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Sauvez Deutsche Bank !

Il y a un truc de bien en ce moment, c’est qu’on est extrêmement limité dans notre capacité à raisonner et à suivre les marchés. On se concentre donc uniquement sur deux voir trois sujets. Maximum.

Hier c’était trois. Je pourrais même dire 2 et demi, mais on va dire trois, ça fait plus « diversifié » et dans la finance, on est censé aimer la diversification.

Il y avait tout d’abord le pétrole. Nous en avons déjà parlé hier, l’OPEP nous a pris à contrepied et a trouvé un accord pour manipuler le prix du pétrole et ne plus jamais le laisser baisser. Visiblement le concept de l’offre et de la demande et du marché libre ne convient pas aux producteurs pétroliers qui préfèrent tout de même s’assurer un revenu minimum parce que forcément, ils ont des frais et mine de rien, les voitures en plaqué or avec le volant serti de diamants, ça coûte du pognon. Donc, depuis hier les « shorts » sur le pétrole ont tout de même des doutes et n’osent plus trop faire les malins. Le pétrole est donc en mode indestructible et il monte. Gentiment, mais sûrement.

Alors on ne peut pas parler d’euphorie, mais nous sommes en train de tester les résistances, histoire de voir si l’on peut aller plus haut. Et, comme je le disais hier, en général, quand le pétrole va, tout va, et le secteur pétrolier monte avec lui ainsi que le reste du marché, parce que cela veut aussi dire que l’économie va bien. Oui, le pétrole est un indicateur fort comme quoi l’économie va bien – jusqu’à un certain point où l’on se rend compte qu’un baril trop cher freine la croissance, mais là, tout d’abord y a pas de croissance et puis on est encore loin du niveau où le baril freinerait la croissance, c’est donc un encouragement à la hausse des marchés à court terme – en parlant de court terme, comprenez : « jusqu’à la prochaine heure ».

Donc hier nous avions à peu près tout pour avoir un « marché haussier », merci à Monsieur Pétrole. Sauf que tout n’est jamais simple et il y a toujours un idiot pour gâcher la fête. Hier, l’épée de Damoclès s’appelait Deutsche Bank. Oui, encore. On n’a visiblement pas fini d’en parler, puisqu’hier nous sommes passés dans le concept d’enfonçage de portes ouvertes et beaucoup de monde est venu donner son avis sur les malheurs de la Deutsche Bank.

 

Attention, j’ai dis « donner son avis », je n’ai pas dis « nous apprendre un truc de nouveau », non, juste donner son avis. Et comme il faudrait être cinglé pour venir recommander à tout le monde d’acheter le titre de la banque allemande, tout ceux qui se sont posés en « professeurs de finance » hier, sont venus avec des mots qui foutent la trouille à tout le monde et qui rappellent sans cesse qu’au-delà de la faillite de Deutsche, c’est tout le système bancaire qui est à risque. Oui, il y a un risque « systémique » à la faillite de la première banque germanique.

Et même si personne n’avait plus utilisé ce mot depuis la crise du Subprime et que pour certains il fallait ouvrir le lexique de « la finance pour les nuls » pour se souvenir de la signification, ce n’est pas une chose que l’on aime entendre dans une journée de trading. Le titre de Deutsche Bank s’est donc encore une fois fait démonter et il est donc au plus bas des plus bas des plus bas. Et pour en rajouter une couche, il y avait une rumeur qui circulait comme quoi « certains Hedge Funds seraient en train de réduire leur business avec Deutsche Bank » – information primordiale s’il en est – et on peut les comprendre, ceux qui sont restés bloqués 5 ans après la faillite de Lehman pendant que l’on décortiquait les comptes de la défunte banque ne diront pas le contraire. Nous sommes donc en mode « courage, fuyons, les femmes et les Hedge Funds d’abord ».

Mais bon bref, cela n’a que très peu d’importance, mais entendre ce genre de « nouvelle » en même temps que le retour du mot « systémique », fout la trouille à tout le monde. Le marché allemand terminait donc en baisse à cause de la banque éponyme et le marché US terminait en baisse parce que l’on venait de se rappeler de la signification du mot « systémique ».

 

Le pompon de la journée revient à Madame Lagarde qui n’a pas pu s’empêcher de nous éclairer sur la situation de Deutsche Bank au cas où, nous pauvres idiots, nous n’aurions pas encore compris, elle a donc accordé « royalement une interview à CNBC et s’est fendue d’un magistral, je cite, deux points ouvrez les guillemets :

« Deutsche Bank est un acteur systémique. Il faut l’admettre. Parce qu’elle a de nombreux liens avec beaucoup d’autres banques dans le monde. Et c’est également un acteur international. Il est donc important que sa situation soit consolidée. »

En revanche, elle n’en a pas profité pour faire de la pub pour son prochain livre qui devrait sortir cet automne et qui s’intitulera : “L’eau; ça mouille”.

Bref, la hausse du pétrole a été un peu gâchée par le risque systémique de la banque allemande. Alors on sait tous que Merkel ne fera rien, ne veut rien faire. La question est de savoir si elle peut se permettre de ne rien faire au nom de la grande Allemagne qui risquerait de voir son nom et son titre de champion de monde de football souillés par la disparition de la « Deutsche », qui ne manquerait pas d’emmener la moitié du système bancaire avec elle. Affaire à suivre, mais il est sûr que le cas Deutsche Bank va être un facteur de stress pour le secteur bancaire et pour le reste du monde merveilleux et lumineux de la finance.

Pour couronner la séance d’hier, il faut noter qu’il y avait également un wagon de Présidents de la FED qui causaient hier et en gros, ils ont plus ou moins supporté la théorie en faveur d’une hausse des taux en décembre, cela peut paraître un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup. Ça veut dire que l’on nous prépare gentiment afin que l’on ne soit pas surpris. En même temps, si Deutsche Bank lève les fers d’ici décembre, je me réjouis de voir comment ils vont faire pour monter les taux.

Ce matin l’Asie est dans le rouge « drapeau allemand », avec le Japon qui recule de 1.3%, Hong Kong qui fait pareil dans une magnifique osmose et la Chine est en hausse de 0.14%, parce qu’ils ne font jamais comme tout le monde. Le pétrole est à 47.59$ et l’or est à 1325$, même avec un risque systémique sur la tronche, il ne veut pas casser les résistances le bougre !!!

La nouvelle du jour ce matin c’est Qualcomm qui serait sur le point de mettre la main sur NXP Semiconductors pour la modique somme de 30 milliards de dollars. La nouvelle n’est pas encore officielle, mais comme c’est en première page du Wall Street, on va faire comme si.

dbk

Le Barron’s commente également la dépression nerveuse dans laquelle se trouve la Deutsche Bank, il expliquent également que FitBit est une grosse interrogation alors que certains analystes craignent que les gens ne gardent pas très longtemps leurs produits au poignet et puis ils aiment ConAgra, titre qu’ils qualifient de « hot ».

Pendant ce temps, Bloomberg a mis en ligne la liste des 10 personnes qui vont compter dans l’avenir de la Deutsche Bank, Draghi, Schaeuble et Merkel en font partie et les 7 autres, vous n’en avez probablement jamais entendu parler.

La journée d’aujourd’hui va encore se passer probablement sous le signe de Deutsche Bank et actuellement, vaut mieux être loin, mais alors très loin du secteur bancaire. Ce qui est rassurant, c’est de voir aussi qu’après la faillite de Lehman Brothers il y a huit ans, on n’a rien appris dans le secteur…

Côté chiffres économiques, nous aurons le CPI au Japon, les Retail Sales en Allemagne, le Consumer Spending , le CPI et le PPI en France, les leadings indicators en Suisse, le chômage en Italie, le GDP à Londres, le CPI en Italie et en Europe. Et puis, aux States, nous aurons le Real Personal Consumption, le Chicago PMI et le Michigan Consumer Confidence. Il y aura aussi le décompte des plateformes de forage et Kaplan de la FED qui parlera.

Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.3%, encore une fois, c’est tout de la faute de la Deutsche Bank et puis l’Euro/Dollar est à 1.1220, le Yen vaut 101.24, la Livre re-repasse sous les 1.2970, c’est là qu’est sa place. Le Dollar Suisse s’échange à 0.9658 et l’Euro/Suisse est à 1.0836, en pleine déprime. Le Bitcoin vaut 601$ et le rendement du 10 ans est de 1.54%.

Voilà. Je crois que c’est tout ce que l’on peut dire sur ce marché. La volatilité remonte, la peur refait surface, on craint la débandade de la Deutsche Bank qui nous laisserait tous sur le carreau, en même temps et pour ces mêmes raisons, cela semble irréel que l’on puisse la laisser partir avec l’eau du bain sans rien faire, puisque cela équivaudrait à se tirer une balle dans le pied et une dans chaque genou. Mon éternel optimisme me pousse à me dire qu’ils vont nous sortir un lapin du chapeau à la dernière minute. À moins qu’ils aient confié le dossier à Garcimore et là, on ne sait pas trop ce qu’ils vont sortir du chapeau.

5 réponses
  1. Econo-lover
    Econo-lover dit :

    Merci pour cet excellent article… humour parfait et au final tellement vrai… continuez !
    J’aimerais bien être dans les coulisses allemandes. Je parie une mousse que l’archAngel(a) doit pas trop dormir en ce moment.
    Je commence a me cultiver sur l’histoire de la finance et visiblement ça fait depuis que les banques existes que les  »clients » se font cycliquement plumer au profit d’une caste d’initié (aux délits)… affligeant!

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