,

Performances et disparités des pays émergents

Nicolas Chéron, membre des Econoclastes, sur le site de la société Binck.fr

 

Après une décennie de latéralisation, l’indice de référence des pays émergents, le MSCI Emerging Markets, a inscrit de nouveaux records historiques. A l’instar des indices boursiers des pays développés, la hausse s’est accélérée depuis le début de l’année 2016. Mais alors que le Brexit et les doutes au sujet de la politique économique de Donald Trump pèsent sur l’Europe et les USA, les investisseurs privilégient les marchés émergents.

Touchés de plein fouet par la hausse du dollar, la chute des matières premières et les craintes d’un fort ralentissement chinois en 2014 et 2015, les fameux BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont de retour. Depuis le début de l’année 2017, l’indice MSCI Emerging Markets (ci-dessous) affiche ainsi une solide performance de 28% soit le double du MSCI world index.

Indice des pays émergents (bleu) et indices MSCI globaux (jaune et vert)

emergents performance-article-Nicolas
Source : MSCI au 29 septembre 2017

Selon le FMI, la croissance économique des pays émergents pourrait atteindre 4,5% en 2017 et 4,8% en 2018. Il faut dire que le contexte a bien changé ces deux dernières années avec un fort rebond des matières premières et une stabilisation du dollar américain, jusqu’ici facteurs de déstabilisation des pays émergents dont les devises peuvent être extrêmement volatiles.

Le doigté avec lequel la Fed avance ses pions concernant l’évolution de sa politique monétaire a permis de détendre la situation et de permettre à ces économies de redémarrer voire d’accélérer. Mais force est de constater qu’il existe des disparités entre les pays émergents. En effet, depuis le début de l’année, certains pays comme l’Inde affichent une performance de plus de 20% alors que certains flirtent avec l’équilibre, ce qui est le cas de la Russie, et que d’autres reculent fortement comme le Pakistan. Les investisseurs avides de performance et souhaitant être plus sélectifs qu’en se plaçant sur l’indice des pays émergents prendront note de ces écarts et feront preuve de sélectivité.

Dans un premier temps, nous allons analyser un des indices les plus performants de la décennie, le Sensex, représentant les 30 principales valeurs indiennes. Ensuite, nous verrons le cas russe, à travers l’ETF Lyxor Russia, composé des principales valeurs russes cotées au London Stock Exchange.

Vue mensuelle de l’indice indien Sensex 30 depuis 2007


Source : Zonebourse.com, graphique Tradingview au 20 octobre 2017

Le Sensex n’a rien à envier aux puissants indices américains. Il s’inscrit en hausse de 85% sur 10 ans contre 72% pour le Dow Jones. Depuis le point bas de la crise de 2008, cet indice a quadruplé soit une performance de 300%.

En données mensuelles, nous pouvons constater que les cours évoluent dans une tendance haussière puissante, comprenant des phases légitimes de consolidation. Graphiquement, la tendance est matérialisée par une oblique (validée par 3 points de contact) qui passe par les plus bas de 2016, au-dessus de laquelle les acheteurs pourraient espérer de nouveaux records historiques. A contrario, en cas de rupture de cette oblique, une correction majeure pourrait prendre forme. Autrement dit, un investisseur confiant sur les perspectives haussières des marchés pourrait tenter de surperformer les marchés européens en privilégiant ce type d’indice.

Vue hebdomadaire de l’ETF Lyxor Russia

RUS Hebdo
Source : Prorealtime au 20 octobre 2017

Tout comme les indices américains et de nombreux émergents, cet ETF représentant les principales valeurs russes a trouvé un point bas début 2016. Porté par le secteur minier et surtout celui de l’énergie, cet actif a performé jusqu’à la fin de l’année 2016 avant de connaître une correction plus profonde que ses pairs. La raison est simple, sa forte pondération en énergie a pesé sur les cours, le pétrole WTI ayant marqué un point haut dès les premières séances de l’année 2017 avant de remonter ces trois derniers mois.

Graphiquement, une tendance haussière se dessine justement ces dernières semaines au-dessus de la moyenne mobile à 7 semaines. Tant que les cours évolueront au-dessus de cette dernière, la hausse pourrait perdurer en direction des plus hauts de l’année. Si le pétrole devait retrouver, voire dépasser, ses records annuels, cet actif pourrait surperformer à son tour. Aussi, l’investisseur qui s’intéresse aux valeurs russes prendra soin de l’accorder avec son scénario sur l’or noir.

Attention néanmoins, la tendance des principaux indices et des matières premières a beau importer lorsque l’on étudie les indices des pays émergents, le facteur le plus enclin à faire décaler les cours n’est autre que le dollar américain.

Sur le graphique ci-dessous, nous pouvons constater des phases où l’indice MSCI des pays émergents surperforme le MSCI World (lorsque le ratio monte) ; phases qui coïncident avec une baisse du dollar américain. Inversement, lorsque la devise américaine s’apprécie, comme entre 2012 et 2015, les émergents ont tendance à sous-performer. En d’autres termes, l’évolution de la politique monétaire aux Etats-Unis sera la pierre angulaire de la poursuite, ou non, de la surperformance des émergents.

Ratio du MSCI émergent contre le MSCI World (rouge) et Dollar Index (bleu)

Emerging markets

Donald Trump devrait annoncer début novembre son candidat à la tête de la Fed qui en prendra la direction en février prochain. Si ce choix laisse entendre aux investisseurs qu’un resserrement monétaire plus rapide que prévu pourrait prendre forme, tirant ainsi à la hausse le dollar, les émergents pourraient en souffrir.

Si au contraire, les chiffres économiques venaient à abonder dans le sens d’une temporisation de la hausse des taux, ils en profiteraient. Enfin, il existe aussi un scénario où, malgré le maintien d’un resserrement de la politique monétaire américaine, le dollar ne monterait pas. En effet, n’oublions pas que la devise américaine a enregistré un point haut en 2015, au moment où la Fed montait ses taux pour la première fois en 10 ans…les émergents auraient alors de beaux jours devant eux.

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *