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De records en records

Nicolas Chéron, membre des Econoclastes, sur le site de la société Binck.fr

 

Pour cette première publication, nous avons choisi d’analyser le S&P 500, d’autant que les indices européens lui sont particulièrement corrélés. Le but ici est de comprendre, décrire, identifier l’environnement à l’intérieur duquel nous publierons des analyses de court et de moyen terme ainsi que des vidéos de décryptage dans les semaines à venir, sur les actions mais également sur les matières premières et sur les indices.

Revenons sur les dernières actualités. Depuis la rentrée de septembre 2017, comme depuis plusieurs années désormais, les marchés boursiers sont extrêmement dépendants des discours des banquiers centraux. Après que Mario Draghi, président de la BCE (Banque Centrale Européenne) ait botté en touche sur l’évolution de sa politique monétaire (dorénavant attendue en décembre), Janet Yellen, présidente de la Fed (Réserve Fédérale Américaine) a confirmé qu’elle souhaitait d’une part continuer à remonter les taux, actuellement entre 1 et 1,25% et d’autre part mettre fin à la politique d’assouplissement quantitatif.

Pour ce faire, Janet Yellen doit absolument dégonfler le bilan de la banque centrale (dettes accumulées pour acheter des actifs pendant la crise) dont la taille a été multipliée par cinq depuis la crise financière de 2008. Néanmoins, au rythme proposé, il faudra plus de quatre années pour diviser le bilan de la Fed par deux. Il s’agit donc d’une procédure de long terme, raison pour laquelle les marchés, qui s’attendaient à cette décision, ont à peine réagi.

Les bourses mondiales peuvent-elles continuer leur fulgurante ascension sans respirer ? Le S&P 500 pourrait-il se désynchroniser durablement du bilan de la Fed ? L’optimisme des investisseurs se justifiera-t-il à moyen terme ? Autant de sujets que nous évoquerons.

1/ Evolution de la capitalisation boursière mondiale

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Source : Bloomberg, au 9 août 2017

A en croire l’évolution de la capitalisation boursière mondiale, la crise des subprimes est très loin derrière nous. Depuis mars 2009, le marché action mondial a plus que triplé, la tendance de long terme demeure haussière et rien ne semble arrêter le courant acheteur.

Sir John Templeton écrivait : “Les marchés haussiers naissent dans le PESSIMISME, grandissent dans le SCEPTICISME, mûrissent dans l’OPTIMISME et meurent dans l’EUPHORIE.” Sommes-nous dans l’optimisme ou l’euphorie ? Là est la question.

Force est de constater qu’aucune correction de moyen terme n’a eu lieu depuis février 2016. Une respiration n’aurait donc rien d’illégitime.

2/ Durée en jours des plus longues séquences haussières du S&P 500 depuis 1949

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Source : Bloomberg, au 26 septembre

La séquence haussière la plus longue de l’histoire du S&P 500 (en nombre de séances) a pris forme de 1990 à 2000, soit plus de 400 séances, avant que la bulle internet n’éclate violemment. Le second marché haussier le plus long a duré un peu plus de 300 séances, de 1932 à 1937, avant qu’une correction baissière de 56% ne prenne forme pendant la seconde guerre mondiale. Quant à la séquence haussière que nous vivons depuis 2009, elle est située en 3ème position. Nous pouvons en déduire que la probabilité que nous soyons plus proche de la fin que du début d’un mouvement est élevée. Il est néanmoins impossible d’anticiper un arrêt de cette tendance, il faudra le constater le moment venu.

3/ Superposition du Bilan de la Fed et de l’indice directeur américain S&P 500

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Source : Bloomberg, au 21 septembre

La hausse constante du PIB américain, l’amélioration des résultats des sociétés américaines et les rachats d’actions des grands groupes ces derniers trimestres ont soutenu la vague haussière en cours. Toutefois, il est difficile de nier la relation entre la dette américaine et la création de richesse du pays, ou entre l’assouplissement quantitatif et la hausse des indices boursiers américains ces dernières années. Cette situation est la même au Japon et en Europe, où il s’agit de tenter de stopper graduellement des mesures de soutien artificiel en espérant que dynamisme économique induit par ses mesures, permettra le remboursement de la dette.

Comment expliquer la décorrélation actuelle entre le bilan de la Fed et le S&P 500 ? Permettons-nous l’hypothèse d’une période d’euphorie, pendant laquelle marchés et soutien de la Fed ne seraient plus corrélés et où le “wishful thinking” (optimisme débordant) américain serait le moteur de la hausse. Le “wishful thinking” engendre des prises de décisions en fonction non pas de ce qui pourrait être évident, rationnel ou réel mais en fonction de ce qu’il serait plaisant d’imaginer dans le futur. Alors que la Fed arrête son soutien, les investisseurs continuent d’anticiper une réussite des politiques monétaires et gouvernementales, les statistiques des mois à venir nous diront s’ils ont vu juste.

4/ Superposition entre le pourcentage de consommateurs américains qui entrevoient une hausse des actions à échéance 12 mois (jaune) et l’indice américain S&P 500 (blanc)

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Source Bloomberg, au 18 septembre 2017

Selon ce graphique, 65% des consommateurs américains estiment que les actions vont monter à échéance 12 mois, soit un record de 14 ans. Les périodes auxquelles ce pourcentage a chuté de façon drastique (2008 et 2015), correspondent à des chocs boursiers allant de 20 à 60%. Les périodes où ce pourcentage est élevé (ce qui peut durer quelques mois voire des années) précèdent des phases de baisse. Il est donc capital de suivre ce genre d’indicateur avancé, en rapport avec les particuliers américains, dont la consommation représente une part très importante de l’économie. Il ne s’agit donc pas ici d’anticiper une quelconque détérioration, mais de rester attentif et de noter le caractère historique de ce marché haussier, l’optimisme débordant dont nous parlions précédemment.

5/ Graphique du S&P 500 depuis juillet 2008

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Graphique Prorealtime au 27 septembre 2017

Sur ce graphique en données mensuelles, nous pouvons constater une tendance haussière de long terme et une sortie d’une congestion par le haut validée en juillet 2016, après deux ans de latéralisation des cours. Ce mouvement haussier est puissant et rien indique que sa fin soit proche pour l’instant. Nous verrons prochainement si la borne haute de ce canal haussier est testée et ce que son contact éventuel engendrera. L’analyse graphique des indices américains et européens à court terme fera l’objet de l’une de nos prochaines publications.

6/ Saisonnalité du S&P 500 depuis 1990

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Graphique par Thomas Callum, directeur de la recherche chez Topdowncharts au 16 septembre 2017

 

Il est possible de déceler 3 phases lorsque l’on étudie la variation moyenne du S&P 500 sur les 26 dernières années. Une phase de hausse de janvier à juillet suivie d’une respiration se terminant en octobre avant un rallye de fin d’année. Il ne s’agit ici que de moyennes, certes, mais il ressort tout de même le fait que le troisième trimestre est statistiquement la période la moins performante de l’année pour les actions américaines.

Autre constatation, à l’heure actuelle (en rouge), nous ne sommes pas dans un creux de marché, soit une phase de repli de 5 à 7% prenant régulièrement forme dans un « bull market » (marché haussier). Au contraire, les acheteurs gardent la main depuis la rentrée.

En conclusion, les marchés s’inscrivent dans un mouvement historique ascendant. Aucun signe de faiblesse n’est constaté pour l’instant mais l’analyse statistique, technique et fondamentale plaident pour une certaine prudence au regard de l’aspect linéaire de la hausse débutée en février 2016. Les semaines à venir devraient donc être particulièrement instructives.

 

 

3 réponses
  1. Dahool
    Dahool dit :

    Bonjour

    « Le résultat de ce processus est édifiant aux Etats-Unis : Wall Street est devenu une Bourse sans épargnants, où les 1% des plus riches détiennent 82% des actions (et les 0,1% d’ultra riches près de 50% de la totalité des actifs cotés) »
    Mr Bechade

    Alors, un krach se décide ou arrive par hasard ?
    Le marché n’est plus en roue libre, il ne l’a probablement jamais été.

    Quel sera le meilleur moment pour déclencher les hostilités ?
    Sous quel prétexte ?
    Dans quel but ?
    C’est à ça qu’il faut répondre

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