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Le 21/11/2016 restera peut-être la date la plus surnaturelle de l’histoire des marchés.

Les commentateurs sans imagination -et surtout dotés de mémoires de poissons rouges- se fendent misérablement d’accroches du type « c’est une journée historique » ou « l’effet Trump euphorise Wall Street ».

On dirait des nains en train d’essayer de taper « l’Odyssée » sur des claviers conçus pour des géants.
Car le cas de figure dont il est question est de dimension cosmique, un peu comme la « super-lune » du 13 novembnre dernier (une tous les 70 ans, et encore) : pour la 1ère fois depuis leur création respective, les 4 principaux indices de référence de Wall Street ont battu simultanément leurs records absolus à quelques heures d’intervalle, à l’issue d’une seule et unique séance.

Il y a souvent plusieurs semaines -ou plusieurs- mois de décalage entre les cycles du Russel-2000 et du Nasdaq… mais en ce lundi 21/11, les 2 ont pulvérisé leurs records respectifs (1.324 et 5.369) à 20 minutes d’intervalle.

Puis 2 heures plus tard (peu avant 18H), ce fut au tour du S&P500 (2.199)… et il fallut attendre 18H40 pour que le Dow Jones crève à son tour ses plafonds historiques (18.961).

Non content d’explorer de nouveau territoires inconnus en intraday, les 4 indices ont mis un point d’honneur à clôturer au plus haut du jour, du mois et de l’histoire… tous les 4, sans exception (ou alors, il s’en est fallu de 2Pts pour le Russel-2000 qui finit à 1.322 contre 1.324 à 15H35).

Mais ce lundi est encore plus historique que les médias ne le claironnent : il devrait rester très longtemps sans équivalent dans les livres d’histoire boursière car pour aligner un 5ème record en 1 semaine, le Russel-2000 a enchaîné une 12ème séance de progression consécutive.
C’est de très loin la plus longue et plus étourdissante série haussière de cet indice au 21ème siècle… et depuis plus de 20 ans (c’était un autre siècle, le Russel-2000 ne pesait alors presque rien, une brise du matin suffisait à le soulever).

Mais plus exceptionnel, plus incroyable encore -les superlatifs manquent-… ces 4 records simultanés ont été inscrits alors que les marchés de taux ont atteint leurs pires niveaux depuis 1 an dans le meilleur des cas (OAT, Bunds, T-Bonds), voir depuis 18 mois (BTP italiens).
Jamais aucun indice à Wall Street n’a battu le moindre record à l’issue d’une envolée symétrique de +50Pts du rendement de la principale référence à « 10 ans » sur une période de 10 jours.

En ce lundi, il ne s’agit pas seulement d’annoter -ou d’inscrire une nouvelle page que nul n’eut jamais songé à écrire- dans les manuels d’analyse technique : il faut carrément réécrire les livres d’économie !

Alors bien sur, on peut lire que l’envol du pétrole (jusqu’à +5% à 48$) a donné un coup de fouet au secteur de l’énergie… mais ceux qui en consomment n’en ont même pas pâti (hausse des coûts de production).

Sans parler de l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages (carburant, chauffage, billets d’avion, etc.).

Il a également été beaucoup question du regain « d’appétit pour le risque » qui a propulsé les « technos » vers de nouveaux zéniths… mais quel niveau de valorisation les « GAFA », ou les « FANGAT » (GAFA + Netflix + Tesla) ont-elle atteint ce lundi 21 novembre ?

Selon diverses méthodes de valorisation, les composantes du S&P500 affichent au minimum un multiple de 17 mais selon l’approche « dividendes lissés », le multiple qui était de 23 avant l’élection de Donald Trump vient d’exploser au-delà de 25 avec la flambée des taux.

Le scénario n’est plus seulement étourdissant : il en devient irréel.

Alors bien sûr, les « permabulls » évoquent le miracle économique associé aux « Trumponomics » dont nul ne peut quantifier sur quel niveau de réduction des impôts il reposera, ni quel niveau abyssal de déficits fédéraux il engendrera (propulsant symétriquement les taux d’intérêt dans la stratosphère).

En ce qui concerne le mini-krach obligataire actuel et qui se propage bien au-delà des rives du l’Hudson River (dont il n’est pas question de laisser dire qu’il va coûter des centaines de milliards de $… un simple détail).
Il n’est que l’heureux symptôme d’un « scénario enchanté » : la « Grande Rotation séculaire au profit des actions ».

Après ces 36 ans de hausse des marchés obligataires qui s’achèvent, réjouissons nous du cycle de 36 ans de hausse des actions qui va lui succéder.

Les pertes initiales sur les portefeuilles obligataires seront vite oubliées si d’ici la fin du 2ème mandat de Donald Trump, réélu avec 97% des suffrages en 2020 (son gendre prenant la relève de 2024 à 2032) le S&P500 va à 10.000, le Dow Jones à 100.000Pts et le Nasdaq à 150.000.

Les actionnaires ont subitement succombé au mirage des « Trumponomics » : l’appétit pour les actions est passé en 10 jours de profondeurs de type « post-Brexit » (mercredi 9 en fin de nuit) vers de nouveaux sommets historiques ce 21/11, selon l’enquête de l’Association Américaine des Investisseurs Individuels.

Ce baromètre du « risk-on/risk off » est un excellent instrument d’anticipation : il était en effet au plus bas historique le 13 mars 2009… la veille d’un retournement haussier dont nous vivons peut être l’épilogue, dans un paroxysme de délire permabullesque.

La réalité est probablement beaucoup moins romantique et beaucoup plus court-termiste que les « permabulls » ne le fantasment : les « sherpas » de Wall Street (les habituels complices de la FED plus quelques opportunistes comme Carl Icahn ou Stanley Druckenmiller) se sont simplement employés à faire inscrire la sempiternelle cascade de records sur les indices US à l’approche de Thanksgiving.

Il n’y a plus personne en face d’eux, les « vendeurs » se sont fait désintégrer par des « algos de destruction massive » le jour même des présidentielles.

Il n’y a tout simplement plus un seul gérant pour oser vendre un titre alors même que le Yuan à 6,90$, le Dollar au plus haut de 14 ans, les PER stratosphériques et des marchés obligataires en « mode chaos » leur hurlent de liquider les positions.

Mais n’oublions pas que cette séance sans précédent du lundi 21/11 était également la 1ère du terme boursier de décembre.

Pour des cerveaux de gérants mis en mode panique par une série de coups tordus d’une violence inouïe (stratégie « choc et effroi »), ne surnage à la surface du subconscient qu’un seul mot d’ordre : ne rater pour rien au monde le « rallye de fin d’année » qui vient juste de s’enclencher.

Ph.Béchade

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