuellement le sont dans l’urgence sans prendre en compte le long terme, justement…

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