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Noël avant l’Heure

Par Nicolas Chéron,  Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr

 

Cela fait déjà plus d’un an qu’un rallye haussier permanent a pris forme, suite à l’élection de Donald Trump. En 2017, les indices américains ont démontré une solidité à toute épreuve à chaque attaque baissière, le tout accompagné d’une très faible volatilité. Résultat, les investisseurs placés sur le Dow Jones à l’achat gagnent déjà plus de 24% avant les fêtes. Est-ce les prémisses d’un retournement majeur sous raison que nous arrivons en fin de cycle ? Pas pour le moment. Le calme avant la tempête ? Il faudra surveiller la volatilité mais l’accalmie peut très bien durer. En effet, trop peu l’envisagent, mais d’autres possibilités qu’un changement de paradigme sont envisageables. L’euphorie en fait également partie. 

 

Des marchés à sens unique

En bourse, statistiquement, les records historiques appellent à de nouveaux records. L’inscription de nouveaux plus hauts annuels ou historiques sur un indice boursier induit que le marché est haussier et que sa probabilité de hausse est bien supérieure à celle d’une correction, encore plus à celle d’un violent retournement ou krach boursier. Or, le Dow Jones Industrial vient d’enchainer 60 records historiques en un an à la date du 21 novembre. Les records de records historiques inscrits en une année depuis la fin du 19ème siècle ont été de 69 records en 1995, 62 en 1964 et 65 en 1925… autant dire que nous sommes ici dans l’infinitésimal.

Mieux encore, le Dow Jones vient de passer 95% du temps cette année inscrit dans des mouvements de moins de 1%, dont les 67 dernières séances, soit la période la plus calme de toute son histoire. Conséquence directe, l’indice de volatilité basé sur les actions du S&P500, le VIX, communément surnommé « l’indice de la peur », vient d’inscrire pour la première fois de son histoire une clôture trimestrielle sous les 10 points, la complaisance est à son comble.

Les indices boursiers semblent administrés par les afflux de liquidités des banques centrales et sont devenus totalement imperméables aux aléas géopolitiques. Ni la Corée du Nord, la Catalogne, le Brexit ou les déboires d’Angela Merkel à mettre en place une coalition ne déstabilisent le rouleau compresseur haussier. Tant que la volatilité restera faible et qu’aucun grain de sable ne viendra enrayer la machine à records, l’optimisme perdurera et verrons-nous peut être enfin l’euphorie. Si tel ne devait pas être le cas, nous serions rapidement au courant. Une très forte hausse de la volatilité conjuguée à des cassures de supports majeurs sur les principaux indices serait un signal fort et visible graphiquement.

 

Quid du rallye de Noël ?

Le mois de décembre termine en hausse dans 70% des cas aux USA et 64% en Europe et la performance haussière du mois de décembre dépasse les 3% sur le Dow Jones sur 100 ans et un peu plus de 1% sur le CAC40 sur 20 ans. C’est ce que l’on peut appeler « l’effet décembre », qui ressort comme un des meilleurs mois de l’année en termes de performance boursière moyenne.

Concernant le rallye de Noël, il fait référence à une étude probabiliste des années 70. Le « rallye de Noël » a été inventé en 1972 par Yale Hirsh dans l’Almanach du Trader dans lequel il explique que sur les 45 dernières années, 34 ont eu un retour positif sur les 5 dernières séances de l’année et les 2 premières de l’année suivante avec une performance moyenne de 1.4% sur la période. A la même époque, d’autres études ont démontré que le Dow Jones gagnait en moyenne 1.7% depuis 1896 et qu’il montait 77% du temps sur ces 7 séances. Autrement dit, ces séances charnières entre deux années sont souvent haussières, permettant aux indices de finir l’année en beauté, dans une volatilité et des volumes quasi inexistants.

En 2014 et 2015, deux spécialistes, Vincent Ganne et Biotech Bourse ont disséqué les performances de l’indice français sur le mois de décembre. Ils conclurent tous deux qu’une hausse lors de la première quinzaine est statistiquement suivie par une baisse en fin d’année mais qu’une première quinzaine baissière, ce qui arrivait dans la plupart des cas, était au contraire suivie par une reprise.

En moyenne, entre 1994 et 2014 pour être précis, les performances du CAC40 par semaine ont été de -0.35%; -0,76%; +1,78% et +0,24%. Prendre du recul pour mieux sauter sera une option à ne pas écarter. Auquel cas, effet décembre, rallye de noël et statistiques se conjugueront pour opérer une fin d’année aux couleurs des mois passés, le vert vif.

Pour finir avec les risques, nous suivrons de près dans les semaines à venir les négociations des pays producteurs de pétrole, les mesures fiscales de Donald Trump, la négociation du Brexit et les tergiversations des banquiers centraux les 13 et 14 décembre, avant les fêtes. Chacun de ces dossiers peut faire vaciller les indices, certes, mais n’écartons pas que des issues favorables puissent être trouvées.

 

Suivez-nous sur Twitter : @BinckFR et @NCheron_bourse

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