BFM du 26 juin 2015 – Plus fragile qu’elle n’y paraît

Plus fragile qu’elle n’y paraît : Pierre Sabatier vs Arnaud de Langautier

« Nous sommes dans des marchés soumis à l’aléa politique » et donc la question grecque, dont la réponse n’a pas encore été donnée, pourrait avoir des conséquences majeures sur ces derniers après ce week-end.

« Il me semble que l’Europe joue peut-être plus gros que la Grèce dans cette négociation là »

Le risque pour l’Europe dans le cas d’une absence d’accord réside dans les choix de gestions des investisseurs internationaux. Or si ces derniers n’ont pas de visibilité, ils risquent de retirer leurs capitaux de la Zone Euro « ce qui pourrait faire très mal ».

« Sur le fait qu’on a des meilleures nouvelles en macroéconomie, c’est clair. Mais il y a quand même un effet de base. Vous savez, on a quand même été dans une situation très complexe l’année dernière et on a eu un alignement des planètes pendant un certain temps. »

Dans cet alignement des planètes on a pu voir « des taux qui baissent, […] pour des économies qui reposent quand même pour les 2/3 sur la consommation des ménages souvent alimentée par du crédit c’est bon. »

Comme deuxième levier on a eu « les matières premières […] donc on a eu un très bon premier trimestre essentiellement grâce à cet alignement des planètes. Après la question de fond c’est : est-ce que ça permet d’auto-alimenter la croissance et de retrouver des niveaux de croissance qui seraient bien au-delà ? […] Je n’y crois pas une seconde. »

« Oui les entreprises européennes ont un coup, une opportunité de reconstituer maintenant leurs marges à travers les taux d’intérêt : baisse des charges financières, les matières premières qui sont un peu moins fortes à des cours un peu moins élevés qu’auparavant et effectivement une distribution des crédits qui se porte un tout petit peu mieux. Une pression sur le top-line qui est un petit peu moins forte qu’auparavant. »

« On a une conjonction de choses qui font que les entreprises sont un petit peu en meilleure forme mais tout reste relatif et je ne crois pas qu’on puisse parler d’excellente conjoncture. »

Si les gens perdaient confiance dans la Zone Euro, on pourrait se retrouver selon Pierre Sabatier sur un scénario de crise similaire à celui de la crise asiatique des années 90 où l’EuroStoxx avait baissé de -33%.

L’effet de base est aussi présent aux Etats-Unis pour notre Econoclaste. Les entreprises américaines « ne vont pas pouvoir générer beaucoup plus de valeur qu’aujourd’hui » puisque la remontée du dollar risque de pénaliser les entreprises américaines.

« On ne croit pas a une hausse des taux directeurs au mois de septembre voir même au mois de décembre. Pour nous c’est de la com’. Aujourd’hui la réalité c’est que l’économie américaine est beaucoup plus fragile qu’elle n’y paraît. »

La Réserve Fédérale américaine n’a pas autre chose dans la main aujourd’hui qu’un 4ème QE pour parer aux maux de l’économie des Etats-Unis. Simplement parce que les ménages américains sur lesquels repose la croissance du pays possèdent en portefeuille « 45% d’obligations américaines bien sûr, mais aussi 45% d’actions américaines. »

La conséquence d’une correction des marchés américains aurait donc « un double effet kiss-cool négatif avec l’entreprise qui commence à souffrir et avec un effet richesse négatif. »

« Quand on comprend et qu’on regarde le comportement des autorités américaines depuis 6 ans ils ont toujours tout fait pour protéger les marges de leurs entreprises, leur capacité à aller justement compenser la faiblesse de leur marché interne en rachetant des boîtes à l’extérieur et ça, ça passe là aussi par une politique des changes qui ne me semble pas du tout en ligne avec une véritable normalisation des taux. »

Pierre Sabatier ne croit pas au scénario inflationniste « pour une raison très simple » : la bonne inflation de second tour est celle qui traduit la croissance du pays, puisqu’elle traduit le fait que la demande est plus forte que l’offre, car l’outil de production n’est pas encore suffisamment en marche pour adresser l’intégralité de la demande.

Qui plus est, l’inflation salariale n’est pas présente aux Etats-Unis, et dans une population vieillissante, elle risque de ne pas augmenter si on se réfère au cas du Japon. En effet, « la culbute entre senior et jeune » en terme de salaires vient plutôt jouer à la baisse.

Enfin, pour clore cette interview, Pierre Sabatier nous explique que le « thermomètre de l’évolution chinoise » n’est autre que le prix des matières premières au sens large, car ce pays pèse énormément dans la consommation de ces dernières. En conséquence, une baisse des prix des matières premières, qui indiquent un ralentissement de la consommation de ces dernières donc, indiquent un ralentissement de ses consommateurs. Les matières premières baissant depuis le deuxième semestre 2011. . .

Rédigé par Raphaël Becanne

2 réponses
  1. fred1903
    fred1903 dit :

    Personne n’avait pensé a un référendum ?? Je suis surpris. Alors Génie ou Fou ce Tsipras ?

  2. mehdi.b
    mehdi.b dit :

    Tsipras a dégainé sa dernière cartouche dans la négociation, le référendum lui donne le beau rôle et surtout, assoit sa légitimité pour de bon, celui du démocrate qui en appelle au peuple. Comment se fait-il que les marchés puissent plonger quand l’une des parties prenantes a recours à l’expression démocratique dans sa plus grande quintessence ? -> Simplement parce qu’un marché n’a pas d’éthique…

    -10 voire -15 % sur toutes les grandes places européennes demain, ce n’est pas à exclure

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