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Marchés financiers : comme un parfum de 2008 ?

Par Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés pour Binck.fr

Depuis plusieurs semaines les indices américains sont entrés dans une phase de correction légitime, alors qu’ils ne connaissaient qu’une seule direction depuis l’élection de Donald Trump : la hausse. L’imprévisibilité de ce dernier dans sa conduite des affaires économiques et internationales, couplée à un décrochage des valeurs technologiques qui faisaient jusqu’ici office de locomotives, a jeté un froid sur les investisseurs en manque d’idées et sans réelles convictions à court terme. Un changement de psychologie semble à la manœuvre, les opérateurs ne mettant plus les replis à profit et vendant même les résistances. Progressivement, nombreuses sont les actions dont la tendance de moyen terme s’est détériorée, notamment en Europe. Quant aux groupes qui revoient à la baisse leurs prévisions, ils sont plus durement sanctionnés que d’habitude, à l’image de Sodexo encore cette semaine (-20% en 2 séances).

Fondamentalement, nombreux investisseurs citeront les forces de rappel qui devraient pourtant soutenir une hausse. La baisse récente des cours conjuguée à une révision historique à la hausse des bénéfices a fait chuter les ratios de valorisation. Le S&P 500 ne se paie plus que 16 fois ses bénéfices à venir contre près de 20 fois en début d’année. Quoi qu’elles envisagent en 2019, les banques centrales du Japon, de la Chine et de l’Europe continuent d’abreuver les marchés à court terme. De leur côté, les entreprises américaines n’ont jamais racheté autant de leurs propres actions de toute l’histoire et elles verseront des dividendes estimés à plus de 400 milliards de dollars ce trimestre, de quoi ravir leurs fidèles investisseurs. Malgré tout, la douce euphorie en place jusqu’à fin janvier, caractéristique en théorie de la fin d’un cycle haussier, s’est dissipée au profit de doutes.

Tout comme en 2008, les voyants des fondamentaux économiques sont actuellement dans le vert, les statistiques au beau fixe et les perspectives reluisantes mais l’on sent qu’un élément exogène pourrait faire basculer la situation à tout moment. Comme en 2008,
• les résultats des entreprises battent des records historiques,
• le sentiment des consommateurs US retrouve ses plus hauts,
• les PMI européens et américains évoluent en hausse constante,
• le chômage américain retrouve les 4%,
• la croissance mondiale nous berce, même s’il nous en coûte toujours plus de dette, mais les indices plafonnent.

Comme en 2001 et 2008, avant que les indices n’entrent dans un marché baissier, le CAC40 surperforme son homologue américain, le Dow Jones. Plus le temps passe et plus des similitudes apparaissent, jusqu’à la formation d’une figure chartiste du même ordre.

Ci-dessous, en données hebdomadaires, nous pouvons constater la formation d’une potentielle ETE pour « Epaule Tête Epaule », la même structure baissière qui renversa le CAC40 en 2008. Premièrement, les cours réalisent des plus hauts de moins en moins hauts, une tête se forme avec ici la caractérise d’un double top très propre. La clé réside maintenant dans le mouvement qu’exécutera l’indice dans les semaines à venir.

 

Graphique hebdomadaire de l’indice CAC40 depuis novembre 2016

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Graphique du CAC40
Source : ProRealTtime au 03/04/18

Depuis près d’un an, la tendance du CAC40 est neutre entre 5000 et 5550 points. En cas de cassure des 5000 points, les velléités baissières enfonceraient le clou et les 4800 points seraient potentiellement à la clé mais force est de constater que ce support est particulièrement défendu à l’heure actuelle. A la hausse, un rebond « technique » en direction de la moyenne mobile à 20 semaines à 5300 points, voire un retour à 5400/5440 points (zone de prix de la première épaule) est envisageable. Le scénario d’une ETE prendrait alors tout son sens si un échec y prenait forme. Un débordement des 5440 points cependant, laisserait entendre que les plus hauts annuels pourraient de nouveau être revus voire dépassés. Notons qu’une oblique passe très précisément par les récents records et qu’elle siège désormais à 5600 points.

En conclusion, les performances passées ne présagent pas des performances futures. 2017 fût un long fleuve tranquille, la donne change. Peut-être sommes-nous à l’aube d’un changement de rythme des marchés, d’une période beaucoup plus neutre et erratique, voire baissière. Aucune alerte de long terme n’a encore été donnée mais un investisseur avertit en vaut deux. Des structures potentielles de top de marché apparaissent, une bonne raison de rester sur le qui-vive. Envisager le pire peut parfois permettre de mieux s’y faire, voire d’en profiter, sait-on jamais !

Suivez-nous sur Twitter : @BinckFR et @NCheron_bourse

1 réponse
  1. Robert LECAT
    Robert LECAT dit :

    Mieux vaut être averti qu’avertit, non ?

    Ceci dit comment faire mentir l’adage qui veut qu’un économiste est toujours capable de vous expliquer demain quelle ,excuse il a de vous avoir affirmé aujourd’hui sur la base d’une longue expérience d’hier ce qui n’est pas advenu ?

    Bonne suite d’été

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