,

Qui du PIB ou du pétrole est apparu en premier?

C’est un long débat qui agite régulièrement un certain nombre d’économistes et d’experts: est-ce la croissance du PIB qui fait augmenter la production de pétrole ou l’augmentation de la production de pétrole qui permet la croissance du PIB?

Les longs débats, c’est très bien mais les dessins, c’est beaucoup mieux!

 

 

 

Intéressons-nous pour commencer à ces 40 dernières années et essayons de modéliser la croissance du PIB mondial en fonction de l’extraction de pétrole:

Croissance du Produit Mondial Brut réelle et modélisée par l’extraction de pétrole (en milliers de milliards de dollars US)

GWP Oil extraction

Source: Nicolas Meilhan et Ian Schindler

Hum…j’ai l’impression qu’il se passe un truc entre ces deux-là. Mais qui est donc la poule? Et qui est l’oeuf?

C’est là que cela se complique (ou pas) – le PIB et le pétrole sont à la fois l’œuf et la poule! Ou plutôt ils alternent les rôles:

  • En période de contrainte sur la disponibilité de pétrole, comme lors des chocs pétroliers puis à partir de 1995, c’est bien le pétrole qui est la poule avec une corrélation très forte entre la croissance du PIB et sa modélisation par l’extraction de pétrole
  • En période d’abondance de pétrole, comme lors du contre-choc pétrolier de 1980 à 1995 et du tournant de la rigueur des années 1980, cette corrélation est beaucoup moins forte: c’est le PIB qui est devenu la poule et le pétrole l’œuf

Si on prend un peu de recul – 2000 ans, il se passe un phénomène assez étrange en 1870 avec un décollage exponentiel du PIB mondial qui double tous les 20 ans – de là à affirmer que c’est lié à la découverte du pétrole 10 années plutôt, il ne faudrait pas non plus exagérer…

Evolution du PIB Mondial  de 0 à 2014 en Billions de dollars de 2014

pib 0 2000

Source: Angus Maddison

Si j’ai bien compris, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et tant qu’il y a du pétrole, il y a de la croissance!

Il faudrait juste que sa disponibilité n’ait pas la mauvaise idée de se mettre à diminuer, comme le prévoient certains oiseaux de mauvais augure, car j’en connais un certain nombre que cela ne va pas arranger au premier rang desquels figurent nos chers représentants qui ne jurent tous que par la croissance!

Nicolas Meilhan

 

11 réponses
  1. John
    John dit :

    L’exploitation du charbon est antérieur au pétrole et a peut-être à voir avec le début de la croissance exponentielle du XIXe.

  2. Nicolas Meilhan
    Nicolas Meilhan dit :

    Vous avez raison John – cela se voit clairement sur la slide 4 de la présentation « la fin de la croissance? »

    Mais c’est la découverte du pétrole et de son utilisation en tant que lubrifiant à la fin du 19ème siècle qui a permis l’accélération exponentielle de l’utilisation du charbon avec des machines à vapeurs désormais lubrifiées avec du pétrole (et non avec de l’huile de baleine qui commençait à manquer).

    Je vous renvoie à la bible du pétrole écrite par Matthieu Auzanneau: « Or noir, la grande histoire du pétrole »
    https://books.google.co.uk/books?id=hWYcBwAAQBAJ&lpg=PT49&ots=Kal3HUa36d&dq=p%C3%A9trole%20lubrifiant%20machine%20%C3%A0%20vapeur&hl=fr&pg=PT49#v=onepage&q=p%C3%A9trole%20lubrifiant%20machine%20%C3%A0%20vapeur&f=false

  3. Thierry Caminel
    Thierry Caminel dit :

    Bonjour Nicholas,

    Gael Giraud à montré, par des tests statistiques sophistiqués, que pour tous les pays étudiés, la hausse de la consommation énergétique a précédé la baisse du PIB, et qu’il y a bien eu causalité, et pas seulement corrélation:

    C’est ici: http://www.parisschoolofeconomics.eu/IMG/pdf/article-pse-medde-juin2014-giraud-kahraman.pdf

    La conclusion est:
    “we show that energy and growth are cointegrated and primary energy consumption univocally Granger causes GDP growth. This confirms the results on cointegration and causality between energy consumption and growth already obtained elsewhere”

    Voir aussi l’interview de Gael et la vidéo de sa présentation de ses travaux (notamment la question de la causalité) ici:
    http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/04/19/gael-giraud-du-cnrs-le-vrai-role-de-lenergie-va-obliger-les-economistes-a-changer-de-dogme/

  4. Nicolas Meilhan
    Nicolas Meilhan dit :

    Salut Thierry,

    Je connais effectivement bien les travaux de Gaël mais je ne suis pas à l’aise avec trois points:

    – il est sur du PIB ou de la consommation d’énergie par habitant. Pourquoi? Je préfère être sur des données brut sans diviser par la population
    – il est sur de la consommation d’énergie primaire alors que je suis sur de l’extraction de pétrole
    – il résonne sur des taux de croissance alors que je suis sur des valeurs absolues qui sont plus représentatifs selon moi de flux physiques

    Je préfère donc le modèle que j’ai emprunté à Ian Schindler pour l’applique au PIB et à l’extraction de pétrole
    http://peakoilbarrel.com/empirical-model-oil-prices-implications/

    J’ai demandé plusieurs fois à Gaël ce qu’il pensait de mon modèle mais sans réponse pour l’instant.

  5. Thierry Caminel
    Thierry Caminel dit :

    Nicolas,
    Tout les modèles disent globalement la même histoire. Gael s’adresse aux économistes et établit une équation de Cobb-Douglas, comme Kummel ou Ayres et Warr. Celle ci est bien sur des valeurs absolues (‘Y’) . L’étude différentielle lui permet de déterminer, avec des méthodes statistiques sophistiquées, que la variation de le conso d’énergie l’énergie précède une variation corrélée du PIB. Je ne vois pas le problème.
    Quand au PIB par habitant, il permet de comparer les pays entre eux, tout simplement.
    Enfin, je pense moi aussi que l’énergie primaire est un meilleurs proxy de la croissance que le prix du pétrole du papier de Ian, ou que le seul pétrole car celui ci peut être, dans une certaine limite, remplacé par une autre énergie sans impact sur le PIB. C’est l’énergie qui est le moteur de l’activité économique, pas seulement le pétrole (même s’il a un rôle prépondérant)

  6. Nicolas Meilhan
    Nicolas Meilhan dit :

    Thierry – Ian Schindler a modélisé l’évolution des prix du pétrole en fonction de son extraction (et de sa dérivée première).

    J’ai simplement repris son équation extrêmement simple pour voir ce que donnait une modélisation du PIB par l’extraction de pétrole et il se trouve que ca marche plutôt bien!
    Cela me permet de modéliser une « demande » – le PIB – en fonction d’une « offre » – l’extraction de pétrole, et donc d’affirmer que notre PIB est contraint par la disponibilité de pétrole – ce n’est pas du tout le même message que celui issu des papiers de Gaël.

    Ce modèle n’a cependant aucun prétention puisqu’il n’est pas peer-reviewed, n’utilise pas des équations compliquées de grands mathématiciens et m’a littéralement pris 5 min à construire.

  7. Thierry Caminel
    Thierry Caminel dit :

    Nicolas, je ne comprends pas la différence des messages. Gaël (et d’autres), montre que l’énergie contribue à 60% du PIB. Comme la principale source d’énergie, le pétrole, est peu substituable, et que la production de celui-ci est contrainte, ça montre bien que « notre PIB est contraint par la disponibilité de pétrole », non? (voir par ex. le 1er diagramme de l’article de Matthieu Auzanneau).

    Il est d’ailleurs probable que l’équation de Ian « marcherait » tout aussi bien si elle était sur l’énergie primaire, tout comme marchent bien les modèles construits en 5 min autour de l’équation de Kaya et l’évolution de l’intensité énergétique du PIB (voir mon site), ou des modèles basés sur les CAPEX, ou la productivité (Gordon), etc.
    Tous ces modèles se complètent, plutôt qu’ils s’opposent.
    L’intérêt des papiers écrits par des économistes professionnels et publiés dans des revues à comité de lecture, c’est qu’ils ajoutent de la crédibilité à cette vision de l’économie que nous partageons. On en a plus que jamais besoin !

  8. Nicolas Meilhan
    Nicolas Meilhan dit :

    Thierry – j’ai essayé d’expliquer la différence entre les 2 approches pour ceux comme toi qui regardent le sujet de près.
    Pour les moins « éduqués », on peut en rester au message que le PIB dépend fortement de l’énergie.

  9. GUS
    GUS dit :

    oui, l’idée c’est de réserver la voiture individuelle aux déplacements pour lesquels l’alternative est difficile, ou simplement pénible. Par exemple, je vis en proche banlieue de Paris, je vais au taf en TC, je fais mes courses à pied dans mon quartier. Par contre, quand il s’agit d’aller en vacances ou en WE à la campagne avec ma femme et deux enfants, on sort le scénic, y a pas photo. Pour certains déplacement compliqué en région parisienne, on préfère aussi la bagnole ou un taxi.
    Je fais 10 000 kms par an. C’est un diesel (honte à moi), mais je serais ravi que mon prochain véhicule soit un hybride ou tout autre véhicule avec une très faible conso. Pour l’instant l’offre en véhicule type monospace en seconde main reste hyper majoritairement diesel et quand j’ai acheté la bagnole, j’ai pris la moins chère.

  10. Nicolas Meilhan
    Nicolas Meilhan dit :

    Exactement Gus – je suis dans la même configuration que toi, au diesel près.

  11. Fabrice Husser
    Fabrice Husser dit :

    de plus, la courbe du PIB corresponds semble t’il avec celle de la population mondiale, comme avec celle de l’extraction des énergies fossiles.
    tirez la conclusion que vous voulez…..

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *