,

L’homme qui valait 10 000 milliards de dollars

Barack Obama aura indéniablement laissé une trace dans l’histoire des Etats-Unis, et pas des moindres! 10 000 milliards de dollars de plus à l’ardoise de la dette fédérale. Héritage plutôt sympathique pour la prochaine génération (mais aussi la nouvelle administration) n’est-ce pas?

Comme ce n’est pas évident de visualiser ce que ce cadeau de départ représente, je vous propose d’empiler des billets de 1000$  sur 1000 km (entre Lille et Marseille par exemple) et vous y êtes! Pas mal non?

Il aura quand même réussi l’exploit de créer autant de dette que tous ses prédécesseurs réunis! Et si l’on additionne ses 10 000 milliards de dollars aux leurs, on retombe bien sur les 20 000 milliards de dollars de la dette fédérale (lors de la passation de pouvoir avec Donald Trump le 20 janvier prochain) – le compte est bon!

 

Evolution de la dette fédérale, des recettes fédérales et du déficit fédéral de 1980 à 2015

debtchartfw2

Source: Jon Gabriel for FreedomWorks

Je préfère cependant voir le verre à moitié plein: Barack Obama a quand même réussi à créer 1 dollar de PIB à chaque fois qu’il ajoutait 2 dollars à l’ardoise de la dette! Un modèle économique redoutable à faire pâlir n’importe quel chef d’entreprise (y compris Elon Musk).

Vous me direz sans doute que les Français ne sont pas plus beaux sur la photo et vous auriez raison! Car nous avons aussi eu le droit à notre Barack Sarkozy, l’homme qui ne valait que 750 milliards d’Euros! A part qu’un ordre de grandeur sépare la valeur de nos dettes, toutes deux équivalentes à 100% du PIB – 20 000 milliards de dollars aux US vs. 2 000 milliards d’Euros en France – et qu’on n’a pas les mêmes conditions de financement: il faut bien que les US aient quelques inconvénients à disposer de la monnaie internationale refuge, qui leur permet de faire financer leurs déficits par la planète entière, et que nous ayons quelques avantages, pour l’instant, à avoir un apprenti-sorcier comme banquier central.

Tiens justement, où en est-on sur les conditions de financement aux Etats-Unis? Quelqu’un a-t-il des nouvelles des taux longs américains? Comment ça ils ont augmenté de plus de 1% depuis juillet? Vraiment?

1% x 20 000 milliards de dollars = 200 milliards de dollars d’intérêts à payer chaque année (en plus des 280 milliards de $ déjà payés pour un taux de 1,4%)…hum.
A comparer à la croissance du PIB US en 2016 qui devrait être aux alentours de 270 milliards de dollars…hum hum.
Sans oublier que la dette totale en incluant les ménages et les entreprises est autour de 65 000 milliards de dollars…hum hum hum.
Et donc que cette hausse du taux long américain de 1,4 à 2,4% va permettre le transfert annuel de 650 milliards de dollars supplémentaires dans la poche des 1%…hum hum hum hum.

On aurait pu le dire plus simplement: à partir du moment où le taux auquel vous financez votre dette est plus élevé que la croissance de votre PIB, le mur se rapproche de plus en plus vite, surtout quand votre dette a dépassé la valeur à votre PIB. Si on prend l’exemple japonais, une hausse de 1% du taux d’intérêt sur une dette équivalente à 250% du PIB signifie 2,5% de PIB d’intérêts à payer en plus, alors que la croissance du PIB atteint péniblement 2% dans les très bonnes années depuis 1990. Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que le « game over » est proche et qu’on a utilisé toutes nos « vies ».

On ne remerciera donc jamais assez Tonton Barack pour toute son oeuvre et on n’oubliera pas non plus que, bien évidemment, il n’y est strictement pour rien car « c’est la faute de la crise », suite à laquelle il n’a d’ailleurs pris aucune mesure pour que cela ne se reproduise plus, bien au contraire puisqu’il a « résolu » une crise de la dette avec encore et toujours plus de dette! Fallait y penser!

8 ans de gagnés (ou de perdus) pour 10 000 milliards de dollars, c’est quand même pas donné!

La bonne nouvelle, pour finir sur une note plus optimiste, c’est que les dettes, comme les arbres ou la croissance, ne montent pas jusqu’au ciel et que toutes les bonnes choses ont une fin. Il était temps après avoir vécu 45 ans au-dessus de nos moyens depuis la fin de la convertibilité en or du dollar et le premier choc pétrolier. Heureusement que les jeunes générations seront là (ou pas) pour payer la note!

Nicolas Meilhan

PS: si vous vous demandez pourquoi le cadeau de départ de tonton Barack équivaut à des billets de 1000$ empilés entre Lille et Marseille, Chris Martenson se fera un plaisir de vous l’expliquer en 5 minutes (cliquez ici pour la vidéo avec les sous-titres français)

4 réponses
  1. Laurent
    Laurent dit :

    On me dit dans l’oreillette que la responsabilité incombe au moins autant au Congrès qu’à Obama, ne serait-ce que parce que la Constitution américaine donne au Congrès et non pas au Président le pouvoir de faire le budget et de contrôler les dépenses… C’est donc le Congrès qui fait le budget et le Président qui le valide — et pas l’inverse.

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *