,

Une vérité qui dérange

Dès qu’il s’agit de CO2, il y a « une vérité qui dérange » pour reprendre le titre du célèbre documentaire américain sur le changement climatique : la délocalisation des émissions.

En effet, depuis que les Conférences des Parties (COP) existent, les engagements ne portent que sur les émissions locales de CO2, c’est à dire le CO2 qui est émis depuis le territoire français, et on s’assure que ces émissions locales baissent pour être beau sur la photo et pouvoir s’auto-proclamer modèle à suivre en la matière, avec des émissions locales en baisse de 20% de 1995 à 2015.

Sauf que le conte de fée se transforme assez vite en cauchemar si l’on s’intéresse plutôt à notre consommation locale de CO2, c’est à dire notre empreinte carbone, qui prend aussi en compte les émissions associées à nos importations, qui ont augmenté de 87% de 1995 à 2015, et qui exclut les émissions associées à nos exportations.

Évolutions comparées de l’empreinte carbone et des émissions sur le territoire

Source : AIE ; FAO ; Citepa ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2018

Et là, c’est la première grosse désillusion : notre consommation locale de CO2 a augmenté de 11% de 1995 à 2015. Mais comment est-ce possible?

Tout simplement en délocalisant nos usines, l’un des outils les plus efficaces pour faire baisser ses émissions locales de CO2 quand on n’a pas de charbon (à remplacer par du gaz naturel comme l’ont fait les Etats-Unis ou le Royaume-Uni).

Mais comme vous préférez voir le verre à moitié plein, vous me direz que nous avons cependant connu notre « pic CO2 » aux alentours de 2010 et que depuis notre consommation locale de CO2 semble diminuer.

Sauf que le cauchemar continue car notre consommation locale de CO2 est repartie à la hausse l’année du succès interplanétaire de la COP21, et qu’avec nos 1,9% de croissance prévue par l’INSEE pour 2017, il y a peu de chance que la courbe ne s’inverse cette année, qui devrait donc être la 3ème année consécutive de hausse de notre consommation locale de CO2.

Évolution de notre empreinte carbone de 1995 à 2015

 Sources : AIE ; Citepa ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2017

Au lieu de donner des leçons climatiques à la planète entière, la France serait bien inspirée de montrer l’exemple:

  1. En arrêtant de signer à tour de bras des traités de libre-échange, après avoir pris le soin bien évidemment d’enfiler son plus joli costume de pompier-pyromane
  2. En commençant à signer à tour de bras des accords contraignants portant sur notre consommation locale de CO2, et non sur nos émissions locales comme c’est le cas avec les accords de Paris.

Nicolas Meilhan

PS 1: pour ceux qui auraient encore un doute concernant le rôle clé des délocalisations de nos usines dans la baisse de nos émissions locales de CO2, voici 1 image qui vaut 1000 mots :

Evolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur en France de 1990 à 2013

Sources : Citepa (inventaire CCNUCC, format « Plan Climat »), juin 2015. Traitements : SDES, 2015

PS 2: pour ceux qui se demandent combien pèse ce dont on nous rabâche les oreilles 95% du temps, c’est à dire la production d’électricité, dans notre empreinte carbone, la réponse est … 5% : 35 Mt CO2 équivalent en 2016 pour une empreinte carbone totale de 689 Mt de CO2 équivalent.

11 réponses
  1. jean-michel
    jean-michel dit :

    Cela fait du bien de lire cet article.
    Toute l’hypocrisie de notre société qui prône la mondialisation, la croissance, le développement et en même temps (comme dirait l’autre) l’écologie.
    Des idéologies complètement incompatibles mais bon, de beaux discours tenus par des « experts » sur les ondes nos médias de grand chemin arriveront a saturer la ROM (mémoire en lecture seule) de nos petits cerveaux si convoités.

  2. personne
    personne dit :

    Un article qui touche une vérité qui fait mal et pourtant que tout le monde peut concevoir… mais on y pense jamais.

  3. Schmit
    Schmit dit :

    « Émissions » de CO2 plutôt que « consommations » serait plus approprié pour cette analyse pleine de bon sens

  4. adw
    adw dit :

    Si l’on considère que « les émissions associées à nos importations, qui ont augmenté de 87% de 1995 à 2015 » sont majoritairement liées au secteur « Industrie manufacturière », ce dernier représenterait donc en « consommation locale  » près de 40% de nos émissions ? Concrètement, que met-on derrière « industrie manufacturière »: matériaux, informatique/multimédia, habillement ? L’import de véhicules, ou de panneaux solaires également ?

  5. Gilbert
    Gilbert dit :

    Et cette idée que le tourisme est quelque chose de formidable, a quand un bilan énergétique la-dessus.
    Je fais remarquer que Mme Hidalgo prend des mesures pour limiter la circulation des voitures sur les routes dans Paris mais fait tout pour augmenter la circulation des avions dans le ciel parisien, français et international. Mais ces gens là ne sont pas a une contradiction près.

  6. gallier2
    gallier2 dit :

    Ce serait grave si les émissions de CO2 était de la pollution. Mais ça n’en est pas. Chaque gramme de CO2 émis est un gramme de biomasse en plus, c.à.d. bénéfique à la phytosphère. L’impact sur le climat? bwahahahaha, ridicule, en fait si on consulte sérieusement la littérature et non juste les cerises bien choisies par le GIEC, l’accroissement du CO2 n’a qu’un effet marginal et est plutôt la conséquence du réchauffement que sa cause.

  7. Paulo
    Paulo dit :

    gallier2 : « l’accroissement du CO2 est plutôt la conséquence du réchauffement que sa cause »
    Vous nagez en plein delire…
    Il est directement prouve et largement accepte que l’agmentation du CO2 vient de l’activite humaine croissante depuis les revolutions industrielles.

    Mais je comprends que vous preferez faire l’autruche et ne rien changer a vos comportements consommateurs, c’est tellement plus simple ainsi.

  8. schneider
    schneider dit :

    Article qui date un peu, mais toujours actuel. Un dépoussiérage serait pas le bienvenu.

    jb : mal écrit ? Heu, oui peut être, mais je ne vois pas. Trop difficile à comprendre probablement.

    Paulo : quand un âne ne veut pas boire… c’est comme pour la vaccination.

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *