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« Que du blaba, zéro tracas… aimez-moi »

Je ne sais pas encore si -comme beaucoup le prétendent-  la campagne électorale pour le présidentielles de 2017 fut la plus consternante, la plus déconnectée des vrais enjeux économiques, géopolitiques, sociétaux des 50 dernières années: c’est de ma faute, je n’ai pas gardé beaucoup de traces mémorielles de la campagne de George Pompidou en 1969 et de son affrontement au second tour avec Alain Poher.

 

George Pompidou partage certains points communs avec Emmanuel Macron -quoi qu’en légèrement plus gradé- puisqu’il fut successivement l’un des ex-patron de Rothschild et l’ex-1er Ministre de Charles de Gaulle… mais certaines images d’archives en noir et blanc nous permettent de constater que la fréquentation trop prolongée de « l’homme du 18 juin » et auteur de la constitution de 1958 lui avait chamboulé le cerveau et qu’il s’exprimait bizarrement… en tout cas selon nos standards actuels.

Chacune des phrases -relativement court et construite- contenait une information, vérifiable et précise, sans logorrhée ni débauche d’adverbe creux ou superflus.

Les réponses adressées à ses interlocuteurs semblaient suivre un fil conducteur assez bien structuré et en adéquation avec le sujet abordé… bref, l’archétype d’une communication complètement ringarde, factuelle, carrée : ennuyeuse à mourir !

Heureusement, d’immenses progrès ont été accomplis depuis cette époque et notre nouvelle idole des médias -parfaitement coaché par l’élite des communicants du 21ème siècle- maîtrise parfaitement l’art de ne répondre à aucune question précise (ne jamais se laisser enfermer dans une thématique réductrice), de noyer le poisson (ce qui compte, c’est de savoir rouler des yeux et d’hypnotiser l’interviewer… non en fait, il s’agit de la caméra et du spectateur devant sa télé) et le plus important, de placer les « éléments de langage » déterminés lors des brainstormings qui précèdent une apparition publique ou une émission de TV.

Ah, vraiment, nous sommes gâtés en ce mois d’avril 2017, en marche pour atteindre le niveau alpha de la vacuité du discours politique que je résumerais avec assurance par : « que du blabla… zéro tracas, aimez-moi ».

Car comment voulez-vous tacler quelqu’un qui sera d’accord avec vous aussi bien sur les horreurs que sur les bienfaits de la colonisation, sur les horreurs ou les bienfaits de la (dé)régulation, de la fiscalité (qu’il faut réduire sauf là où il convient de l’augmenter), sur la nécessité d’investir de façon audacieuse tout en faisant des économies (sans jamais se perdre dans les détails, voir avec pas de détail du tout).

En conclusion, il sera rappelé -dans un ultime round d’auto-célébration- que le candidat est rassembleur, cohérent, moderne, compétent, volontaire, positif, confiant, amoureux de la France et des français… et bien sûr honnête.

Car il n’a rien à cacher de ce qui n’a pas encore été dévoilé de ses zones d’ombre, ce que les journalistes de connivence évitent soigneusement d’aborder depuis le début de sa campagne 6 avril 2016, laquelle est financée grâce au taux parfaitement optimal de l’humidité (de liquidité ?) dans l’air qui règne au Liban, à Londres, Bruxelles, New-York.

Bien entendu, l’adversaire incarne tout l’inverse et son portrait vous est familier : il est primaire, fourbe, brutal, « has been », flou, haineux, pas crédible… et il serait même recommandé d’éviter de lui accorder votre suffrage, même sous la torture consistant à suivre une cure d’eau tiède d’ici le second tour des présidentielles.

Etant maintenant parfaitement averti de la façon d’identifier les forces du mal, voyons comment ont réagi les forces du bien.

Elles ont manifesté l’immense soulagement de voir leur favori se qualifier quasi miraculeusement pour le second tour alors que les « bookmakers » ne lui accordaient que 98% de chances d’y parvenir : ces terribles 2% d’incertitude avaient débouché sur une sous-performance de 0,5% de Paris par rapport à l’Euro-Stoxx50 à l’issue des 6 derniers mois.

Les milieux d’affaires étaient au bord du désespoir et de la ruine… jusqu’à ce miracle du dimanche 23 avril où tout s’est passé exactement comme les sondages le prédisaient et comme les marchés l’anticipaient.

C’était tellement conforme aux attentes qu’il a fallu faire semblant d’être soulagé, et même d’en faire des tonnes sur les marchés : une sorte d’anti-Brexit, ou d’anti-mai 1981, avec la matérialisation du 1er krach à la hausse « anté-présidentiel » (le scénario inverse ayant été plus fréquent).

Le CAC40 vient d’engranger +4,5% en 48H et de retracer au point près son zénith du 28 avril 2015 à 5.283Pts.

L’indice CAC « Global Return » qui culmine à 13.130 accroît encore son avance historique par rapport au DAX30 (qui plafonne sous 12.500 et en termine à 12.467).

Ceci confirme -contrairement à une opinion largement répandue -parce qu’elle arrange bien les manipulateurs de gogos- qu’il n’y avait aucun phénomène de « survente » et que le CAC40 reste plus que jamais en avance sur le DAX (de +5%) et fait pratiquement jeu égal avec l’Euro-Stoxx50 depuis le « Brexit ».

A 5.300 ou plus de 13.000, le CAC40 n’intègre guère les inconnues politiques concernant la constitution -ou non- d’une future majorité présidentielle après le 7 mai (quel périmètre, quelle cohésion) lors des législatives.

Les +220Pts du CAC40 malgré un résultat du 1er tour -largement prévisible et anticipé- entraînent un « phénomène de sidération » qui plonge les opérateurs dans une urgence de « réaction » (achats paniques) alors que la situation exigerait une mure réflexion.

Mais la réflexion, voilà l’ennemie : nous sommes à l’ère de l’hyper-fréquence, de l’hyper-optimisation des prises de décisions… et surtout de l’hyper vacuité du discours politique.

Heureusement que les supporters des forces du bien disposent de moyens de produire des « prix marché » qui pensent et adoubent le bon candidat à notre place.

Si seulement les hackers russes n’avaient pas faussé le scrutin en n’intervenant pas pour invalider les bulletins en faveur de candidats âgés de plus de 50 ans, il aurait été élu avec 76% des suffrages dès le 1er tour.

Cela lui aurait fait faire ses 1ères économies depuis 2012, lui qui a tellement de mal à mettre quelques milliers d’Euros de côté… un travers qu’il partage largement avec François Fillon, la plus parfaite des « machines à perdre » ayant jamais défendu les couleurs de la droite depuis son ex-rival à la présidence de l’UMP, JF.Coppé.

Ph Béchade

 

 

2 réponses
  1. sassy2
    sassy2 dit :

    Lorsque Georges Pompidou est élu président de la République en 1969, elle est nommée conseiller technique au secrétariat général de la présidence de la République et occupera ce poste jusqu’au décès du président en 1974

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